Dictionnaire amoureux des fourmis  -  Nouveautés mai 2021

Alain Lenoir Mis à jour 22-Mai-2021     

Plantu nous manque :

Divers : Fourmi à Condé-Sainte-Libiaire Le blob dans l'espace - Fourmis géantes de J. Blin - Déclin de la biodiversité (suite) - La légende de Kakakala et Frei-Frei (1997) -

FourmisLutte contre la petite fourmi de feu - Attines et antibiorésistanceCardiocondyla - La fourmi folle Anoplolepis gracilipes -

Publications : Hybrides de Tetramorium - Chthonolasius - Orientation des Cataglyphis du désert - Les mouches phorides parasites des Atta - Espèces cryptiques de Tapinoma au Brésil - Hydrocarbures cuticulaires chez l'abeille - Systématique des fourmis du groupe Formica rufa - Les neurones du cerveauFourmis et araignéesUn ténia parasite de TemnothoraxLe nombre d'espèces de fourmis en Europe -

Livres : Ants. Workers of the world - Des âmes et des saisons (Cyrulnik) -

Film : Une terre sans abeilles ?  - Les superpouvoirs des animaux

Chercheurs : Rüdiger Wehner / Interview de Cleo Bertelsmeier et Erik Frank - Kenzy Peña-Carillo - Rémy Chauvin - Pauline Lenancker -

Articles anciens : Miss bombycina-ça-m'Intéresse-2001 - Aron-Passera1995 - Les fourmis à la conquête de la terre (2000) - La mémoire des insectes-1989 - Les insectes sociaux-2000 - La société des fourmis-2000 -
A propos du livre de Pierre jaisson "La fourmi et le sociobiologiste"

Nouveautés sur la pollution


Film : Les superpouvoirs des animaux - Les fourmis. De Francis Welch, 2014, Arte, 30min, du 20 au 27 mai 2021.
Film : Une terre sans abeilles ? (Voir déclin des abeilles)
- Une terre sans abeilles ?, documentaire de Nicolas Dupuis et Elsa Putelat, 2021, 55 min. Ushaïa TV, payant (je n'ai pas vu). Présentation (01:27min)
- Pacary, C. (2021) « Une terre sans abeilles ? », sur Ushuaïa TV : la terre bourdonne d’idées pour sauver ses ouvrières de la pollinisation. Lemonde.fr 20 mai 2021. Pdf

Extraits de l'article du Monde : "Rien qu’en France, 56 millions de ces hyménoptères meurent chaque jour, empoisonnés par les pesticides, herbicides, insecticides et autres néonicotinoïdes – dont une cuillerée peut tuer 1 milliard d’abeilles, souligne le commentaire." " A beaucoup plus grande échelle, le cas de la Californie et de son million d’hectares d’amandiers est périodiquement cité. Pour en assurer la pollinisation, les producteurs, soutenus par les grandes sociétés de l’agrochimie, font venir chaque année 2 milliards de ruches, soit le tiers des abeilles du pays. Les apiculteurs-loueurs iront ensuite proposer les services de leurs abeilles au Texas, puis dans le Dakota du Nord. Un transport que l’industrie de l’amande paye 400 millions de dollars par an." "Solution technologique encore, en France, où l’Institut technique et scientifique de l’apiculture puce des abeilles pour établir à partir de quelle dose de pesticide elles ne retrouvent plus le chemin de leur ruche. A contrario, certains acteurs de la filière mettent en avant les bienfaits de la présence d’abeilles pour inciter à les protéger. En France, le CNRS a établi que la pollinisation de parcelles de tournesols par les abeilles permet un gain en rentabilité de 160 euros à l’hectare." "l’Union européenne n’interdit pour l’instant que trois néonicotinoïdes. « Nous les chercheurs, on a fait le job [en démontrant les dangers des pesticides et des néonicotinoïdes], les apiculteurs ont fait le job : aux décideurs d’assumer », interpelle Jean-Marc Bonmatin, du CNRS."


Boris Cyrulnik, très prolifique, a écrit un nouveau livre "Des âmes et des saisons" qu'il sous-titre "Psycho-écologie". Un peu fourre-tout qui parle de l'éthologie, de la préhistoire, des neurosciences. Il dit que "L'impact du milieu n'a pas le même effet sur un bébé, sur un adulte, selon la construction physique et mentale de chacun." "L'homme n'est pas au dessus de la nature, n'est pas supérieur aux animaux, il est dans la nature.". Il parle beaucoup d'épigénétique qui montre que le génome peut donner des phénotypes très différents selon le milieu. Les 1000 premiers jours d'un enfant sont fondamentaux.
- Cyrulnik, B. (2021). Des âmes et des saisons, Odile Jacob, 302p..

"DES ÂMES ET DES SAISONS
À chaque changement de climat les végétaux s'adaptent et se transforment', ce qui n'est pas la même chose. Quand la plante s'adapte, elle fonctionne différemment mais ne change pas. Quand l'eau vient à manquer, la fleur replie ses pétales, la feuille se flétrit, ce qui diminue l'évaporation. Mais quand le changement climatique s'installe durablement, ce système de défense ne suffit plus et, pour ne pas mourir, la plante se transforme et devient épineuse. Un sol est dit résilient quand, après une inondation ou un incendie, la vie reprend, mais elle est transformée. Après l'incendie du Cap-Sicié, près de Toulon, en 1978, la montagne était noire et les troncs calcinés prenaient la forme de doigts crochus. « Les arbres sont méchants », me disait une patiente. Deux ou trois ans plus tard des chênes-lièges, débarrassés de l'ombre des pins, avaient poussé. Les cystes ont réapparu, le petit gibier a proliféré et les grands aigles ont tournoyé. Un système nouveau s'est mis à fonctionner, la végétation transformée a transformé le monde des petits mammifères et des rapaces. Ce processus d'« adaptation-transformation » définit la résilience qui, après une période de tension, a modifié le système. Quand la sécheresse s'est installée dans le sud-est de la France, les agrumes se sont développés, citrons, oranges et bergamotes. Mais ce nouveau système n'a pas convenu aux céréales : les coléoptères ont mangé le maïs, les bactéries ont abîmé les oliviers, et le blé, plus petit, a pourri sur place. En se prolongeant pendant des décennies, l'ensoleillement et la sécheresse ont fini par faire apparaître un nouveau maïs à croissance rapide et à petits grains." "Les animaux ont connu le même processus d'adaptation-transformation. Quand le climat est devenu trop chaud, la réponse adaptative des oiseaux a consisté à migrer vers les pays froids du Nord. Après plusieurs générations, leur taille était plus petite, ce qui a augmenté leur métabolisme et les a aidés à lutter contre le froid."
(p.74-75).

"Qu'il s'agisse de poissons, de tortues ou de mammifères, une idée émerge de ces observations : le cerveau ne change pas, c'est sous l'effet des stimulations écologiques que la sécrétion des neuro-hormones modifie les corps et les comportements sexuels. Les analyses épigénétiques récentes précisent qu'une variation de milieu peut même changer l'expression de l'ADN. Les gènes non codants sont directement influencés par les stimulations du milieu, l'alimentation, le sommeil, l'activité physique et les variations de lumière. Les êtres humains connaissent ces pressions biologiques, mais ils subissent aussi des stress provoqués par les conditions de travail, les conflits familiaux ou des récits angoissants. Les stress physiques et symboliques alertent l'organisme, qui sécrète des radicaux méthyl- (CH3). En se fixant sur certaines zones de l'ADN, ils en modifient l'expression, mais ne touchent pas à l'organisation des gènes. L'ADN s'exprime autrement, mais il n'a pas muté. L'exemple classique est donné par les abeilles : lorsque la reine meurt, les ouvrières entourent une ouvrière, l'enveloppent de leurs stimulations tactiles, thermiques, chimiques et la nourrissent de gelée royale. Cette ouvrière rapidement devient grosse, immobile et fertile. En retour, quand le milieu s'apaise, les radicaux méthyl- se diluent et disparaissent. Les gènes, désormais libérés, codent pour la synthèse d'une enzyme, l'aromatase, qui transforme la testostérone masculine en oestradiol féminin. La construction d'un sexe n'est donc pas inexorable, elle est sans cesse soumise aux aléas du milieu." (p. 140-141). Voir Epigénétique

"Le cerveau est sorti de sa boite dans les années 1950, quand un primatologue [H.F. Harlow] a démontré, dans une expérience élégante et cruelle, que des petits macaques cessaient de se développer dès qu'ils étaient isolés. Les mammifères ont besoin de la présence d'un autre pour réaliser leur « programme génétique », comme on disait à cette époque. Le cerveau sain de ces petits tombait malade dès qu'ils étaient privés de la simple présence d'un autre. Leur cerveau isolé ne commandait que des actes autocentrés, des balancements, des torsions et des autoagressions. Cette expérimentation a provoqué la haine des défenseurs des animaux, alors qu'elle démontrait brillamment que tous les mammifères étaient des êtres sensibles, des êtres d'affection, et non pas des machines." (p. 89). Voir isolement social


Déclin de la biodiversité (suite). On a déjà signalé dans les nouvelles de mars les articles de l'équipe de Franck Courchamp à Orsay sur le coût des invasions biologiques (Diagne et al 2021, Angulo et al 2021). La Fondation Nicolas Hulot reprend ces textes en insistant sur le déclin de la biodiversité qui en découle. Voir Biodiversité
- Fondation Nicolas Hulot (2021) Pourquoi les espèces invasives participent-elles au déclin de la biodiversité ? fondation-nicolas-hulot.org 6 mai 2021.
- Diagne, C., B. Leroy, A.-C. Vaissière, R. E. Gozlan, D. Roiz, I. Jaric, J.-M. Salles, C. J. A. Bradshaw and F. Courchamp (2021). High and rising economic costs of biological invasions worldwide. Nature. doi: 10.1038/s41586-021-03405-6.
- Angulo, E., C. Diagne, L. Ballesteros-Mejia, T. Adamjy, D. A. Ahmed, E. Akulov, A. K. Banerjee, C. Capinha, C. A. K. M. Dia, G. Dobigny, V. G. Duboscq-Carra, M. Golivets, P. J. Haubrock, G. Heringer, N. Kirichenko, M. Kourantidou, C. Liu, M. A. Nuñez, D. Renault, D. Roiz, A. Taheri, L. N. H. Verbrugge, Y. Watari, W. Xiong and F. Courchamp (2021). Non-English languages enrich scientific knowledge: The example of economic costs of biological invasions. Science of The Total Environment: 144441. doi: https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.144441. Pdf

Exemples de textes de l'article de la Fondation Nicolas Hulot : "Les invasions biologiques n’ont rien d’un sujet de fiction : elles sont bien réelles, se répandent dans le monde entier, occasionnant des dégâts écologiques, sanitaires et économiques colossaux : extinction d’espèces, maladies, allergies, destruction de milieux, dommages aux infrastructures… Résultat : en 40 ans, les espèces invasives ont coûté 1 000 milliards d’euros à l’humanité." "Qui, en effet, pour se méfier d’un innocent ragondin, animal introduit en France dans les années 50 pour sa fourrure qui maintenant ravage les zones humides et transmet la leptospirose ? Ou de cet écureuil de Corée, un animal de compagnie fort joli mais un peu farouche et qui, après quelques morsures, s’est vu rendre sa liberté dans la forêt de Sénart en Essonne (91) où il se reproduit en toute impunité (10 000 écureuils recensés en 2015), alors qu’il est un vecteur important de la maladie de Lyme via les tiques qu’il porte ?" "cette zone de forêt de la Patagonie chilienne où 10 couples de castors introduits en 1946 sont devenus 100 000 individus causant d’énormes dommages sur la végétation indigène. Sans aller plus loin en France, il est reconnu qu’il faudrait stériliser nos chats domestiques, considérés comme une espèce invasive à cause de leur rôle dans l’hécatombe des populations d’oiseaux, de lézards et petits rongeurs..."


Ants. Workers of the world. d'Eduard Florin Niga et Eleanor Spicer Rice. Paru le 18 mai 2021 (45€).

Selon National Geographic du 5 mai 2021 : "Quand les fourmis sont sublimées par la photographie. Le photographe Eduard Florin Niga a réalisé les portraits plusieurs fourmis. Des photographies d'art qui vous transporteront dans un tout autre monde." "« La première chose qui m’a attiré, c’était de voir ce monde microscopique s’animer devant mes yeux », déclare le photographe. En l’observant pendant un moment, il a pu constater « à quel point leurs sociétés sont phénoménales, bien plus sophistiquées que les nôtres. » "Ces « portraits » de fourmis se sont avérés instructifs pour certains entomologistes. Pour la première fois, ils pouvaient observer leurs sujets d’étude avec un niveau de détail sans précédent. « Les photographies d’Eduard m’ont ouvert les portes d’un tout nouveau monde », assure Roger Strotmann, chercheur indépendant basé en Allemagne et collègue de M. Niga. « Elles offrent tellement de détails morphologiques que je n’aurais jamais pu observer sans son travail. »"

"Les insectes les plus réussis de la nature capturés dans une macrophotographie remarquable Dans Ants, le photographe Eduard Florin Niga nous rapproche incroyablement des animaux les plus nombreux sur Terre, dont la capacité à organiser des colonies, à communiquer entre eux et à résoudre des problèmes complexes en a fait un objet d'une fascination sans fin. Parmi les plus de 30 espèces photographiées par Niga, il y a des coupeurs de feuilles qui cultivent des champignons pour se nourrir, des fourmis à mâchoires-pièges avec des mandibules redoutables, des fourmis balles avec de puissants dards, des guerriers, des conducteurs, des planeurs, des moissonneuses et les fourmis des trottoirs qui sont toujours sous les pieds. Parmi ses images les plus mémorables, il y a des portraits - y compris des reines, des ouvriers, des soldats et des hommes rarement vus - qui mettent le lecteur face à face avec ces créatures dont les sociétés ressemblent étrangement à la nôtre. L'écrivain scientifique Eleanor Spicer Rice encadre le livre avec un texte vivant qui décrit le cycle de vie des fourmis et explique comment chaque espèce est adaptée à son mode de vie. Ants est une excellente introduction à certaines des créatures les plus réussies de la Terre qui met en valeur le pouvoir de la photographie pour révéler le monde invisible qui nous entoure. Eduard Florin Niga est spécialisé dans la macrophotographie des insectes. Il habite à Londres. Eleanor Spicer Rice est entomologiste et auteur du Book of Common Arts du Dr Eleanor. Elle vit à Raleigh, en Caroline du Nord."

Exemples : "La fourmi argentée saharienne (Cataglyphis bombycina) peut filer sur le sable brûlant d’Afrique du Nord à une vitesse fulgurante. Elle peut atteindre une vitesse de plus de 900 m/s. Proportionnellement à la taille de son corps, c’est comme si un humain parcourait plus de deux terrains de football avant que vous n’ayez terminé de dire : « Il-Elle va vite ! ».
La fourmi Cephalotes atratus possède une tête aplatie avec un corps élancé. Elle a la faculté de planer entre les cimes des arbres des forêts d’Amérique du Sud. Citons également les fourmis coupe-feuille, dont certaines possèdent un exosquelette tapissé de roches. Ces fourmis cultivent des champignons sous terre grâce à des morceaux de plantes préalablement mâchés, faisant d’elles les premiers agriculteurs de l’Histoire, des millions d’années avant l’Homme.
Certaines espèces, comme les fourmis légionnaires, sont presque aveugles. Elles trouvent leur chemin grâce à leur odorat et leur toucher. D’autres, comme Gigantiops destructor, possèdent de grands yeux, qui recouvrent la majeure partie de leur tête. Ce trait physique aiderait ces fourmis sauteuses à bondir dans la forêt amazonienne pour se nourrir de nectar ou de petits arthropodes. Parallèlement, les fourmis argentées sahariennes possèdent trois yeux au centre de leur front qui leur permettent de détecter la lumière."


Interview de Cleo Bertelsmeier et Erik Frank sur RFi (podcast) par Caroline Lachowsk (5 mai 2021, rediffusion du 9 septembre 2020)

" Jusqu'où nous entraîneront ces reines de «l'auto-organisation», sans chef, qui fourmillent sur Terre, depuis des centaines de millions d’années ? Ces extraordinaires insectes sociaux, reines, ouvrières, soldates, sont même infirmières de leurs blessées de guerre ! Découvrons un autre monde absolument fascinant et complexe : celui des fourmis, ces insectes qui ont inventé l’agriculture et les antibiotiques, qui sont dotées d’une extraordinaire intelligence collective, mais aussi individuelle et qui n’ont pas leur pareil pour s’orienter et communiquer (nous inspirant même des algorithmes). Fantastiques ouvrières de chantiers, colossales et valeureuses soldates prêtes à toutes les guerres, les fourmis n’en finissent pas de surprendre les chercheurs qui les étudient."

   


Antibiorésistance : prenons exemple sur les fourmis. Chronique de Fanny Agostini sur Europe1 le 6 mai 2021. Les attines pourraient servir de modèle pour lutter contre le développement de l'antibiorésistance. Elles ont en effet domestiqué des bactéries Pseudonocardia qui produisent un antibiotique contre les bactéries toxiques contre le champignon. Elles ont de multiples souches dont certaines vont permettre de lutter contre la résistance des pathogènes. Voir Antibiotiques
En Polynésie on lutte contre la petite fourmi de feu avec du Mitsy en principe non dangereux pour les abeilles, mais c'est du fipronil... Voir les effets à long terme. Voir Lutte contre fourmis.


Jacques Blin, artiste métalloïde a fabriqué deux fourmis géantes Solange et Boniface. Selon Ouest France du 4 mai 2021 (lien) "Ces deux sculptures ont une envergure de 3,60 m et 2,80 m. Elles ont été fabriquées avec des cocottes-minute en métal et des bouteilles de gaz. C’est un travail qui m’a pris environ un mois. Elles sont destinées au village de Turquant pour la saison touristique."  Voir Sculptures


Articles anciens

La sociobiologie et le livre de Pierre Jaisson ont fait l'objet de beaucoup de discussions et critiques.
- Duroy, L. (1997). Pierre Jaisson, sociobiologiste quand même. La Recherche 295, Février p. 22-24.
- Mallaval, C. (1994). Faut-il brûler la sociobiologie ? L'altruisme ou la mort. Libération. 26 janvier 1994.
- Harrois-Monin, F. and C. Gilbert (1993) Pierre Jaisson: ne tirez pas sur la sociobiologie. L'Express, 1 juillet 1993.
- Tort, P. (1990). Du biologique dans le social. REED (Srétie Info) Décembre 1990: 2-4. Pdf
- Chapouthier, G. (1993). Analyse du livre de Pierre Jaisson "La fourmi et le sociobiologiste". Revue philosophique 4: 770-771. Une analyse qui fait bien la part des choses.
- M.R. (1993). Retour sur la sociobiologie. Libération, 15 avrl 1993. Pdf
- Jannoud, Claude (1993). Sociologie des fourmis. Le Figaro 6 mai 1993. Pdf

- La société des fourmis. Petite présentation des fourmis. Une "Lasius niger" qui est en réalité une Camponotus. Une "fourmi rouge (Formica laevinodis)" qui est en réalité Myrmica laevinodis (=M. rubra).
Sciama, Y. - La société des fourmis. Le Chasseur Français. Mai 2000. 122-127. Pdf

- Les insectes sociaux. 4 pages sur les fourmis, surtout les fourmis rousses, les sites d'observation (attention c'était en 200). Rédigé avec Luc Gomel.   
Les insectes sociaux. Le journal de Carrefour n°63-mai 2000 Pdf

     

-"Miss bombycina, conçue pour la survie en enfer (ça m'Intéresse septembre 2001 - Pdf) avec interview de Rüdiger Wehner (Université de Zurich) par Jean-Pierre Vrignaud, avec déjà le robot Sahabot2.

- La mémoire des insectes. Travaux des Laboratoires de neurobiologie Comparée des Invertébrés (LNCI, Bures sur Yvette) et Laboratoire d'Ethologie et de Sociobiologie (c'est l'ancien nom du LEEC, Villetaneuse, Pierre Jaisson, sur l'apprentissage préimaginal des fourmis).
Pasques, P., La mémoire des insectes, Sciences et Avenir. n°506, Avril 1989 : p.72-78. Pdf

- Les fourmis : entende cordiale ou conflit fraticide ?
Aron, S. and L. Passera (1995). La Recherche 291, Novembre 1995 : p.25-27. Pdf

- Les fourmis à la conquête de la terre.
Article qui aborde de nombreux sujets avec de belles photos : oecophylles, fourmis pots de miel, attines, super-colonie de Formica en Suisse avec interview de Daniel Cherix.
Waintrop, M., Terre Sauvage. Juin 2000 : p.46-60. Avec Interview de Daniel Cherix (Lausanne) Pdf.


Publications

Tetramorium immigrans et T. caespitum (Mâcon, Lyon et Valence) ont des profils d'hydrocarbures bien différents et sont très agressives entre espèces. Ces fourmis peuvent s'hydrider et ont un mélange des deux espèces pour former un profil spécifique avec des agressions. C'est une partie de la thèse de Marion Cordonnier  (voir Hydrocarbures cuticulaires).
- Cordonnier, M., B. Kaufmann, S. Laurent, G. Escarguel and N. Mondy (2021). Discrimination of conspecifics from heterospecifics in a hybrid zone: Behavioral and chemical cues in ants. Insect Science. doi: 10.1111/1744-7917.12915.

Fourmis parasites Chthonolasius - 4 espèces (voir Parasitisme social)
- Colindre, L. (2021). Les périodes d'essaimage des fourmis parasites du sous-genre Chthonolasius observées dans la région Hauts-de-France (Hymenoptera : Formicidae : Formicinae). Osmia 9: 7-14. doi: https://doi.org/10.47446/OSMIA9.2. Pdf

Orientation des Cataglyphis du désert. Une revue très complète avec le système nerveux. Voir Orientation et Cataglyphis.
- Grob, R., P. N. Fleischmann and W. Rössler (2019). Learning to navigate - how desert ants calibrate their compas systems. Neuroforum 25: 109-120.

  

Cardiocondyla. Les ouvrières transportent des jeunes gynes depuis leur nid natal jusque dans un nid voisin non apparenté génétiquement (quelques mètres) pour favoriser la dispersion génétique. Il y a en effet des accouplements intra-nidaux. C'est une suite de la thèse de Jean-Christophe Lenoir qui avait déjà observé ces comportements (voir Pdf du résumé de la thèse) Voir Cardiocondyla
- Vidal, M., F. Koenigseder, J. Giehr, A. Schrempf, C. Lucas and J. Heinze (2021). Worker ants promote outbreeding by transporting young queens to alien nests. Communications Biology 4: Article number: 515. doi: 10.1038/s42003-021-02016-1.

Les mouches phorides parasites des Atta. Le long des pistes 5% des fourmis sont parasitées par 4 espèces de phorides, très peu le sont à la sortie du nid et les soldats sont presque toujours épargnés. Voir Phorides et Champignonnistes.
- Souza, M. L. O., R. J. Oliveira, D. J. Souza, R. I. Samuels and M. A. L. Bragança (2021). Differential parasitism by four species of phorid flies when attacking three worker castes of the leaf-cutting ant Atta laevigata (Smith, 1858). PLOS ONE 16(5): e0250973. doi: 10.1371/journal.pone.0250973.

Espèces cryptiques de Tapinoma en forêt atlantique au Brésil. On découvre toujours plus d'espèces cryptiques. Voir Tapinoma
- Escárraga, M., J. Lattke, M. Pie and R. Guerrero (2021). Morphological and genetic evidence supports the separation of two Tapinoma ants (Formicidae, Dolichoderinae) from the Atlantic Forest biome. ZooKeys 1033: 35-62. doi: 10.3897/zookeys.1033.59880.

Hydrocarbures cuticulaires chez l'abeille. Les hydrocarbures qui permettent la reconnaissance coloniale sont spécifiques de la ruche. Chez les fourmis on sait qu'il y a mélange (gestalt = template) entre les ouvrières pour faire le profil spécifique de la colonie. Chez l'abeille, le profil des ouvrières fourragères change avec l'âge en fonction du milieu, donc le profil génétiquement-dépendant serait aussi très âge-dépendant, donc fonction du mieu aussi (Vernier et al 2019). Plus récemment, les auteurs viennent de montrer que le profil d'hydrocarbures serait lié au microbiome, donc sous l'influence du milieu. Ce serait un effet indirect, les bactéries n'agissant pas directement sur le métabolisme des hydrocarbures (Vernier et al 2020).
Un travail qui va dans le même sens : le glyphosate (herbicide) est censé être très peu toxique pour les animaux, mais il affecte le microbiome des abeilles (Motta et al 2018). Chez certains coléoptères cette perturbation du microbiome perturbe la synthèse d'acides aminés comme la tyrosine qui intervient dans la synthèse des éléments de la cuticule (mélanisation et sclérotisation) (Kiefer et al 2021) et donc influe sur le profil cuticulaire.
- Vernier, C. L., I. M. Chin, B. Adu-Oppong, J. J. Krupp, J. Levine, G. Dantas and Y. Ben-Shahar (2020). The gut microbiome defines social group membership in honey bee colonies. Science Advances 6(42): eabd3431. doi: 10.1126/sciadv.abd3431.
- Vernier, C., J. Krupp, K. Marcus, A. Hefetz, J. Levine and Y. Ben-Shahar (2019). The cuticular hydrocarbon profiles of honey bee workers develop via a socially-modulated innate process. eLife 8. doi: 10.7554/eLife.41855.
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Kiefer, J. S. T., S. Batsukh, E. Bauer, B. Hirota, B. Weiss, J. C. Wierz, T. Fukatsu, M. Kaltenpoth and T. Engl (2021). Inhibition of a nutritional endosymbiont by glyphosate abolishes mutualistic benefit on cuticle synthesis in Oryzaephilus surinamensis. Communications Biology 4(1): 554. doi: 10.1038/s42003-021-02057-6
- Motta, E. V. S., K. Raymann and N. A. Moran (2018). Glyphosate perturbs the gut microbiota of honey bees. Proceedings of the National Academy of Sciences 115(41): 10305-10310. doi: 10.1073/pnas.1803880115.

Seifert a revu la systématique des fourmis du groupe Formica rufa. Il trouve seulement 13 espèces en 4 complexes avec 2 espèces nouvelles : Formica rufa complexe (F. rufa et F. polyctena), F. lugubris complexe (F. lugubris, F. helvetica sp.n., F. ussuriensis sp.n., F. aquilonia et F. paralugubris), F. pratensis complexe (F. pratensis et F. kupyanskayae), F. truncorum complexe (F. truncorum, F. dusmeti, F. frontalis et F. sinensis). F. rufa et F. polyctena s'hybrident. Pourtant, en Angleterre, 95% des fourmis de ce groupe sont des hybrides (voir Fourmis roussses).
- Seifert, B. (2021). A taxonomic revision of the Palaearctic members of the Formica rufa group (Hymenoptera: Formicidae) – the famous mound-building red wood ants. Myrmecological News 31: 133-179.

La fourmi folle Anoplolepis gracilipes (Yellow crazy ant) : les mâles peuvent être produits par les ouvrières, surtout dans les colonies les plus grandes, et dans les colonies orphelines par des ouvrières physiogastres. Il semble aussi qu'il existe des mâles diploïdes et/ou des mosaïques génétiques. Cela pourrait expliquer en partie le succès de cette espèce invasive qui semble être la seule à faire la parthénogénèse. La parthénogenèse thélytoque (reproduction clonale sans mâle) est connue actuellement chez 11 espèces de fourmis.
- Lenancker, P., H. Feldhaar, A. Holzinger, M. Greenfield, A. Strain, P. Yeles, B. D. Hoffmann, W. Tay and L. Lach (2021). Origin, behaviour, and genetics of reproductive workers in an invasive ant. Frontiers in Zoology 18. doi: 10.1186/s12983-021-00392-2.

Ouvrières physiogastres :

L'odeur de certaines fourmis, un répulsif pour les araignées. Au Canada trois espèces de fourmis qui mangent des araignées (Myrmica rubra, Camponotus modoc et Lasius niger) ont été testées pour un effet répulsif. Les stimuli olfactifs provenant des fourmis Myrmica rubra ont montré un effet répulsif significatif sur trois des espèces d'araignées sélectionnées. Cela pourrait permettre de mettre au point des répulsifs anti-araignées naturels. En effet de nombreuses personnes souffrent de la phobie des araignées. M. rubra est une invasive en Amérique du Nord, c'est peut-être pour cela qu'elle fait peur aux araignées natives. Voir Araignées
- Fischer, A., Y. Lee, T. e. Dong and G. Gries (2021). Know your foe: synanthropic spiders are deterred by semiochemicals of European fire ants. Royal Society Open Science 8(5): 210279. doi: doi:10.1098/rsos.210279.
- Septier, H. (2021) Pour des scientifiques, l'odeur des fourmis pourrait faire fuir les araignées. bfmtv.com 19 mai 2021. Lien

Le nombre de neurones dans le cerveau de la drosophile et de moustiques est d'environ 200 000, dont la moitié dans les lobes optiques. Il n'y a pas de différences entre les sexes. Il y a très peu de cellules gliales (10% du total de cellules). Il y aurait environ 86 milliards de neurones pour le cerveau humain (Raji et Potter 2021, voir le Monde du 19 mai 2021).
Rappel : s
elon Godfrey (et al 2021) sur 32 espèces d'hyménoptères, l'halicte Augochlorella (Hym. Halictidé) possède 2 millions de neurones par mg de matière cérébrale ; c'est 4 fois plus que les oiseaux les mieux dotés, comme le roitelet huppé. L'abeille arrive juste derrière. La fourmi Novomessor cockerelli en a 5 fois moins (400 000). L'asticot de la drosophile en a 10 000, l'homme 12 000. (Voir Alain Fraval Epingle 1303, Demeure 2021).
- Raji, J. I. and C. J. Potter (2021). The number of neurons in Drosophila and mosquito brains. PLOS ONE 16(5): e0250381. doi: 10.1371/journal.pone.0250381.
- Godfrey, R. K., M. Swartzlander and W. Gronenberg (2021). Allometric analysis of brain cell number in Hymenoptera suggests ant brains diverge from general trends. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 288(1947): 20210199. doi: doi:10.1098/rspb.2021.0199.
- Demeure, Y. (2021) Les abeilles et les guêpes ont un cerveau plus dense que celui des oiseaux ! sciencepost.fr 20 mai 2021. Lien

Le Monde 19 mai 2021 :

Un ténia parasite de Temnothorax qui prolonge la vie des ouvrières (Beros et al 2021a, dans l'équipe de Susanne Foitzik, voir Sudouest, article repris de l'AFP). Les fourmis infectées par le ténia vivent aussi lontemps que les reines. Dans une étude antérieure (voir Beros et al 2021b) ils avaient montré que la présence du parasite « amplifiait l’expression de gènes liés à l’immunité, et dans une moindre mesure de gènes liés à la longévité », dit la biologiste. Autrement dit, le parasite aiderait l’organisme de la fourmi à lutter contre le vieillissement. "Mieux encore, l’équipe du Pr Foitzik est en train d’analyser les protéines libérées par le parasite dans le « sang » de la fourmi, ce qui « ouvre une fenêtre sur le phénomène du vieillissement ». « Nous avons découvert que plusieurs de ces protéines ont des propriétés antioxydantes », très utiles pour le système immunitaire, dit-elle, en estimant « possible que le parasite aide lui-même la fourmi à vivre plus longtemps »."
"« Pourquoi le parasite chercherait-il à allonger la durée de vie de son hôte ? », demande le Pr. Foitzik. Elle y répond dans l’étude en supposant que c’est le meilleur moyen pour le parasite de rejoindre son hôte final. Car la larve du parasite ne peut se transformer en ver qu’en retrouvant le tube digestif du pivert. D’autres parasites de fourmis amènent ces dernières à un suicide rapide pour arriver à leurs fins. La petite douve du foie, qui entame son cycle dans un escargot, passe à la fourmi de l’espèce Formica, et pousse son hôte à fausser compagnie chaque jour à ses congénères pour se percher en haut des herbes, dans « l’espoir » d’être broutée par un ruminant, cible finale du parasite. Un autre petit ver, Myrmeconema neotropicum, amène sa fourmi hôte à dresser en l’air son abdomen rouge, pour mieux tenter un oiseau de passage, son hôte final. Ce qui ramène au pivert, qui aurait peu de chance de repérer T. nylanderi et sa taille maximale de 3 mm dans un tas de feuilles. Les fourmis infectées « restent à l’abri dans leur nid dans un gland ou une branche, pile l’endroit que le pivert va ouvrir pour se nourrir de larves », selon l’étude. Pour les chercheurs, il est donc probable que les changements de comportement observés chez les travailleuses infectées les prédisposent à se faire boulotter par l’oiseau."

- Beros, S., A. Lenhart, I. Scharf, M. A. Negroni, F. Menzel and S. Foitzik (2021a). Extreme lifespan extension in tapeworm-infected ant workers. Royal Society Open Science 8(5): 202118. doi: doi:10.1098/rsos.202118.
- Beros, S., A. Lenhart, I. Scharf, M. A. Negroni, F. Menzel and S. Foitzik (2021b). Extreme lifespan extension in tapeworm-infected ant workers. Royal Society Open Science 8(5): 202118. doi: doi:10.1098/rsos.202118.
- Les scientifiques découvrent un parasite qui ralentit le vieillissement des fourmis. Sudouest.fr 20 mai 2021. Lien

Le nombre d'espèces de fourmis en Europe.
Csosz (et al 2021) ont fait l'inventaire des fourmis de Hongrie et le bilan du nombre d'espèces pour l'Europe. C'est la Turquie la plus riche, ensuite la plupart des pays avec100 à 200 espèces. France un peu plus de 200 espèces. Andorre et Belgique avec moins de 100 espèces. Bizarre pour la Belgique qui est pourtant bien connue... (voir Répartition)

- Csosz, S. B., F., L. Gallé, G. Lorinczi, I. Maak, A. Tartally, E. Kovacs, A. Somogyi and B. Marko (2021). The Myrmecofauna (Hymenoptera: Formicidae) of Hungary: Survey of Ant Species with an Annotated Synonymic Inventory. Insects 12. doi: 10.3390/insects12010078.


Le blob dans l'espace avec Thomas Pesquet. En 2014 Deborah Gordon a envoyé des fourmis des pavés (Tetramorium caespitum) dans la station spatiale internationale et elles ont été suivies dans des classes (Lien). Il y avait déjà eu Laïka en 1957, une chatte en 1963, des tardigrades en 2007, des geckos en 2014. Pdf
Petiote fourmi à Condé-Sainte-Libiaire (77) (merci Claude Lebas, 1er mai 2021) Voir Fourmis-sculptures