Plastiques

Alain Lenoir mis à jour 10-Mar-2024

Nous vivons dans un monde de plastique. "En cinquante ans, le plastique a révolutionné la vie quotidienne. Indispensable, il est partout. Indestructible, il se retrouve jusqu'au milieu des océans – une pollution sans précédent." (Joignot 2010). Frédéric Joignot (2018) parle même de "La grande plastification" pour qualifier notre période. Il cite Roland Barthes qui parle d'une "substance alchimique" en 1957. Nicolas Santolaria (2018) invente même le terme "poubellocène", je crois que l'on devrait plutôt dire "plasticocène" ... ou "plastisphère" selon une étudiante de master citée par Joly (2018).

La pollution des océans selon Serguei (Le Monde 9 juillet 2022) :

Selon Le point du 15 mai 2014 :

et hélas le plastique revient en force avec la pandémie ... (Le Monde du 8 juin 2020) :

Une photo prise sur le bateau L'Hermione à Rochefort en nov 2018 :

5 millions de tonnes de plastique ont été produits dans le monde en 1950, 245 en 2008, 288 en 2012 dont 90% dérive du pétrole et plus de la moitié se retrouve sous forme de déchets sur les continents et dans les océans (10 millions de tonnes chaque année, 80 millions probables en 2025 avec durée de vie estimée supérieure à 100 ans). Le plastique se dégrade en particules surtout sous les effets des UV. Ces microplastiques ne se dégradent pratiquement pas et peuvent parfois persister jusqu'à 1 000 ans dans le milieu marin (Dussud & Ghiglione 2014; Nouyrigat 2016). On estime à 240 000 tonnes la quantité de particules de plastique dans les océans, ce qui représente 1% du plastique total (Nature 2015). Selon Stéphane Foucart analysant une publication de Science « le plastique envahit inexorablement les mers », particulièrement la Méditerranée qui est une mer fermée (250 milliards de particules en 2014 - Cordonnier 2015; European Commission DG Env 2015; Foucart 2015; Jambeck et al. 2015). La zone d'accumulation la plus grande est le gyre du Pacifique Nord découverte en 1997 que l'on qualifie de "7ème continent de plastique" (4 fois la surface de l'Allemagne, jusqu'à 30m de profondeur par endroits, en anglais "Great Pacific Garbage Patch GPGP), ensuite on a le Pacifique sud, l'Atlantique sud, l'Atlantique nord et l'océan Indien. Les plastiques dans la mer sont à 24% des emballages plastiques, 15% des bouteilles qui mettent 450 ans à se dégrader et 13% des sacs. Une bouteille en plastique de 20g c'est 20 000 morceaux de plastique d'1mm. On fait en ce moment de nombreux essais pour "pêcher" ces plastiques en mer (voir Pélous 2017). Une revue de synthèse (Galloway et al 2017) fait le bilan de cette pollution marine, c'est très inquiétant. On distingue les macroplastiques (>5mm), les microplastiques (0,1µm - 5mm) et les nanoplastiques (<0,1µm). Dans les conditions froides, avec peu d'oxygène et pas d'UV des fonds sous-marins il faut sans doute 300 ans pour dégrader une particule de 1mm à 100nm. On trouve ces microplastiques même dans la glace de l'Arctique (Burnouf 2018). Cette pollution par les plastiques affecte tous les niveaux des écosystèmes océaniques, depuis le plancton jusqu'aux plus gros animaux et associée à la pollution chimique ce serait un marqueur de l'anthropocène. On retrouve les microplastiques jusque dans les excréments humains (Foucart 2018).

Il faut arrêter l'invasion par les plastiques (voir Betrand 2018) :

Ali Karami (Karami et al 2017) a cherché les microplastiques de plus de 147µm dans 17 marques de sels de divers pays (dont 7 de France) et en retrouvé dans 8 sels.. On y trouve du polyéthylène, du polyéthylène, du téréphthalate, du polypropylène, du nylon, etc. Il dit que même si c'est pour l'instant négligeable dans le sel où il faut rechercher les nanoplastiques "Notre planète est en train d'être silencieusement conquise par ces microbombes. Viendra le moment où nous n'oserons plus manger un seul poisson." "La pollution par les plastiques est de nature à éradiquer à terme toute vie sur la planète. C'est le "grand méchant loup" de ce siècle." (dans Ratel 2017). Don Walsh, détenteur du record de plongée (-10 918m) est très inquiet du sort des océans. Il est le témoin malheureux de leur dégradation, ils sont rongés par le cancer de l'acidification et par l'invasion du plastique. Il écrit "Aujourd'hui on estime à 77 milliards de milliards le nombre de ces particules dans les mers. On en retrouve dans les crustacés et les poissons que nous consommons. Et on continue. Chaque année on en jette 8 millions de tonnes." (Le Monde 6 déc 2017). Les coraux semblent particulièrement souffrir des plastiques, surtout en Birmanie, Thaïlande, Indonésie et Australie. On pense que les fragments fixent en plus de perturbateurs endocriniens des bactéries pathogènes (Lamb et al 2018, voir Le Hir 2018). Tous les travaux confirment la contamination des poissons par des microplastiques, par exemple au large de l'Irlande 70% des mésopélagiques (300-600m) sont concernés, en particulier par le polyéthylène. Ces plastiques sont les mêmes que ceux que l'on trouve en surface (Wieczorek et al 2018). Quand aux moules, tous les travaux indiquent leur contamination en France par les microplastiques de 30 à 200µm, les moules d'élevage étant beaucoup moins contaminées que les moules sauvage (Phuong et al 2018). Le sel et la plupart des animaux marins (mollusques, crustacés) que l'on consomme sont contaminés selon Que Choisir (Delabie et Garnier 2018). Selon J. Attali (2018, p. 218-9) "un européen peut avaler en moyenne 11 000 particules fines de plastque par an en mangeant des moules et des huîtres. Certes, 99% sont excrétés mais il en reste 4 000 accumulés dans les tissus qui perforent les cellules d'une façon nécessairement dangereuse. Divers arguments viennent en faveur de marquer l'anthropocène avec l'arrivée de l'ère industrielle, par exemple le fait que l'on trouve au niveau des traces géologiques dans les lacs de nouveaux matériaux comme les plastiques, ce qui le distingue de l'holocène (Waters et al 2016). On peut voir le film et le livre "Plastic Planet" de Werner Boote et Gerhard Pretting (2011). En fait, "La faune marine les confond avec le plancton, et s'en délecte, et tout remonte dans la chaîne alimentaire." (Joly 2018). Les microplatiques sont même transportés jusqu'au plus loin des montagnes par les airs (Burnouf 2019), cela rappelle que l'on trouve des phtalates sur les fourmis en pleine forêt amazonienne, transportés par les airs.

On trouve de plus en plus de microparticules de plastique chez l'homme et en particulier dans le sang. 22 volontaires seulement testés en Hollande, mais c'est significatif. Polyéthylène téréphtalate (PET), polyéthylène (PE), polypropylène (PP), polyméthacrylate de méthyle (PMMA) et polymères à base de styrène comme le polystyrène (PS) sont les plus fréquents et sont en moyenne à 1,6 µg/mL de sang, ce qui est considérable (Leslie et al 2022, voir aussi Burnouf 2022).

Les plastiques en Méditerranée au MUCEM à Marseille (juillet 2017) :

Et des dessins de Serguei (Le Monde) :

    

ou de Que Choisir (Delaby et Garnier 2018a,b) :    

Et l’on découvre que sur les microparticules on va trouver des pertubateurs endocriniens comme les PCB ou les phtalates ainsi que des microbes. On retrouve ces microplastiques dans les estomacs des oiseaux, sans doute parce qu'il émettent du diméthylsulfure (DMS) qui est émis aussi par le plancton végétal (Sciama 2017). Selon une étude de Orb Media 83% des échantillons d'eau du robinet dans le monde sont contaminés par des particules de plastique, dont 72% en Europe et le record de 94% aux USA. Les systèmes de traitement actuels ne filtrent pas les microplastiques. Un seul cycle de machine à laver peut libérer 700 000 fibres dans l'eau (up-magazine-info 2017). On trouve des particules de microplastiques dans la plupart des eaux en bouteille, jusqu'à 10 000 particules ... Dans l'eau du robinet en France on en trouve aussi mais deux fois moins (Que Choisir 2018). Pourtant des analyses plus récentes de Que Choisir (Chesnais 2019) semblent montrer que les microplastiques seraient moins nombreux que ce que l'on pensait dans l'eau en bouteilles ou l'eau du robinet, en particulier à cause de problèmes de contamination. Il pourrait y en avoir dans l'air ambiant. Pourtant on trouve même des microplastiques en quantité dans les excrément humains (Foucart 2018). Et maintenant on découvre la pollution par les nanoplastiques... (Que Choisir 2019, Voir film CNRS). La toxicité des plastiques encore plus forte que ce que l'on pouvait imaginer. Sur 34 plastiques destinés à usage alimentaire les chercheurs ont trouvé 1400 produits additifs et en ont identifié 260 dont certains perturbateurs endocriniens comme des phtalates (Horel 2019). La pollution par les microplastiques de plus en plus reconnue comme dangereuse. On trouve jusqu'à 40 000 microplastiques par kilo de sol, avec des fragments (4,1%) et surtout des fibres (92%). En Allemagne dans des cultures d'Allium exposées à six types de microplastiques pendant 1,5 mois, les racines, les feuilles et la biomasse totale sont modifiés (European Commission DG Env 2019, de Souza Machado et al 2019). En fait les microplastiques ont une autre origine : des fibres volages viennent en majorité des vêtements en matières synthétiques et peuvent voyager sur près de 100km. Les lacs des Alpes n'échappent pas à cette pollution par les microplastiques apportés par le vent. C'est le cas du lac d'Anterne (74) à 2000m (Pdf), de tous les lacs du Mt-Blanc et du lac Léman (Bolis2021). En plus ces plastiques portent bien sûr des polluants comme les phtalates (Chauveau 2020). C'est sans doute pour cela qu'on trouve des phtalates sur les fourmis en forêt amazonnienne loin de toute présence humaine. Les effets des microplastiques sur les sols commencent à inquiéter les chercheurs, en effet cela modifie complètement les écosystèmes, en commenceant par les bactéries et le cycle de l'azote (Thiberge 2020). Les microplastiques sont dangereux aussi pour les vers de terre. Ce sont des hermaphrodites, leur vésicule séminale (stockage des spermatozoïdes) est normale seulement dans 5% des lombrics traités (Kwak et An 2021).

     

   

Une campagne du WWF pour lutter contre les plastiques dans les mers (juin 2017) :

      

et un ver planctonnique qui a mangé une fibre de plastique de 3mm :

Tous les aliments marins sont contaminés :        

Une campagne, Plastic Ocean, est lancée par l'ONG Sea Sheperd qui considère le plastique comme "un nouvelle espèce invasive" qui affecte 36% des oiseaux de mer et 43% des mammifères marins (Joignot 2018). Une autre ONG, The Ocean Cleanup" a entrepris aussi le nettoyage du pacifique avec de grands flotteurs, mais cela semble poser des problèmes techniques (Joly 2019). Le voilier Tara fait aussi des campagnes pour estimer le niveau de pollution des océans par les plastiques.

L'océan en perdition. Selon Martine Valo (Le Monde, 9 juin 2021. p.22-23).
"Surchauffe, acidification, asphyxie, pollution, algues... Le diagnostic dressé par l'ONU à l'occasion de la journée mondiale de l'océan est sans appel : les activités humaines et le réchauffement climatique font des ravages."
On note en particulier le problème des plastiques qui descendent jusqu'à 10 000 mètres de profondeur.

En fait il y aurait beaucoup plus de plasqtiques dans les océans que ce que l'on avait estimé : "Il flotterait dans les mers cinq fois plus de microplastiques que la quantité estimée jusqu'ici." (Mouterde 2021). Les granulés de plastique (<5mm) qui servent à fabriquer la plupart des plastiques et ceux qui proviennent du recyclage sont pleins de produits dangereux comme des perturbateurs endocriniens. Sont cités les PCB (pourtant interdits), BPA, les retardateurs de flamme, etc.. En 2030, 50 millions de tonnes de plastiques seront déversées dans les océans tous les ans. On n'a pas recherché les phtalates !! (Mandard 2021).

L'association "La Pagaie Sauvage" a organisé en 2018 une expédition le long de la Garonne sur 57 points de prélèvements pour mesurer la pollution par les plastiques. C'est hélas bien triste.. 83% des prélèvements contenaient des microplastiques. Les prélèvements à la source de la Garonne n'en contenaient pas, mais très vite ils apparaissent. Les concentrations les plus fortes sont situées après les stations d'épuration... Normal .. Voir le rapport

Le Tara à Lorient en mai 2019. Le bateau est parti pour 6 mois pour remonter les fleuves (Tamise, puis l’Elbe, le Rhin, la Seine, la Loire, la Gironde, le Tage - Portugal, l’Ebre - Espagne, le Rhône et enfin le Tibre - Italie) à la recherche des microplastiques qui agissent comme des éponges et absorbent tout : les hydrocarbures comme les pesticides et les phtalates, en particulier sur les moules. Voir le Journal du CNRS. Selon Jean-François Giglione "Par endroits, on observe autant de microplastiques que de zooplancton. Or ce sont de bons hôtes, de vraies éponges à polluants, issus des produits pétroliers notamment." Il faut aussi maintenant penser aux nanoplastiques (moins de 1 micron) (Valo 2019). Réécouter l'émission "Tara sur la piste du plastique". France Inter le dimanche 22 septembre 2019 (podcast). Il se confirme que les microplastqiues sont présents partout et sont de véritables éponges à polluants (Valo 2019b)

Les nanoplastiques de polystyrène (moins de 100 nanomètres) sont de plus en plus fréquents dans les eaux usées, jusqu'à 1189 microgrammes / litre). Cela diminue significativement la dépollution aux nitrates par des plantes (Yang et al 2020, voir SEP 2021).

En plus des microplastiques on découvre les microparticules des pneus : 30% d'un pneu se retrouve en microparticules au cours de sa vie. Ils ont les mêmes effets que les microplastiques sur la faune en particulier marine. Ils contiennent aussi des hydrocarbures et des métaux lourds (Bittel 2018).

Et maintenant on découvre que le plastique en mer forme des croûtes sur les rochers, avec tous les problèmes que cela pourrait poser... (Mann 2019).

Microplastiques dans les toiles d'araignées. Oui, les toiles d'araignées sont de bons capteurs pour les microplastiques, ce qui n'est pas surprenant. On y trouve surtout des PET, des polyesters des vêtements, des PVC et des particules provenant des pneus (Goßmann et al 2022, voir Robitaille-Grou 2022). Dommage, ils auraient pu mesurer les polluants associés à ces particules comme les phtalates..

La fin du plastique ?
Certainement non.. Même si on essaie de diminuer son usage comme par exemple l'interdiction des sacs de caisse à usage unique depuis le 1er juillet 2016 (Van Kote 2016 a,b). Dans certains endroits on entoure les jeunes arbres de plastique pour les protéger des chevreuils, mais le plastique reste et se décompose lentement, on le retrouve donc dans la mer.. Bombay tente d'interdire les plastiques non réutilisables, mais l'application de cette mesure n'est pas encore possible (Delacroix 2018). De même le gouvernement britannique veut interdire les pailles et les coton-tiges... mesure symbolique mais qui va dans le bon sens (Albert 2018) comme le plan du gouvernement français qui veut recycler 100% du plastique en 2025... peu réaliste !! (Barroux 2018).
"L'adieu au plastique" titre Le Monde du 16 avril 2019... Un article de 2 pages sur les réponses au fléau de la pollution aux déchets plastiques. Hélas rien sur les nanoplastiques ni sur la pollution engendrée par les substances qui accompagnent le plastique comme les phtalates..
La fin du plastique n'est pas pour demain. En effet, les industriels profitent de l'épidémie de Covid-19 pour vanter ses prétendues qualités "hygiéniques" et contester l'utilisation des sacs en tissu lavable.. Les lobbys n'ont aucun scrupule (Moisan 2020, Bolis 2020). Voir aussi "Le plastique aura-t-il notre peau ?" (Télérama, Zarachowicz, 2020).

Les microbilles de plastique (<5mm) : un nouveau problème que l'on n'avait pas encore bien compris. C'est la matière première pour la fabrication de presque tous les plastiques, elles sont perdues en grande quantité et polluent de plus en plus les mers, par exemple voir une étude en Catalogne. Ces microplastiques peuvent se déplacer en mer à plus de 200km aux Baléares. Ils sont plein de polluants, par exemple des phtalates qui rendent le plastique plus souple (Mandar 2022). Voici parexemple une dernière observation sur la plage d'Arcachon en février 2024..

Ernest Callenbach dans son livre prémonitoire Écotopia (1975), cite en exergue une citation de Barry Commoner : "Dans la nature, aucune substance n'est synthétisée si sa dégradation n'est pas assurée ; le recyclage est donc la règle." Effectivement, dans Écotopia la plupart des constructions sont en bois. Il y a beaucoup de plastiques, mais des plastiques complètement biodégradables par les microorganismes : "les chercheurs écotopiens ont ménagé dans ces molécules des "serrures" que seuls certains microorganismes présents dans la terre peuvent ouvrir ! Une fois ces serrures ouvertes, toute la structure se décompose très vite." (p.147). Et la production de fibres comme les nylons est interdite car "la production de fibres synthétiques utilisait beaucoup plus d'électricité et d'eau et engendrait beaucoup plus de déchets polluants que la production de fibres naturelles" (p. 162).

Ce qu'il ne faut pas faire, un exemple près du lac de Serres-Castet ou à Momas (64) :

       

ou dans le bois de Sauvagnon quand on plante des arbres, voilà ce qui reste de nombreuses années après :

et ce qu'il faut faire comme à Sauvagnon (64) :

Exemple de bâche plastique qui se décompose au soleil :

et ce qu'il faut faire comme à Azay-sur-Cher sur les bords du Cher : une bâche en toile

Biodégradation par des bactéries
Bien sûr de nombreux laboratoires travaillent sur la possibilité de trouver le moyen de dégrader les plastiques. On cherche des bactéries qui seraient capables de digérer le plastique. C'est un produit de synthèse trop récent pour que les bactéries aient évolué vers ces nouvelles capacités. On en est encore loin. On signale une bactérie Ideonella sakaiensis capable de digérer le PE (polyéthylène, par exemple des bouteilles - 40% des plastiques) mais c'est tout (Yoshida et al 2016,
Bornscheuer 2016, Le Monde 2016, Bettayeb 2017). Dussud et Ghiglione (2014) font une synthèse sur ce problème de dégradation des plastiques en mer mais pour l'instant on a peu de choses ! On vient de modifier des bactéries pour qu'elles dégradent le PET (polyéthylène téréphtalate des bouteilles), mais c'est encore très expérimental (Goubet 2019). Et en plus "Des enzymes viennent à bout du plastique" (Le Monde 15 avril 2020) : il semble qu'une équipe française ait trouvé une enzyme provenant de micro-organismes qui dégrade les PET (polytéréphtalate d'éthylène), l'un des plastiques les plus utilisés qui peut être recyclé pour refaire des bouteilles. C'est quand même mieux que de ne pas recycler.. mais le vrai problème c'est de diminuer l'utilisation du plastique !!

Récemment, une apicultrice chercheuse a découvert par hasard que les larves de la fausse-teigne de la cire (Galleria melonella ) sont capables de dévorer les PE et de les dégrader. Cela ouvre des perspectives économiques considérables si l'on trouve les enzymes qui font ce travail (Herzberg 2017, voir Epingle n° 1152 où Alain Fraval invente le terme "Polyéthylènophage"). François Galgani de l'Ifremer pense qu'il y a un véritable potentiel pour découvrir comment les larves de fausse-teigne digèrent le plastique, peut-être par des bactéries ? (Rouat 2017). Cependant, Weber et al (2017) ne sont pas d'accord avec ce travail. Ils considèrent que le plastique n'est pas dégradé mais simplement fragmenté. Ils ont obtenu le même degré de "dégradation" du plastique avec un mélange de jaune d’œuf et de hachis de porc (voir Le Monde du 20 septembre 2017). Selon Alain Fraval (Epingle 1190) "L’élimination entomologique des sacs plastiques ne serait pas pour demain." Science & Vie de décembre 2017 ne semble pas avoir connaissance de ce travail et parle toujours de fausse teigne qui dégrade le polyéthylène (Bettayeb 2017) et Norin Chai non plus (voir Plastiques dans Sagesse animale  2018). Une histoire à rebondissements, voir Le Monde du  19 octobre 2022 :

Selon Les insectes en bande dessinée Tome5) on retrouve cette histoire de plastique dégradé par les larves de la fausse teigne :

Alain Fraval (2020) signale le travail de chercheurs canadiens qui ont isolé une bactérie Acinetobacter qui dégrade le polyéthylène LDPE en éthylène glycol (Cassone et al 2020). Quand aux légos ils semblent inusables. On a estimé que le temps nécessaire pour leur dégradation serait entre 100 et 1300 ans (Le Monde 18 mars 2020).

Quelques citations :
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Isabelle Autissier "Dans mes premiers boulots, déjà, j'avais alerté sur l'impact de la surpêche. Ensuite, j'ai vu les amas de plastique, et les animaux morts d'en avoir ingéré, dans les endroits les plus éloigés, les plages du nord du Spitzberg, le fin fond des Malouines." (Le Monde 25-26 novembre 2018, p. 19).

Abeilles et microplastiques. Une revue sur la présence de microplastiques (MPs) dans le miel et les effets sur les abeilles. On a trouvé ces MPs dans 12% des miels en Equateur, et plus récemment au Danemark à Copenhague en ville. Si on expose les abeilles à des MPs de polystyrène on n'observe pas de mortalité plus forte à 14 jours, mais une dégradation importante du microbiote, des modification de l'expression des gènes de stress oxydatif, de détoxification et de l'immunité. C'est donc un vrai problème pour ces insectes (Al Naggar et al 2021).

Voir Pdf
- Bettayeb, K. (2017). Un être vivant peut-il dégrader le plastique ? Science & Vie, décembre 2017, n°1203: p. 120. Pdf
- Bertrand, M. (2018). La menace invisible. L'OBS 2794, 24 mai 2018 : p. 30-31.
A propos du plastique avec interview d'Alain Lenoir et Virginie Cuvillier-Hot. Pdf
- Bolis, A. (2020). Pressions sur la directie contre les plastiques à usage unique. Le Monde. 15 décembre 2020. 16.
- Callenbach, E. (1975 (Trad 2018)). Écotopia, Rue de l'échiquier fiction. 302p.
- Chai, N. (2018) La sagesse animale, Stock. Pdf sur plastiques
- Delaby, M.-N. and C. Garnier (2018a) Produits de la mer. QueChoisir.org, 23 juillet 2018.  Pdf
- Delaby, M.-N. and C. Garnier (2018b). Du plastique dans vos moules. Que Choisir. Septembre 2018 n° 572: p. 50-53.
- Dussud, C. and J.-F. Ghiglione (2014) La dégradation des plastiques en mer. par Anne Teyssèdre, 26 décembre 2014, p. https://www.sfecologie.org/regard/r63-plastiques-en-mer-dussud-et-ghiglione/ Pdf
-
European Commission DG Env (2019) Microplastics alter soil properties and plant performance, Germany. Science for Environment Policy n°535, 19 November 2019. Pdf
- Fraval, A. (2020) Fausse-teigne vraie plastivore. Opie-insectes. Epingle 1130, Mars 2020, p. https://www7.inra.fr/opie-insectes/epingle20.htm. Voir Epingle
- Joignot, F. (2010). Plastique, l'ennemi intime. M Le Monde Magazine 19 septembre 2010. Pdf
- Joly, P. (2018). Le Pacifique, un océan de plastique. Le Monde 9-10 septembre 2018: p. 9-11. Pdf
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- Fraval, A. (2017) Polyéthylènophage. opie-insectes, Epingle 1152, Avril 2017. Pdf
- Fraval A. (2017b) Polyéthylènophage ? opie-insectes, Epingle 1190, Septembre 2017
- Herzberg, N. (2017). Découverte d'une chenille capable de dévorer les plastiques résistants. Le Monde 27 avril 2017. p. 3. Pdf
- Le Hir, P. (2018). Les coraux, victimes des déchets plastiques déversés dans les mers. Le Monde 27 janvier 2018. p. 6. Pdf
- Le Monde Science & Médecine, 16 mars 2016. Pdf
- Le Monde Science & Médecine, 20 septembre 2017. La chenille dévoreuse de plastique remise en question. Pdf
- Mandard, S. (2022). Ces "larmes de sirène" qui polluent les mers. Le Monde. 29 janvier 2022. p.8. Pdf
- Mann, N. (2019). Un nouveau type de pollution plastique identifié au Portugal. Le Monde 12 juillet 2019. p. 12. Pdf
- Pélouas, A. (2017). Pêche au plastique en region polaire. Le Monde Sciences & Médecine 8 novembre 2017. Pdf
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- Science for Environment Policy (2021). Nanoplastics may reduce efficacyof constructed wetlands for water treatment. DG Environment n°557 Pdf
- up-magazine-info (2017) Des microparticules de plastique retrouvées dans l'eau du robinet. Partout dans le monde. up-magazine-info, 6 septembre 2017, http://up-magazine.info/index.php/le-vivant/sciences/6889-des-microparticules-de-plastiques-retrouvees-dans-l-eau-du-robinet. Pdf
- Van Kote, G. (2016a). Un si ingénieux fléau. Grandeur et décadence du sac plastique 1/6. Le Monde 19 juillet 2016. p. 30. Pdf
- Van Kote, G. (2016b). Un si ingénieux fléau. Sale fin de vie 4/6. Le Monde 22 juillet 2016. Pdf

Autres articles
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- Albert, E. (2018). Le gouvernement britannique déclare la guerre au plastique. Le Monde 22-23 avril 2018. p. 5.
- Attali, J. (2018). Histoires de la mer, Pluriel. 346p.
- Barroux, R. (2018). Un plan pour sortir de l'ère du "tout-jetable". Le Monde 24 avril 2018. p. 6.
- Bittel, J. (2018). Pneus : la menace fantôme. Courrier International 1445, 12-18 juillet 2018: p. 39.
- Bolis, A. (2021). Les microplastiques se diffusent jusqu'aux sommets des Alpes. Le Monde. 5 août 2021. p.7.
- Bombelli, P., C. J. Howe and F. Bertocchini Polyethylene bio-degradation by caterpillars of the wax moth Galleria mellonella Current Biology 27(8): R292-R293. 10.1016/j.cub.2017.02.060. Libre de droits
- Bornscheuer, U. T. (2016). Feeding on plastic. Science 351(6278): 1154-1155. 10.1126/science.aaf2853
- Burnouf, S. (2018). Taux record de microplastique dans l'océan Arctique. Le Monde 26 avril 2018. p. 6.
- Burnouf, S. (2019). Des microplastiques dans les montagnes. Le Monde 18 avril 2019. p. 12.
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- Cassone, B. J., H. C. Grove, O. Elebute, S. M. P. Villanueva and C. M. R. LeMoine (2020). Role of the intestinal microbiome in low-density polyethylene degradation by caterpillar larvae of the greater wax moth, Galleria mellonella. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 287(1922): 20200112. doi:10.1098/rspb.2020.0112
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