Alain Lenoir mis à jour le 10-Déc-2024
Temnothorax nylanderi : fourmi des glands. Voir aussi autres Temnothorax comme T. rugatulus
Les fourmis des glands selon le livre Mille milliards de fourmis :
Cette fourmi a beaucoup été étudiée par Luc Plateaux (Voir sa thèse d'état 1968, à l'époque cette fourmi était rattachée au genre Leptothorax).
Voir La grande parade des insectes, fourmis avec une séquence sur les fourmis des glands (2024).
C'est Luc Plateaux qui en 1972 a observé que les T. nylanderi peuvent être l'hôte intermédiare d'un ténia (un ver cestode) qui se développe dans cet hôte avant de passer chez l'hôte définitif, un pic où il vit dans le tube digestif (voir Fourmis ténia). Voir aussi L'effet de groupe sur la reproduction des ouvrières d'une fourmi. Activité pédagogique réalisée sur Leptothorax (maintenant Temnothorax) nylanderi avec Luc Plateaux. Très bel article sur l'élevage de cette fourmi (1971). Pdf
Un joli travail des collègues
de Paris 6 sur la génétique des populations de cette petite fourmi
qui vit dans les
brindilles en forêt (Bretagne, Villefranche 66, Lyon et près de
Paris) et aussi en ville (Paris, Lyon et Bordeaux) (Khimoun et al 2020, voir
Isabelle 2020)
La vie urbaine peut avoir un impact sur l'évolution des populations.
Ces populations, si elles sont isolées des populations non urbaines,
peuvent se différencier génétiquement par des processus
neutres (dérive génétique) ou par des processus d'adaptation
(sélection naturelle). Dans le cas de la petite fourmi des glands Temnothorax
nylanderi, les
populations urbaines ne sont étonnamment pas différenciées
génétiquement des populations forestières, suggérant
une expansion et une absence d'isolation. Cependant, certains gènes présentent
des traces de sélection témoignant d'une adaptation au milieu
urbain. Malgré la grande similitude entre populations, l'étude
a détecté 19 gènes différenciés entre forêts
et villes, qui sont associés à des composants cellulaires, des
fonctions moléculaires et des processus biologiques centraux. Deux d'entre
eux sont liés à des traits sociaux. Il semblerait donc que l'adaptation
à l'urbanisation et aux changements environnementaux puisse passer par
l'évolution de nouvelles propriétés de la vie en groupe.
L'étude de l'expression de ces gènes permettra d'en déterminer
la fonction sociale exacte.
La glue qui colle les drosophiles au moment de la nymphose permet de ralentir la prédation par les fourmis Temnothorax nylanderi. Cela a été vérifié sur le terrain et en labo par Mathieu Molet avec (Borne et al 2021, voir INSB 2021).
Une thèse récente portant en partie sur cette espèce : Romain Honorio à Paris "La diversité de taille des ouvrières au sein des colonies de fourmis : intérêts du groupe ou des individus ? " (2020). Voir par exemple l'élevage des Temnothorax nylanderi. En utilisant des colonies provenant de villes et de forêts, de manière surprenante, on n’a pas montré de réponses différentielles au cadmium entre ces deux populations concernant les ouvrières (Honorio 2020 et Honorio et al 2021).
Lauren Jacquier a soutenu sa thèse en 2021 sur la pollution de cette fourmi par le cadmium : «Réponse à l’urbanisation d’un insecte eusocial : interconnexion des réponses génétiques, plastiques et rôle de l’environnement social »
Temnothorax nylanderi est souvent parasité par un ténia
Les effets de l'isolement social chez Temnothorax nylanderi. Après un isolement social les ouvrières interagissent moins avec d'autres, s'occupent plus du couvain, et s'auto-toilettent moins. L'analyse par transcriptome du cerveau révèle que peu de gènes liés au comportement sont modifiés mais ce sont plutôt des gènes liés au système immunitaire qui sont sous-exprimés. Cela signifie sans doute que l'isolement sensibilise les individus à divers facteurs stressants (Scharf et al 2021).
Les
fourmis ne déambulent pas au hasard,
elles avancent selon une méthode très efficace, Science et Avenir,
30 janvier 2023, selon Popp et Dornhaus 2023..
Des ouvrières de Temnothorax rugatulus ont été
suivies au laboratoire. "78% des fourmis tournent à droite ou
à gauche tous les 10 mm.
Afin de s'assurer que les déambulations des fourmis ne devaient rien
au hasard, les deux chercheurs ont modélisé leurs parcours à
l'aide d'un ordinateur. Ensuite, armés d'un outil statistique, ils ont
pu détecter la régularité des mouvements des insectes.
Résultat : 78% des fourmis tournent à droite ou à gauche
tous les 10 mm, soit approximativement trois fois la longueur de leurs corps.
C'est
la première étude démontrant l'efficacité d'une
recherche se faisant selon des méandres réguliers chez un animal.
Au-delà de l'aspect purement fondamental de cette recherche, les deux
auteurs notent que leurs résultats pourraient être utilisés
et appliqués aux drones et autres robots-fouilleurs dans des zones dévastées
ou inexplorées.
Réf
- INSB (2021)
Pour résister aux prédateurs, mieux vaut être bien collé
! insb.cnrs.fr 18 mars 2021. (Lien)
- Borne, F., S. R. Prigent, M. Molet and V. Courtier-Orgogozo (2021). Drosophila
glue protects from predation. Proceedings of the Royal Society B: Biological
Sciences 288(1947): 20210088. doi: doi:10.1098/rspb.2021.0088.
- Honorio,
R., L. Jacquier, C. Doums and M. Molet (2021). Disentangling the roles of social
and individual effects on cadmium tolerance in the ant Temnothorax nylanderi.
Biological Journal of the Linnean Society. doi: 10.1093/biolinnean/blab116.
- Isabelle
(2020) Des fourmis urbaines et forestières remarquablement semblables
génétiquement. techno-science.net, 16 février 2020, p.
https://www.techno-science.net/actualite/fourmis-urbaines-forestieres-remarquablement-semblables-genetiquement-N19292.html
- Khimoun A., Doums C., Molet M., Kaufmann B., Péronnet R., Eyer P.A.,
Mona S. (2020) Urbanization without isolation: unexpected absence of genetic
structure among cities and forests in the tiny acorn ant Temnothorax nylanderi.
Biology Letters 16. Published:29 January 2020. https://doi.org/10.1098/rsbl.2019.0741
-
Plateaux, L. (1972). Sur les modifications produites chez une fourmi par la
présence d'un parasite cestode. Ann. Sci. Nat. ser. 2 14: 203-220.
- Popp, S. and A. Dornhaus (2023). Ants combine systematic
meandering and correlated random walks when searching for unknown resources.
iScience. 10.1016/j.isci.2022.105916
- Scharf, I., M. Stoldt, R. Libbrecht, A. Höpfner, E.
Jongepier, M. Kever and S. Foitzik (2021). Social isolation causes downregulation
of immune and stress response genes and behavioural changes in a social insect.
Molecular Ecology sous presse. doi: 10.1111/mec.15902.