Alain Lenoir mis à jour 22-Nov-2023
La dernière fourmi, Formica Regina, par Serguei (Le Monde 2 avril 2022) :
Voir Biodiversité des fourmis - Nombre de fourmis - Fourmis bioindicateurs - Biomasse des fourmis - Destruction des forêts - Paradis de biodiversité - Biodiversité des îles - Disparition des vertébrés -
L’année 2010 a été consacrée Année de la Biodiversité. En 1980,Thomas Lovejoy (biologiste américian spécialiste de l'Amazonie) introduit le terme de Biological Diversity qui fut repris en 1985, Walter G. Rosen pour l'intitulé du Forum sur la Biological Diversity de 1986 préparé par le National Research Council. Le terme Biodiversité fut consacré par Edward O. Wilson en l'incluant dans la parution du compte-rendu de ce forum en 1988 (Biodiversity, by Edward O. Wilson Editor, National Academy of Sciences). Wilson a aussi écrit un livre précurseur sur "L'avenir de la vie" (2003).
En France Robert Barbault (1943-2013) en a été un farouche défenseur, il faisait partie des conseillers de Nicolas Hulot. Pourtant la véritable biodiversité est sans doute à chercher du côté des forêts tropicales [(Basset et al. 2012), voir aussi le film « Il était une forêt » (Jacquet 2013)], en particulier de l'Amazonie et des abysses. Il faut aussi se tourner du côté des organismes inférieurs comme les invertébrés (un million d’insectes - Vincent 2012) ou encore des bactéries (environ 10 milliards de micro-organismes par gramme de sol (Mulot 2012). Wilson, dans son livre de souvenirs en 1994 parlait déjà de la formidable biodiversité des bactéries (pdf). Près de 18 000 espèces nouvelles d’organismes ont été découvertes en 2011 (Joly 2012). La biodiversité est stupéfiante dans les sols où les fourmis représentent seulement un peu plus de 15 000 espèces dont 80% sont déjà connues, alors qu'il y a des dizaines de milliers d'espèces d'acariens, de nématodes, de protozoaires et encore des millions de bactéries et de champignons à découvrir (Sciama 2017). Et on est loin de connaître toute la biodiversité des sous-sols avec des masses considérables, pouvant descendre jusqu'à 5km de profondeur (Le Monde 2018). On estime que dans un litre d'eau de mer, il peut y avoir jusqu'à 10 milliards de bactéries et 10 à 100 milliards de virus. Voir le superbe travail de la commission européenne "Atlas européen de la biodiversité du sol" avec deux pages sur les fourmis (Jeffrey et al 2013 , p. 115-6). On cite souvent des travaux sur des arbres de forêt tropicale mais même dans nos régions il peut y avoir une biodiversité insoupçonnée. Selon Peter Wohlleben (2017) sur un vieil arbre de la forêt bavaroise il y avait 257 espèces animales et "une poignée de terre forestière contient plus d'organismes vivants qu'il y a d'êtres humains sur terre." (p.99). Le rôle des vers de terre comme ingénieurs du sol est examiné sur près de 7 000 sites dans le monde avec tous les problèmes du changement climatique (Goubet 2019b).
Tatiana Giraud dans sa leçon inaugurale au Collège de France le 17 février 2022 parle de la perte de la biodiversité et des écosystèmes en relation avec la théorie de l'évolution. Elle parle longuement des menaces sur la biodiversité, par exemple avec les invasions de champignons sur le pommier ou la perte de biodiversité des champignons cultivés pour les fromages, qui sont son sujet d'étude actuel.. (Giraud 2022).
L'ADN environnemental à la mode. Cette technique permet de suivre des espèces à partir de traces génétiques laissées dans le sol, l'air ou l'eau. C'est fascinant. On peut voir la biodiversité dans un pot de miel.
Selon le Bull UIEIS-Toulouse-1988 les insectes en milieu tropical sont très abondants
Deux articles très intéressants sur la dégradation de la biodiversité, en particulier la destruction des forêts tropicales, ce qui favorise la dispersion des maladies, en particulier des maladies virales comme le Covid.. Un nouveau nom : les zoonoses, maladies produites par la transmission d'un agent pathogène entre animaux et humains (Mouterde 2020 et Valo 2020). Quelques extraits : Etude des écosystèmes, Néonicotinoïdes, Antibiotiques, Déforestation. Voir aussi : Covid-19 et biodiversité : vers une nouvelle forme de cohabitation entre les humains et l’ensemble des vivants non-humains. Note de la FRB et de son Conseil scientifique (avril 2020). Voir aussi Les collections des musées reflètent l’abondance des espèces à l’état sauvage (Gotelli et al 2023) : sur les fourmis de Floride dans les musées.
Voir le livre de Marie-Monique Robin La fabrique des pandémies "Le cocktail qui favorise l'émergence des maladies infectieusess est bien identifié, documenté et expliqué : la déforestation.. la fragmentation des forêts tropicales et espaces naturels.. l'urbanisation.. la globalisation qui encourage le déplacement de milliards d'humains... Toutes ces activités provoquent le dysfonctionnement des services écosystémiques, ce qui menace la santé des humains, des animaux et des plantes." (p.14).
"Dans un seul arbre au Pérou, il y a plus d'espèces de fourmis que dans tout le Royaume-Uni" (Vieira 2018). Stuart Pimm a observé les oiseaux rares des Andes colombiennes qui ont perdu la moitié de leur couvert forestier. Il a conduit des écrivains avec lui et l'un d'eux dit que "le réchauffement climatique est la faute de personne" et que cela mène à l'inaction."Alors préserver une seule espèce d'oiseaux est un acte utile." Rappelons que Edward O. Wilson a fondé le projet Halft-Earth qui a pour ambition de sanctuariser la moitié de la surface terrestre (Joignot 2019).
J'ai eu l'occasion de voir deux façons d'étudier la biodiversité de la forêt tropicale, au Cameroun et au Sarawak. L'IRBI envisage de mettre des appareils sur la canopée aussi en forêt d'Orléans (Pdf)
On insiste beaucoup actuellement sur les interdépendances entre toutes les espèces d'un écosystème où chacun a sa place. On va même encore plus loin avec la proposition de James Lovelock (décédé en juillet 2022 à 103 ans) qui considère que notre planète est le plus grand organisme du système solaire et va l'appeler Gaia (déesse de la mer en Grèce). Voir "L'hypothèse Gaîa de James Lovelock", de M. Bousquet et P. Olivero, 2019). Tous les organismes sont non seulement interdépendants mais interagissent aussi avec la terre (Chauveau 2017). C'est ainsi que les rats ont leur rôle à jouer en ville, il ne faut pas les éradiquer !! (Joly 2028). Donna Haraway a écrite un livre "Manifeste des espèces compagnes" (2003, Climats 2019) où elle englobe dans tout le monde les chiens, les abeilles, le riz ou la flore intestinale (Vincent 2019). Pour certains, toute la planète va s'effondrer (Servigne et Stevens 2015). Tout est interdépendant. Pablo Servigne et Raphaël Stevens (2015) pour expliquer un effondrement possible de nos sociétés s'inspirent des réseaux complexes dans un écosystème comme les prairies avec toutes les interactions entre pollinisateurs et plantes pollinisées (spécialistes avec un seul pollinisateur ou non spécialisées) (texte) (voir Jared Diamond et Bascompte et Jordano 2007). Pour Servigne et al 2018 il faut changer nos modes de pensée. Ils citent E.O. Wilson, "la seule façon de conjurer une crise majeure comme celle de l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années serait de réserver la moitié de la planète pour le sauvage" (Servigne et al 2018, p. 251). On parle même d'Economie symbiotique" pour éviter la grande catastrophe qui s'annonce sur terre (Delannoy 2017). Et un spécialiste du management, Frédéric Laloux (2017), parle de "Réinventer les organisations" en citant l'exemple de la forêt où la hiérarchie verticale ne peut fonctionner. Cela intéresse de plus en plus les agriculteurs qui doivent retrouver la place de tous les éléments d'un agrosystème. C'est ainsi que Johanna Villenave-Chasset (Boquen 2019) a créé un laboratoire (Flor'Insectes) pour aider les agriculteurs à la recherche d'une alternative biologique aux pesticides.
Dans L'animal et la mort, Charles Stépanoff (2021) parle de la chasse, la modernité et la crise du sauvage. L'auteur, anthropologue fait l'histoire de la chasse à travers les temps. Il commence le livre par citer Wilson sur l'avenir de la vie (p.23) puis explique le déclin des perdrix, des hirondelles, les effets de la disparition des haies, l'explosion des sangliers. Ensuite il parle longuement de la vénerie et des cerfs dans diverses civilisations, des chiens (p.199), des cérémonies de la chasse, du loup (p.255). On ne peut être tout simplement pour ou contre la chasse qui s'ancre dans des traditions très anciennes et universelles.
Le rôle des mycorhizes (champignons et bactéries) apparait de plus en plus fondamental dans les écosystèmes et la recherche de nouvelles variétés de plantes (Rosier 2021).
Diminution
de la biodiversité
Elle est considérable selon tous les experts. On est devant la sixième
extinction des espèces (Garric 2016). Les forêts tropicales sont
les plus menacées avec la déforestation, par exemple en Indonésie
pour cultiver les palmiers à huile ou au Brésil pour le soja transgénique
(voir des Atta portant des badges demandant à Angela Merkel
d'intervenir pour stopper cette hémoragie).
Grande
réunion de l'UICN à Marseille.
10 jours de congrès avec seulement 4 000 participants (Covid oblige)
alors qu'on en attendait plus de 10 000. Il y a aussi l'PBES créée
en 2019 (Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les
services écosystémiques) qui fait à peu près la
même chose.. Une militante de Youth for the climate n'ira pas à
Marseille. "Elle n'attend rien de ce congrès, ni d'ailleurs
des COP à venir." (Mouterde 2021). Stéphane Foucart
dit carrément que le congrès n'a servi à rien, c'est de
l'action qu'il faut !!
- Mouterde, P. (2021). Un rendez-vous crucial pour agir face à la
crise de la biodiversité. Le Monde. 3 septembre 2021. p.6-7.
- Foucart, S. (2021).
Biodiversité : un congrès pour rien. Le Monde. 19-20 septembre
2021. 34.
Adene a bien résumé la question (Le Monde 8 sept 2021) :
L'équipe
de Franck
Courchamp à Orsay a estimé le coût des invasions biologiques
(Diagne et al 2021, Angulo et al 2021). La Fondation Nicolas Hulot reprend ces
textes en insistant sur le déclin de la biodiversité qui en découle
(2021).
Exemples de textes de l'article de la Fondation Nicolas Hulot : "Les
invasions biologiques n’ont rien d’un sujet de fiction : elles sont
bien réelles, se répandent dans le monde entier, occasionnant
des dégâts écologiques, sanitaires et économiques
colossaux : extinction d’espèces, maladies, allergies, destruction
de milieux, dommages aux infrastructures… Résultat : en 40 ans,
les espèces invasives ont coûté 1 000 milliards d’euros
à l’humanité." "Qui, en effet, pour se méfier
d’un innocent ragondin, animal introduit en France dans les années
50 pour sa fourrure qui maintenant ravage les zones humides et transmet la leptospirose
? Ou de cet écureuil de Corée, un animal de compagnie fort joli
mais un peu farouche et qui, après quelques morsures, s’est vu
rendre sa liberté dans la forêt de Sénart en Essonne (91)
où il se reproduit en toute impunité (10 000 écureuils
recensés en 2015), alors qu’il est un vecteur important de la maladie
de Lyme via les tiques qu’il porte ?" "cette zone de forêt
de la Patagonie chilienne où 10 couples de castors introduits en 1946
sont devenus 100 000 individus causant d’énormes dommages sur la
végétation indigène. Sans aller plus loin en France, il
est reconnu qu’il faudrait stériliser nos chats domestiques, considérés
comme une espèce invasive à cause de leur rôle dans l’hécatombe
des populations d’oiseaux, de lézards et petits rongeurs..."
Les îles sont particulièrement sensibles à des extinctions importantes en particulier sous l'effet nocif des espèces invasives (Garric 2017d). C'est ainsi que les rats ont envahi l'atoll de Palyra au milieu du Pacifique, mettant en danger les oiseaux marins. On a exterminé tous les rats, et en plus cela a fait disparaître les moustiques Aedes qui étaient arrivés en même temps (Barthélémy 2018). 55 îles près de Madagascar ont été suivies pour certaines depuis 15 ans. Dans celles où les rats ont été éradiqués les oiseaux et en particulier les sternes reprennent leur place, mais aussi les microalgues, les éponges, les coraux et plus lentement les poissons (Benkwitt et al 2021, voir Herzberg 2021).
En
Nouvelle-Calédonie à la petite île Surprise Stéphane
Caut a étudié dans sa thèse l'impact du rat et des souris
sur l'écosystème (réseaux trophiques) avant et après
éradication (voir site
web et Caut et al 2009)
Il sera intéressant de voir si l'éradication du rat a un effet sur les fourmis. C'est une étude de Xim Cerda en cours (mail du 28 avril 2021). Ils ont publié la situation avant l'éradication (Cerdá et al 2012). Il y avait 8 espèces sur l'île, avec une seule native (Pheidole oceanica).
Les boîtes appâts (photo Xim Cerdá) :
Une thèse a été réalisée par Gaëtan Galman au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris en 2011 : "Suivi spatio-temporel des communautés d'arthropodes : effets de l'éradication des rats et tentative de réintroduction d'un insecte rare dans des îles en cours de réhabilitation des Seychelles". (Lien). Sur l'île corallienne échantillonnée, l'éradication entraîne une augmentation significative de l'abondance en Araignées , en Coléoptères et en Formicidés.
Les invasions biologiques ne datent pas d'aujourd'hui ! On découvre par exemple que notre moineau domestique a envahi les Amériques à la fin du 19ème siècle avec les colons européens après avoir été considéré comme très nuisible en Europe dans les annés 1830. Il est d'ailleurs en dégringolade dans les villes, par exemple à Paris en 13 ans (de 2003 à 2016) sa population a chuté de 75% (La Hulotte n°112, nov 2021).
La sixième extinction de masse est en cours et l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques), un organisme international s'est réunit à Paris la première semaine de mai 2019 pour alerter le monde entier (Le Hir 2019). La dernière journée mondiale pour la biodiversité était le 22 mai 2019. Selon lBPES il existerait 1,7 millions de virus inconnus chez les animaux et 540 000 à 850 000 pourraient infectieux pour les humains. Il faut entre autres réduire l'agriculture intensive et le commerce des animaux sauvages (Thiberge 2020). Voir le livre "A l'aube de la 6e extinction", de Bruno David (Livre de Poche, 2022).
La chute de biodiversité est liée en grande partie à la déforestation massive. Un symbole : Colibri dans le Béarn ? Non bien sûr, celui-ci vient du Costa Rica. Le colibri est un symbole de la destruction de la planète. La légende du colibri est racontée par Pierre Rabhi : Colibris tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi, son fondateur : Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! " Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part." Voir une fourmi qui sonne le signal de danger pour la planète, dans "J'aimerais tant me tromper", de Pierre Rabhi, Dialogue avec Denis Lafay, dessins de Pascal Lemaître (éd L'Aube, 2020)
Fourmi dans le livre de Pierre Rahbi :
Un exemple : le cas des singes hurleurs en forêt amazonienne. Les cris de ces singes sont terrifiants comme j'ai pu les entendre au camp des Nouragues en Guyane. Pourtant ils sont en diminution considérable à cause de déforestation et de la fragmentation des habitats.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'homme a perturbé la biodiversité, en particulier celle des grands mammifères comme ceux d'Amérique du Nord en Alaska depuis 125 000 ans (Herzberg 2018).
Les perturbateurs endocriniens vont sans doute agir sur la biodiversité; c'est connu depuis les travaux de Rachel Carson sur la diminution drastique des populations de rapaces sous l'effet du DDT et cela devient dramatique (Voir Demeinex 2018).
Un travail de fourmi pour sauver les perdrix en pays picard. Une expérience inédite est menée pour ramener les insectes en plaine et permettre de nourrir les oiseaux dont le nombre baisse. L’objectif est aussi de rééquilibrer la biodiversité (Lien - réservé abonnés).
Pourtant tout n'est pas perdu : Fred Vargas dans son livre "L'humanité en péril" (Flammarion 2019) dit que "La mère Nature... nous envoie un ultimatum sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivrons, car très résistantes" (p.10).
Et d'éminents
chercheurs agronomes comme Marc Dufumier comme font leur agiornamento "En
1968, je suis parti en mission à Madagascar. J’étais un
jeune agronome sortant de l’école, formaté et pétri
de certitudes concernant le bien-fondé des engrais de synthèse,
des variétés végétales à haut potentiel de
rendement et de toutes les techniques agrochimiques. Les rizières inondées
fourmillent de vie : poissons, escargots, grenouilles, canards qui s’occupaient
de manger les ravageurs et les mauvaises herbes… Tout ce système
fonctionnait très bien, et me voilà qui arrivais avec mon riz
high-tech, mes produits chimiques, et qui tuais tous ces poissons, ces canards,
ces escargots, bref, toutes les sources de protéines.
Ces femmes malgaches m’ont dit : « Votre riziculture améliorée
merci, mais on trouve que c’est plutôt une riziculture empirée.
» Elles avaient entièrement raison ! J’ai eu la chance de
me rendre compte très tôt que leur objet de travail était
un agroécosystème d’une profonde complexité et que
raisonner uniquement en termes de génétique, de rendement, d’engrais,
etc., ne menait nulle part. Pour être efficace, il faut d’abord
bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans
sa globalité." (Goubet 2019).
Des images du Dico du Canard Enchaîné de 1971. On savait déjà tout !!
Quelques citations :
- La
planète au pillage, de Fairfield Osborn (1948,Traduction
française 1949, Actes Sud 2008 avec préface de Pierre Rabhi).
Livre pionnier qui alerte déjà sur les risques d'épuisement
de la nature. Les conquêtes de divers continents se sont accompagnés
de destructions considérables d'habitats. "Aveugle à
la nécessité de coopérer avec la nature, l'homme passe
son temps à détruire les ressources de sa propre vie. Encore
un siècle comme celui qui vient de s'écouler et la civilisation
se trouvera en face de la crise finale." (p.47). Il avait compris
que dans la nature tout est lié "Dans cette grande machine qu'est
la nature chaque pièce dépend de toutes les autres. Retirez-en
l'une des plus importantes et c'est toute la machine qui va s'arrêter."
(p.57). Il observe les effets dramatiques des insecticides à bas
d'arsenic et du DDT bien avant Rachel Carson avec la diminution du nombre d'oiseaux,
de poissons (p.70).
- La réponse de certains
à la disparition des pollinisateurs : "La disparition
des insectes n'est pas un problème économique si l'on croit pouvoir
développer des microdrones pour polliniser les cultures." De
Antoinin Pottier, interview par Stéphane Foucart, Le Monde 3 décembre
2016, p. 6. Pdf
- autre citation "La disparition des abeilles n'est d'ailleurs pas
une si mauvaise nouvelle pour certains économistes puisqu'elle pourrait
conduire au développement et à la commercialisation de solutions
techniques de pollinisation" (Foucart 2017b)
- Selon le philosophe Baptiste Morizot
(Vincent 2016) : "On a longtemps cru qu'il fallait exploiter plus efficacement
la nature pour améliorer nos conditions de vie humaine; on commence à
comprendre, que pour atteindre cet objectif, il faut apprendre à mieux
cohabiter avec les autres créatures de la terre."
- "Les besoins d'une bactérie, d'une huître, d'une souris
ou d'un être humain sont différents, mais dans la biosphère
toutes ces espèces sont interdépendantes les
unes des autres." (Ricard 2013, p. 195).
- « Ainsi, les pires atteintes à la biodiversité susceptibles
de mettre en danger l’avenir de l’humanité ne viendront pas
de l’extinction des tigres ou des gorilles, mais de la disparition de
ces multitudes de micro-organismes qui sont des partenaires silencieux de notre
évolution. La course à l’asepsie est devenue une ineptie
anti-évolutionniste dont les maladies nosocomiales ne donnent qu’un
petit aperçu. Réapprenons à vivre avec les micro-organismes
! » (Picq 2013).
- Fourmis, araignées, hémiptères et coléoptères
sont de bons indicateurs de communautés mais c'est peu vendable : le
directeur de projet SOS de l’IUCN déclare au Monde que les fourmis
ne sont pas vendables « Vous en voyez une (équipe) se baptiser
les fourmis du Cameroun ? » (Vincent 2012).
- « Tous désormais le reconnaissent – même les
apprentis sorciers du nucléaire, même l’EDF, même Péchiney,
même Rhône-Poulenc, même les chantres de l’autoroute
urbaine, même les « enrésineurs » confondant plantations
d’arbres et forêt, même les « remembreurs » menant
une joyeuse croisade contre les haies, pieds-dans-l’eau » de l’élégante
mégatermitière de béton type baie des Anges, Grande-Motte
ou Leucate, … , tous, oui, aujourd’hui le savent : on ne pourra
plus désormais faire impunément n’importe quoi n’importe
où… Il va falloir prendre au sérieux l’avenir de notre
petite planète – la seule dont nous disposons – et à
veiller à ce que la vie, sous toutes ses formes végétale,
animale et humaine, ne risque plus d’en disparaître sous les efforts
conjugués des pollueurs, des massacreurs, des pyrotechniciens de l’atome
ou des bétonneurs .»
Théodore Monod dans « Et si l’aventure
humaine devait échouer ? » (Grasset, 2000).
- Catherine Clément dans «
Mémoire » (Stock 2009). p.132 : le président Mao a fait
tuer les oiseaux pour protéger les champs que les insectes dévastèrent
du même coup.
- Dans "A l'aube de la 6e extinction", de Bruno David (Livre de Poche,
2022) :
"D'année en année, nous nous habituons à voir
un peu moins d'abeilles, de fourmis, à avoir un peu plus chaud, à
ce que nos paysages changent." (p. 11-12).
- Selon Mouterde dans le Monde du 8 avril 2020 :
Le syndrome du pare-brise (Ça m'Intéresse janvier 2020, p.24)
Dans le livre de Cortes Par la force des arbres, p. 87 "Les mésanges ont du flair. Elles tapissent et parfument leur nid de plantes aromatiques pour repousser les parasites des oisillons. Pour supprimer les pesticides, nous imitons les mésanges bleues en associant à nos cultures au jardin potager des plantes odorantes. Combien d'oiseaux sont-ils tombés au champ d'horreur de l'agrochimie et de l'urbanisation ? Le couple de mésanges qui niche près de moi consomme jusqu'à cinq cents insectes par jour pour nourrir sa nichée. En Europe, papillons, coccinelles, fourmis... quatre-vingts pour cent des insectes se sont éteints en trente ans. En France, un tiers des oiseaux en quinze ans. L'effacement des paysans et des oiseaux est le signal d'alarme du grand dérèglement de la vie. Comment supporterons-nous les printemps silencieux ?"
Charlotte Gainsbourg lit "La troisième révolution" que l'on doit commencer. Et si on n'y arrive pas les fourmis et les araignées nous survivrons.. Lien sur Facebook
Citations :
Au Brésil "Les sans-terre ont pris le virage de l'agroécologie
avant tout le monde, dès la fin des années 1990. "On avait
des camarades qui souffraient d'intoxication. Dans les champs, on voyait qu'il
n'y avait plus un rat, plus un insecte. On a compris qu'il fallait vite changer
quelque chose." (Meyerfeld 2021).
Voir
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