Cerveau des fourmis  

Mis à jour 28-Fév-2023

Selon Godfrey (et al 2021) sur 32 espèces d'hyménoptères, l'halicte Augochlorella (Hym. Halictidé) possède 2 millions de neurones par mg de matière cérébrale ; c'est 4 fois plus que les oiseaux les mieux dotés, comme le roitelet huppé. L'abeille arrive juste derrière. La fourmi Novomessor cockerelli en a 5 fois moins (400 000). L'asticot de la drosophile en a 10 000, l'homme 12 000 (Voir Alain Fraval Epingle 1303, Demeure 2021).

Dans un autre article qui ne cite pas le précédent, le nombre de neurones dans le cerveau de la drosophile et de moustiques est d'environ 200 000, dont la moitié dans les lobes optiques. Il n'y a pas de différences entre les sexes. Il y a très peu de cellules gliales (10% du total de cellules). Il y aurait environ 86 milliards de neurones pour le cerveau humain (Raji et Potter 2021, voir le Monde du 19 mai 2021).

Selon Mathieu Lihoreau dans À quoi pensent les abeilles ? Le cerveau de l'abeille qui "contient un million de neurones et un milliard de synapses" avec un neurone de la récompense qui s'active avec le sucre. Il y a les corps pédonculés dont l'ancien nom était "corps champignonneux" : "deux cèpes de Bordeaux plantés au milieu de leur cerveau" (p.88).

Quelques images du cerveau :

Le cerveau des Atta selon la taille (Muratore et al 2022) :

Dans L'essentiel de la Science n°54, Sept-Oct-Nov 2021. Les soldates ont un petit cerveau. C'est le cas chez les soldates d'Eciton.

Taille du cerveau humain et socialité. Le cerveau humain a perdu 10 % de sa taille en trois millénaires. Les scientifiques expliquent, Par Yohan Drevet -11 janvier 2022 (Lien). Selon un article de DeSilva et al (2021) : bilan de l'évolution du cerveau humain et une comparaison avec la socialité des fourmis. Voir aussi le blog Fourmis France du 18 janvier 2022.

"Récemment, une équipe de biologistes, d’anthropologues et de neuroscientifiques des universités de Dartmouth et de Boston, aux États-Unis, semble s’être rapprochée de la résolution de ce mystère. Ils ont publié les résultats d’une étude sur la plateforme scientifique Frontiers in Ecology and Evolution. Selon ces chercheurs, la réduction de la taille du cerveau humain est liée à l’utilisation de l’intelligence collective dans les sociétés humaines. « Les humains vivent dans des groupes sociaux au sein desquels plusieurs cerveaux contribuent à l’émergence d’une intelligence collective », affirment-ils.
Par conséquent, le rétrécissement du cerveau pourrait être lié au partage des connaissances et à la prise de décision en groupe. Selon les scientifiques, les fourmis sont la clé de la compréhension des mécanismes qui ont conduit à la diminution de la taille du cerveau humain. Cette espèce partage avec l’homme certains aspects de la vie sociale, comme la prise de décision collective, la division du travail et la production de nourriture. Les scientifiques ont supposé que ces similitudes pouvaient être une indication générale des facteurs qui influencent les changements de taille du cerveau humain.
Par conséquent, la taille du cerveau des fourmis et leur consommation d’énergie ont été étudiées. Les scientifiques ont ainsi compris que l’intelligence collective et la division du travail jouaient un rôle dans la variation de la taille du cerveau. En effet, la taille du cerveau des fourmis diminue lorsque celles-ci partagent leurs connaissances et se spécialisent dans une tâche individuelle. Le cerveau consomme moins d’énergie s’il a moins de connaissances à stocker et ne doit effectuer qu’un tri simplifié des informations collectées. Par conséquent, le cerveau n’a pas besoin d’être aussi grand qu’il l’était chez les fourmis. Il en va de même pour les humains.
S’il est indéniable que la taille de notre cerveau a diminué au cours des millénaires, cela ne signifie pas que les humains sont moins intelligents qu’avant. Selon une étude scientifique internationale de 2015 coordonnée par l’Université de Vienne, la taille du cerveau ne détermine pas l’intelligence humaine. La bonne connexion entre la matière blanche et la matière grise est plus importante que la masse cérébrale en soi.
En revanche, l’étude sur les raisons du rétrécissement du cerveau suggère qu' « un groupe de personnes est plus intelligent que l’individu le plus intelligent du groupe », déclare l’un des coauteurs de l’étude, le Dr James Traniello de l’université de Boston."

Citations en introduction :
The key to the origin of the human condition is not to be found in our species exclusively, because the story did not start and end with humanity. (
E. O. Wilson, The Social Conquest of Earth)
Only humans and social insects can build and manage large-scale societies according to complex economic decision rules. (Boomsma and Franks, 2006).

Les fourmis mentales (Bull. Int. SF UIEIS 1999), communiqué par Christine Errard (Pdf) :

Réf
- DeSilva, J. M., J. F. A. Traniello, A. G. Claxton and L. D. Fannin (2021). When and Why Did Human Brains Decrease in Size? A New Change-Point Analysis and Insights From Brain Evolution in Ants. Frontiers in Ecology and Evolution 9(712). doi: 10.3389/fevo.2021.742639
- Demeure, Y. (2021) Les abeilles et les guêpes ont un cerveau plus dense que celui des oiseaux ! sciencepost.fr 20 mai 2021. Lien
- Godfrey, R. K., M. Swartzlander and W. Gronenberg (2021). Allometric analysis of brain cell number in Hymenoptera suggests ant brains diverge from general trends. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 288(1947): 20210199. doi: doi:10.1098/rspb.2021.0199.
- Muratore, I., E. Fandozzi and J. Traniello (2022). Behavioral performance and division of labor influence brain mosaicism in the leafcutter ant Atta cephalotes. Journal of Comparative Physiology A 208: 1-20. 10.1007/s00359-021-01539-
- Raji, J. I. and C. J. Potter (2021). The number of neurons in Drosophila and mosquito brains. PLOS ONE 16(5): e0250381. doi: 10.1371/journal.pone.0250381