Romain Honorio

Alain Lenoir Mis à jour 05-Nov-2023      

Après sa thèse a été ATER à l'IRBI (Tours). Maître de conférences au LEEC (Villetaneuse) depuis le 1er sept. 2023.

Thèse : Honorio, R. (2020). La diversité de taille des ouvrières au sein des colonies de fourmis : intérêts du groupe ou des individus ? Thèse dirigée par Mathieu Molet et Claudie Doums (2020, ESEAE Institut d’Écologie et des Sciences de l’Environnement de Paris, DOI: 10.13140/RG.2.2.11353.13928). En collaboration avec Brian L. Fisher. Pdf

Jury composé Patrizia D’ETTORRE, Sorbonne Paris Nord Rapporteure ; Joël MEUNIER CR CNRS Rapporteur ;  Isabelle DAJOZ Université Paris Diderot ; Mme Susanne FOITZIK University of Mainz ; Mathieu MOLET MCF (HDR) Sorbonne Université Directeur de thèse ; Claudie DOUMS DE EPHE - PSL Directrice de thèse.

Résumé
Chez les insectes sociaux, la diversité de taille des individus dans les colonies est supposée améliorer la division du travail et ainsi augmenter la fitness des colonies. Cela fait relativement consensus chez les espèces à forte diversité de taille continue ou bien avec la présence de plusieurs castes non reproductrices. En revanche, chez les espèces à diversité plus limitée, représentant la grande majorité des insectes sociaux, les résultats sont plus contrastés. Cette thèse s’est donc focalisée sur l’intérêt de la taille des ouvrières au sein des colonies de fourmis
à diversité modérée. Nous avons dans un premier temps démontré que la taille moyenne et la diversité de taille des ouvrières ne sont pas forcément adaptatives chez notre espèce d’étude, Temnothorax nylanderi, à travers des manipulations expérimentales en milieu semi-naturel durant la période de croissance et durant l’hibernation. Face à ce manque d’intérêts de la taille des individus pour la colonie, nous avons investigué les potentiels intérêts pour les individus. En utilisant la fourmi Mystrium rogeri, nous avons manipulé la prise alimentaire des larves et ainsi étudié le développement des larves sans contraintes de la part des ouvrières. Ces données sur le développement larvaire suggèrent le développement de phénotypes plus grands en l’absence de coercion des larves par les ouvrières. Cela sous-entend à la fois que l’environnement social contrôle fortement la taille des individus produits, mais également qu’une perturbation de cet environnement social et/ou des comportements égoïstes des larves peuvent générer de la diversité de taille dans les colonies de fourmis.

Dans un dernier chapitre, nous avons quantifié la contribution de cet environnement social dans la résistance à un perturbateur externe, en utilisant un élément trace. L’idée était de découpler la part sociale représentée par les ouvrières de la part intrinsèque des larves dans la résistance au cadmium en utilisant des colonies de la fourmi Temnothorax nylanderi provenant de villes et de forêts. De manière surprenante, notre étude n’a pas montré de réponses différentielles au cadmium entre ces deux populations concernant les ouvrières et nous n’avons pu tester notre hypothèse initiale que sur les mâles. En revanche, cette dernière étude met en lumière les limites à la résilience des sociétés d’insectes, qui pourraient être sujettes à davantage de stress et de manière plus chronique par rapport aux individus solitaires. (voir Pollution métaux)

Plus globalement, cette thèse ouvre la voie à reconsidérer le rôle de la taille chez les insectes sociaux et la place que prennent les intérêts individuels dans sa détermination. L’amélioration en profondeur des connaissances sur les déterminismes générant la diversité de taille, notamment via la génétique et génomique, aidera à la distinction entre intérêts du groupe et/ou des individus et ainsi à déterminer plus finement le rôle de la taille chez les insectes sociaux.

Quelques images de la thèse

- Le polymorphisme chez diverses Pheidole, Sonenopsis, Camponotus floridanus et Temnothorax nylanderi

- L'élevage des Temnothorax nylanderi

Publications
- Honorio, R., N. Châline and S. Chameron (2019). Pre-existing differences in putative fertility signals give workers the upper hand in ant reproductive hierarchies. Animal Behaviour 157: 129-140. doi: https://doi.org/10.1016/j.anbehav.2019.09.007.
Publi issue du Master à Villetaneuse avec Nicolas Châline et Stéphane Chameron
- Honorio, R., C. Doums and M. Molet (2020). Manipulation of worker size diversity does not affect colony fitness under natural conditions in the ant Temnothorax nylanderi. Behavioral Ecology and Sociobiology 74(8): 104. doi: 10.1007/s00265-020-02885-2.
- Honorio, R., L. Jacquier, C. Doums and M. Molet (2021). Disentangling the roles of social and individual effects on cadmium tolerance in the ant Temnothorax nylanderi. Biological Journal of the Linnean Society. doi: 10.1093/biolinnean/blab116