Dictionnaire amoureux des fourmis  -  Nouveautés mars 2021

Alain Lenoir Mis à jour 07-Avr-2021     

A noter qu'il y a sur la page d'accueil du Dictionnaire un moteur de recherche. Vous pourrez vous amuser.. Au 7 avril 2021 Luc Passera bat le record des citations (548).

La fourmi du 1er avril par Apolline Capelle :

et celle de Nuria Cerda :

Plantu a pris sa retraite du Monde le 1er avril (c'est vrai). Un de ses dessins :

Livres : L’histoire du lion qui voulait être président (2020) - Faunes de fourmis - L'organisation sociale des fourmis (Luc Passera, 1984) - Les émotions cachées des plantesUne histoire bien secouée -

Divers sur la fourmi : Un transporteur catalan - La montagne des Fourmis Géantes dans les Vosges (88)Le caviar blanc de Thaïlande - Les fourmis mentales - Dessins de fourmisMontre Twenty 4 -

Fourmis : Les tournois d'Harpegnathos saltator  - Un champignon parasiteLa distanciation sociale - Vidéo Camponotus vagus (G. Renaud)Vidéo d'oecophylles (G. Renaud) - Myrmecoxenus ravouxi - Ectatomma -

Publications : La résistance aux antibiotiques Les nanoplastiques Le régime alimentaire du frelon asiatiqueLes hydrocarbures du nid du frelon asiatique - Des reines microgynes chez Temnothorax - L'âge ne fait pas la fourmi - L'effet "cher ennemi" chez les fourmis Azteca - Une nouvelle fourmi invasive Plagiolepis invadensDes fourmis Cataglyphis blessées - La prédation par les fourmis TemnothoraxVidéos sur les abeilles dans la rucheLe cerveau des fourmisLe coût des espèces invasives -

Personnes : Luc Passera, myrmécologue toulousain (Info-OPIE-Midi-Pyrénées-n39-2014-15) - Nathalie Stroeymeyt - Caroline Birer et Interview - Johanna Clémencet - Ronara Ferreira - Nicolas Châline - Olivier Delattre - Thèse Christophe Lucas - Thèse Axel Touchard - Mathieu Molet - Julien Serres avec Interview - Julien Foucaud - Matilde Sauvaget - Renée Fénéron - Luc Passera aux P'Tits bateaux de France Inter - Marie-Claire Cammerts -

Le blob à la conquête de l'espace (Audrey Dussutour n'y va pas...)

Une image de La science en image de mars 2021 sur les perturbateurs endocriniens :


Luc Passera invité à l'émission les P'Tits bateaux de France Inter dimanche 4 avril 2021. Il répondait à la question "Comment se passe la journée d’une fourmi ? (Juliette) " Pour réécouter
Fait référence au livre pour enfants "Le monde fascinant des fourmis"   
Une histoire bien secouée de Corinne Dreyfuss - 2021 - Thierry Magnier - 9791035204273 - 22 p.

"Avec Une histoire bien secouée, Corinne Dreyfuss propose une nouvelle expérience de lecture conçue autour d’un principe narratif, graphique et/ou sonore. Elle met en place un dispositif qu’elle exploite sans trop l’étirer, et la brièveté de l’album permet de profiter pleinement de l’aspect ludique et particulièrement efficace de l’idée à l’origine de ce livre sans jamais se lasser.
Mettant en scène une invasion de fourmis, elle s’adresse directement au lecteur pour l’inviter à manipuler le livre et se débarrasser des petites bestioles qui grimpent partout, toujours plus nombreuses. Elle engage ainsi une forme de complicité, car l’histoire du livre (la vraie, celle de l’expulsion des fourmis) ne saurait prendre sans réelle participation du lecteur. De fait, on se prête facilement au jeu, et avec plaisir. Le divertissement fonctionne encore mieux à deux et engendre une autre forme de lecture : le livre devient un terrain de jeu ouvert à l’exploration où l’on réagit physiquement aux images qui apparaissent, avec autant d’intensité que l’on souhaite se prendre à cette farce. D’autant que chaque action réalisée trouve des échos ou des conséquences graphiques sur les pages suivantes, augurant de séduisantes compositions décomposées faites de mots éparpillés ou surimprimés.
Une histoire bien secouée est un livre ludique aussi simple qu’exaltant, une expérience de lecture des plus divertissantes."


Un cadeau si vous avez des sous : Montre Twenty 4, en or rose et diamants, de Philippe Patek (Le Magazine du Monde, n°496, 20 mars 2021). Voir Bijoux


Deux faunes redécouvertes de Edouard Della Santa : Fourmis de Provence avec de nombreux dessins

Guide pour l'identification des principales espèces de fourmis de Suisse (CSCF Neuchâtel 1994). "Ce guide est consacré à la faune myrmécologique de Suisse. Les espèces les plus importantes, une soixantaine, sont décrites et illustrées par les dessins originaux de l'auteur. Les clés de détermination et les traits caractéristiques des espèces sont en français et allemand. Une liste des espèces en danger et un lexique trilingue complètent cette publication."


Un champignon parasite de Camponotus vittatus à Gurupi (Brésil) par Ismael Pinto (étudiant de Danival Souza) en mars 2021 - Voir Champignons parasites


THAÏLANDE - CHRONIQUE : « Le caviar blanc de Thaïlande »  de Gavroche Thaïlande (12 mars 2021) (Lien). : "Cette chronique culinaire de Michel Hermann fera saliver de plaisir les gourmets. Les œufs de fourmis rouges, plat rare et raffiné, se dégustent en saison sèche d’hiver surtout dans le Nord et le Nord-Est (Isan), en omelette ou en salade épicée (Yam : piments rouges et verts, échalotes, menthe, ail, sauce de poisson et citron vert). Les fourmis bâtissent leurs nids dans des arbres en assemblant de larges feuilles. Pour recueillir les œufs, on doit détacher le nid de l’arbre avec un bâton, puis le faire tomber dans un récipient rempli d’eau ou de farine, selon les méthodes. Il faut ensuite décoller les œufs des fourmis avec les mains, soit en faisant tourbillonner l’eau, soit en passant le mélange eau/farine au tamis. Bonne lecture et Bon appétit !!! "

Avec un diaporama. Les fourmis sont des oecophylles. Ce que l'on mange ce ne sont pas les oeufs mais les larves et nymphes. Voir Fourmis comestibles

En plus un poème déjà publié en 2020 : Le caviar blanc de Thaïlande


Un sujet à la mode : la distanciation sociale avec une belle revue dans Science du 5 mars 2021 (Stockmaier et al 2021, voir Dupont-Besnard 2021). Voir Immunité

Selon Dupont-Besnard : "« La distanciation sociale est une conséquence naturelle de la maladie chez les animaux, qu’ils soient humains ou non », confirme une vaste étude parue le 5 mars 2021 dans Science, pour laquelle se sont associés des épidémiologistes et des biologistes spécialisés dans l’évolution. Comprendre ces réactions naturelles et leur impact sur la transmission des agents pathogènes « fournis un aperçu épidémiologique de nos propres réponses aux défis de la pandémie ». On trouve une mécanique d’auto-isolement volontaire chez plusieurs espèces. Il y a d’abord l’auto-isolement dit passif, une « composante du comportement face à la maladie, qui se produit lorsqu’un individu malade réduit directement ou indirectement ses contacts avec les autres tout en restant au sein du groupe ». Chez des abeilles infectées par un virus, cela peut se traduire par l’arrêt du partage de la nourriture ; chez les chauves-souris, il s’agit d’un coup d’arrêt au toilettage mutuel. Ensuite, il y a l’auto-isolement dit actif : « Les animaux humains et non humains potentiellement infectieux s’éloignent parfois activement des autres, empêchant ainsi les individus susceptibles [à l’infection] d’interagir avec eux ». Certaines fourmis infectées par un pathogène vont passer la majeure partie de leur temps à l’extérieur, en dehors de la fourmilière, ce qui limite les risques de diffuser l’infection dans le nid. Il existe au sein de quelques espèces d’insectes un isolement forcé, voire agressif, notamment chez certaines abeilles où l’individu infecté est trainé de force en dehors de la ruche pour être exclu. Ce n’est pas systématique, et de tels comportements n’ont pas été observés chez des mammifères. Quid des soins prodigués aux individus malades ? L’humanité n’est pas la seule espèce à prendre soin des autres. Cette réaction sanitaire se retrouve tout particulièrement chez les insectes eusociaux — fourmis, termites. Des individus « soignants » éliminent physiquement ou désactivent chimiquement les spores fongiques infectieuses chez leurs compagnons contaminés, « ce qui diminue le risque d’infection pour ces derniers mais augmente également leur propre risque d’infection ». D’ailleurs, on retrouve chez les fourmis noires des jardins une organisation aussi complexe que fascinante pour isoler les individus contaminés, les soigner, tout en prenant en compte les risques d’infection chez les fourmis soignantes. Les fourmis se subdivisent en groupes distincts afin d’éviter la transmission du pathogène d’un groupe à l’autre. Les fourmis infectées sont isolées dans un cocon bien à part. Puis les soignantes viennent les aider. Mais les fourmis infectées et soignantes n’ont aucun contact avec les fourmis butineuses (les ouvrières essentielles à la survie de la fourmilière). « Cette réaction précoce à l’échelle de la colonie réduit probablement le risque d’épidémie en limitant la transmission accidentelle par des porteurs asymptomatiques. »"

      

Voir aussi interview de Nathalie Stroeymeyt à la BBC (infos.israel.news 2021)
"Il s’avère que les humains ne sont pas les seuls à se distancer socialement en cas de pandémie, tout comme les fourmis, selon un chercheur de l’Université de Bristol dans une émission spéciale télévisée BBC Two. La scientifique Nathalie Stroeymeyt a découvert que les fourmis utilisent la distanciation sociale pour réduire la menace de propagation de maladies dans leurs colonies. Stroeymeyt a utilisé la technologie informatique pour suivre les mouvements des fourmis dans une colonie dans laquelle certains membres étaient infectés par une maladie fongique. Il a découvert que les fourmis malades réduisaient le temps qu’elles passaient à l’intérieur du nid pour éviter l’infection. Les fourmis malades se sont également socialement distancées des fourmis saines pour ralentir la propagation. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Science. Les travaux du programme de recherche seront diffusés sur BBC Chris Packham Animal Einsteins, disponible sur iPlayer BBC. « Les fourmis ont développé des réponses extrêmement rapides et efficaces aux agents pathogènes infectieux, réduisant considérablement le risque de propagation de l’épidémie au sein de leurs colonies », a déclaré Stroeymeyt lors de son interview dans l’émission. «En réorganisant leur réseau social dans les heures suivant le premier contact avec l’agent pathogène, ils minimisent le risque que quelqu’un devienne gravement malade à cause de la maladie et minimisent les voies de transmission à la reine et aux jeunes ouvrières, qui sont les plus importantes à long terme. », a-t-il déclaré. En résumé, les fourmis sont parfois plus intelligentes que les humains qui ne comprennent pas après un an de pandémie, ce que veut dire la « distanciation sociale »… " Ecouter https://www.bbc.co.uk/sounds/play/m000pffm du 17 nov 2020.

- Dupont-Besnard, M. (2021) La distanciation physique, l’isolement et le soin existent aussi chez les animaux. numerama.com 9 mars 2021. (Lien)
- Stockmaier, S., N. Stroeymeyt, E. C. Shattuck, D. M. Hawley, L. A. Meyers and D. I. Bolnick (2021). Infectious diseases and social distancing in nature. Science 371(6533): eabc8881. doi: 10.1126/science.abc8881. Pdf
    
- infos-israel.news (2021) Étude scientifique : les fourmis sont socialement distantes lors des pandémies. (Lien)   


Dans le Bulletin Intérieur de la Section Française UIEIS, n°17 (avril 1999, par Christine Errard), une légende de 1871 : Les fourmis mentales (voir Légendes)

Et de jolis dessins de fourmis


Des fourmis géantes à La montagne des Fourmis Géantes à Bruyères dans les Vosges (88). C'est un circuit de randonnée d'environ 5km avec des sculptures de fourmis dans les arbres (2021). Voir Lieux-dits et Sculptures


Publications

- La résistance aux antibiotiques : avec des niveaux de contamination très bas la résistance aux antibiotiques peut malgré tout s'accroître avec toutes les conséquences sur la santé humaine. Un revue de 40 publications entre 1999 et 2018 en Europe, Asie et Amérique du Nord a permis de détecter 39 antibiotiques différents dans l'eau et les sédiments. La demi-vie des antibiotiques dans l'environnement est en moyenne de 2 à 110 jours. Il est urgent d'arrêter l'utilisation des antibiotiques en agriculture. Voir Plus
- Science for Environment Policy (2021) Antibiotics: even low levels found in the environment might drive resistance. 557 3 march. Pdf
- Chow, L. K. M., T. M. Ghaly and M. R. Gillings (2021). A survey of sub-inhibitory concentrations of antibiotics in the environment. Journal of Environmental Sciences 99: 21-27. doi: https://doi.org/10.1016/j.jes.2020.05.030.

- Les nanoplastiques de polystyrène (moins de 100 nanomètres) sont de plus en plus fréquents dans les eaux usées, jusqu'à 1189 microgrammes / litre). Cela diminue significativement la dépollution aux nitrates par des plantes. Voir Plastiques
- Science for Environment Policy (2021). Nanoplastics may reduce efficacyof constructed wetlands for water treatment. DG Environment n°557 Pdf
- Yang, X., Q. He, F. Guo, X. Sun, J. Zhang, M. Chen, J. Vymazal and Y. Chen (2020). Nanoplastics Disturb Nitrogen Removal in Constructed Wetlands: Responses of Microbes and Macrophytes. Environmental Science & Technology 54(21): 14007-14016. doi: 10.1021/acs.est.0c03324.

- Le régime alimentaire du frelon asiatique a été étudié dans le sud-ouest. Les boulettes de proies ont été analysées à l'aide de barcodes. Le frelon se révèle être un prédateur généraliste chassant bien sûr les abeilles (38%), des mouches (30%), des guêpes sociales (20%) et au total 159 espèces identifiées. Cela représente 11,3 kg de biomasse d'insectes en une saison. Donc attention à l'utlisation de pièges non sélectifs qui ont un impact important sur l'entomofaune sauvage (Rome et al 2021). Voir Frelon asiatique
- Rome, Q., A. Perrard, F. Muller, C. Fontaine, A. Quilès, D. Zuccon and C. Villemant (2021). Not just honeybees: predatory habits of Vespa velutina (Hymenoptera: Vespidae) in France. Ann. Soc. Entomol. France (N.S.): 1-11. doi: 10.1080/00379271.2020.1867005.

- Les hydrocarbures du nid du frelon asiatique. Les hydrocarbures se retrouvent dans les matériaux du nid et sont marqueurs de l'identité coloniale. Voir Hydrocarbures
- Haouzi, M., J. Gévar, A. Kahlil and E. Darrouzet (2021). Nest structures display specific hydrocarbon profiles: insights into the chemical ecology of the invasive yellow-legged hornet Vespa velutina nigrithorax. Chemoecology. doi: 10.1007/s00049-021-00343-7.

- Des reines microgynes chez Temnothorax rugatulus. Elles ne sont pas parasites mais simplement reproductrices. On avait déjà observé des microgynes chez Manica rubida, mais sans pouvoir conclure sur leur statut.
- Choppin, M., S. Graf, B. Feldmeyer, R. Libbrecht, F. Menzel and S. Foitzik (2021). Queen and worker phenotypic traits are associated with colony composition and environment in Temnothorax rugatulus (Hymenoptera: Formicidae), an ant with alternative reproductive strategies. Myrmecological News 31: 61-69. doi: 10.25849/myrmecol.news_031:061.
- Lenoir, A., S. Devers, P. Marchand, C. Bressac and R. Savolainen (2010). Microgynous queens in the Paleartic ant, Manica rubida: Dispersal morphs or social parasites? Journal of Insect Science 10: 17.  Pdf

- L’âge ne fait pas la fourmi, letemps.ch du 16 mars 2021. Sur Camponotus fellah
"Contrairement aux idées reçues, l’âge d’une fourmi ne définit pas son passage d’un rôle à l’autre dans la colonie. Le processus serait aléatoire, selon une étude d’un groupe de biologistes de l’Université de Lausanne. Le succès écologique des insectes sociaux, comme les fourmis, est lié à la division très particulière du labeur au sein des colonies. Jusqu’à maintenant, les scientifiques pensaient que l’âge d’une fourmi définissait ses transitions d’un travail à l’autre. Laurent Keller, professeur au Département d’écologie et évolution de l’Université de Lausanne, et son équipe ont découvert que ce processus était en réalité aléatoire. Dans une colonie, les fourmis les plus jeunes – appelées nourrices – restent dans la fourmilière et veillent sur la reine et les larves. Les plus âgées, dites fourragères, s’occupent de la recherche de nourriture à l’extérieur. Entre deux, il y a une phase de transition, où les ouvrières oscillent entre nourrices et fourragères. C’est cette période de la vie des fourmis qui a intéressé l’équipe de biologistes lausannois.
" Voir Division du travail.

Article original :
- Richardson, T. O., T. Kay, R. Braunschweig, O. A. Journeau, M. Rüegg, S. McGregor, P. D. Los Rios and L. Keller (2021). Ant behavioral maturation is mediated by a stochastic transition between two fundamental states. Current Biology. https://doi.org/10.1016/j.cub.2020.05.038.



L'effet "cher ennemi" démontré chez les fourmis arboricoles Azteca au Brésil (Viçosa). Entre colonies voisines on peut avoir les effets inverses comme "cher ennemi" ("DE dear enneny") où l'on est moins agressif envers les voisins connus, ou au contraire "méchant ennemi" (NN nasty-neighbor effect) où l'on est plus agressif envers les voisins. Chez les Azteca, le profil global des hydrocarbures cuticulaires n'est pas lié à l'agression, mais ce sont les alkanes méthylés qui sont responsables de la reconnaissance. Voir Reconnaissance coloniale
- Camarota, F., R. Campos and D. Vidal (2021). The dear enemy effect drives conspecific aggressiveness in an Azteca/Cecropia system. Scientific Reports. doi: 10.1038/s41598-021-85070-3.

Une nouvelle fourmi invasive selon Seifert : Plagiolepis invadens dans le groupe P. schmitzii. Une super-colonie dans un jardin en Allemagne et qui envahit la maison en 2016. On se demande où l'on va, il y a de plus en plus d'espèces invasives... Voir Fourmis invasives
- Seifert, B. (2020). Revision of the Plagiolepis schmitzii group with description of Pl. invadens sp. nov. - new invasive supercolonial species (Hymenoptera: Formicidae). Dtsch. Entomol. Z. 67: 183-196.

Des fourmis blessées observées sur le terrain. Chez Cataglyphis niger en Israël, les fourmis blessées sont fréquentes, on en observe 9%. Les auteurs ont testé 3 goupes : ablation d'une ou deux pattes, d'une antenne et témoins. Leur survie est plus faible mais elles sont aussi efficaces dans la récolte de nourriture à la fois dans une arène et dans un labyrinthe. Pas de problèmes d'éthique avec une revue anglaise ?? Les auteurs ne signalent pas de comportement de secours comme cela a pu être observé sur des fourmis enterrées par Elise Nowbahari ou sur les Megaponera analis (fourmi matabele) par Erik Frank.
- Gilad, T., A. Dorfman, A. Subach and I. Scharf (2021). Leg or antenna injury in Cataglyphis ants impairs survival but does not hinder searching for food. Current Zoology. doi: 10.1093/cz/zoab027.

Vidéos sur les abeilles dans la ruche
Article très intéressant avec de belles vidéos et des découvertes originales.
Flicage en douceur selon Alain Fraval : "Elles se croyaient, les ouvrières, hors de portée des caméras de surveillance, vaquant à leurs plus intimes et secrètes occupations, dans le noir absolu. C'était sans compter sur la curiosité – la soif de découvertes – des apidologues. Paul Siefert, Nastasya Buling et Bernd Grünewald, de l'université Goethe (Allemagne), ont construit un système d'observation et d'enregistrement vidéo brisant tout mystère. En découpant un nid d'Abeille mellifère en tranches et en les plaquant contre une vitre, en éclairant en lumière rouge, ils sont parvenus à voir exactement et précisément ce à quoi les ouvrières passent leur temps. Sans provoquer la moindre récrimination ni perturber leur comportement.
Éclosion, pouponnage, construction et réparation des cellules, toilettage, nettoyage des surfaces et… cannibalisme, soit la dévoration des larves mal venues ou malades. Même la reine s'est laissée filmer en train de pondre.
Ont été découverts par cette manip la trophallaxie ouvrière-larve (bouche à bouche entre la nourricière et la nourrie) et la préparation du meilleur confort thermique pour les embryons en développement, qui avaient échappé jusque-là aux apidologues.
" (Epingle 1302, 2021)
.

- Siefert, P., N. Buling and B. Grünewald (2021). Honey bee behaviours within the hive: Insights from long-term video analysis. PLOS ONE 16(3): e0247323. doi: 10.1371/journal.pone.0247323.


Les tournois d'Harpegnathos saltator. Après la mort de la reine, un tournoi permet la mise en place d'une nouvelle reine (Opachaloemphan et al 2021, voir de Vevey 2021)

- de Vevey, M. (2021) Ces fourmis organisent des tournois pour déterminer leurs nouvelles reines. sciencesetavenir.fr 24 février 2021. Lien
- Opachaloemphan, C., G. Mancini, N. Konstantinides, A. Parikh, J. Mlejnek, H. Yan, D. Reinberg and C. Desplan (2021). Early behavioral and molecular events leading to caste switching in the ant Harpegnathos. Genes & Development. doi: http://www.genesdev.org/cgi/doi/10.1101/gad.343699.120.


La glue qui colle les drosophiles au moment de la nymphose permet de ralentir la prédation par les fourmis. Cela a été vérifié sur le terrain et en labo par Mathieu Molet avec Temnothorax nylanderi (Borne et al 2021, voir INSB 2021).
- INSB (2021) Pour résister aux prédateurs, mieux vaut être bien collé ! insb.cnrs.fr 18 mars 2021. (Lien)
- Borne, F., S. R. Prigent, M. Molet and V. Courtier-Orgogozo (2021). Drosophila glue protects from predation. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 288(1947): 20210088. doi: doi:10.1098/rspb.2021.0088.


Le cerveau des fourmis
Selon Godfrey (et al 2021) sur 32 espèces d'hyménoptères l'halicte Augochlorella (Hym. Halictidé) possède 2 millions de neurones par mg de matière cérébrale ; c'est 4 fois plus que les oiseaux les mieux dotés, comme le roitelet huppé. La fourmi Novomessor cockerelli (Hym. Myrmiciné) en a 5 fois moins (Alain Fraval Epingle 1303). Voir Cerveau des fourmis
- Godfrey, R. K., M. Swartzlander and W. Gronenberg (2021). Allometric analysis of brain cell number in Hymenoptera suggests ant brains diverge from general trends. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 288(1947): 20210199. doi: doi:10.1098/rspb.2021.0199.

Le coût des espèces invasives
Gros travail sur le coût des invasions biologiques animé par Franck Courchamp publié dans Nature (Diagne et al 2021) sur la littérature en anglais et Science of the Total Environment sur la littérature dans des langues autres que l'anglais par Elena Angulo (Angulo et al 2021). Voir Fourmis invasives.
Sur le premier article, selon Pham (2021) : "Une étude chiffre les dégâts causés par les espèces envahissantes à près de 1300 milliards de dollars pour ces 40 dernières années. Introduites volontairement ou non par l’homme dans un nouveau milieu, les espèces envahissantes sont des espèces exotiques qui deviennent nuisibles dans leur nouvel habitat, explique au HuffPost Franck Courchamp, co-auteur de l’étude et directeur de recherche au CNRS.
Et de plus en plus d’invasions d’espèces surviennent, déclare le chercheur. En cause d’abord, la croissance des échanges de marchandises qui accompagnent l’accélération de la mondialisation. “Une espèce invasive de fourmis peut voyager avec des plantes ornementales, des larves de poissons peuvent être introduites dans les eaux de ballast des navires”, avance Franck Courchamp. Le réchauffement climatique joue également un rôle, en facilitant la survie d’espèces importées de régions plus chaudes du globe." "Aux Etats-Unis, rien que les attaques des fourmis de feu entraînent une centaine de milliers d’hospitalisations et 100 décès par an, pour un coût annuel de 6 milliards de dollars."  Voir aussi Thiberge dans Le Monde du 31 mars 2021 : "les chercheurs ont épluché plus de 850 articles scientifiques... près de 1 300 milliards de dollars (1 108 milliards d’euros) auraient été perdus en l’espace de quarante ans... Mais ce chiffre pourrait n’être que la partie immergée de l’iceberg. « Ce coût global est très largement sous-estimé, explique Franck Courchamp. Plus de 90 % des espèces envahissantes ne sont pas encore évaluées. »"

En ce qui concerne la littérature dans 15 langues autres que l'anglais, c'est très impressionnant, il y encore plus de données (2550 vs 2306 pour les coûts), cela ajoute 249 espèces invasives et 15 pays non encore répertoriés, cela accroit le coût de 16,6%. La langue la plus utilisée est l'espagnol, le français ensuite, l'arabe pas du tout ! Il apparait que la littérature en anglais introduit des biais dans tous les domaines, par exemple le coût en Europe est très sous-évalué.

Toutes les langues :

Avec une petite vidéo sur Youtube :

- Angulo, E., C. Diagne, L. Ballesteros-Mejia, T. Adamjy, D. A. Ahmed, E. Akulov, A. K. Banerjee, C. Capinha, C. A. K. M. Dia, G. Dobigny, V. G. Duboscq-Carra, M. Golivets, P. J. Haubrock, G. Heringer, N. Kirichenko, M. Kourantidou, C. Liu, M. A. Nuñez, D. Renault, D. Roiz, A. Taheri, L. N. H. Verbrugge, Y. Watari, W. Xiong and F. Courchamp (2021). Non-English languages enrich scientific knowledge: The example of economic costs of biological invasions. Science of The Total Environment: 144441. doi: https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.144441. Pdf
- Diagne, C., B. Leroy, A.-C. Vaissière, R. E. Gozlan, D. Roiz, I. Jaric, J.-M. Salles, C. J. A. Bradshaw and F. Courchamp (2021). High and rising economic costs of biological invasions worldwide. Nature. doi: 10.1038/s41586-021-03405-6.
- Pham, Q. (2021) Les espèces invasives, fléau méconnu qui coûte des milliards. huffingtonpost.fr 31 mars 2021.

- Thiberge, C. (2021) Les invasions biologiques coûtent cher à l’humanité. lemonde.fr 31 mars 2021.