Fourmis comme bioindicateurs

Alain Lenoir Mis à jour 29-Mar-2023

- Les forêts tropicale humides (FTH) sont fondamentales pour la biodiversité (Gibson et al. 2011; Sender 2011– voir les études en Guyane de Marot 2011). La déforestation de la forêt amazonienne est dramatique, « Il faut un effort de guerre pour reboiser l’Amazonie » selon Antonio Donato Nobre (Bourcier 2014). Dans ces zones tropicales les fourmis sont de bons indicateurs de modifications environnementales dans la forêt comme cela a été vérifié en Equateur (Tiede et al 2017). Pour cela on utilise des pots-pièges (pitfalls) ou des systèmes Winkler (extraction à partir de prélèvement de terre) (revue de Donoso 2017). En Amazonie les fourmis sont de bons indicateurs de la fragmentation (Carvalho and Vasconcelos 1999).
- Dans certains milieux en danger comme les tourbières on utilise les fourmis et les carabes comme bioindicateurs de l'état du milieu, par exemple en Croatie (Brigic et al 2017).
- Les fourmis sont utilisées comme indicateurs après les feux de forêts en Australie (Beaumont et al. 2012), de l'
état des forêts et de la fragmentation dans la région de Barcelone en utilisant la fourmi d’Argentine, la fourmi aztèque Lasius neglectus et des espèces parasites (Bernal and Espadaler 2013).
- Elles sont de bons indicateurs de l’état des pinèdes cultivées en Espagne centrale : il faut 8 ans après une coupe pour retrouver un bon équilibre (Gómez and Abril 2011).
- Dans la Crau, après la rupture d'un oléoduc en 2009, des reines de Messor ont été réintroduites pour faciliter la recolonisation des graminées (Le Hir 2014) comme indiqué sur ce dessin de l'exposition Fourmis de Rennes (voir Expositions fourmis):

   

Olivier Blight et Eric Provost au travail pour implanter des reines      

- La diversité des fourmis est utlisée comme indicateur de l'état d'anciennes mines en Sardaigne (Satta et al. 2012).

- Les effets du l'expansion de la culture de la canne à sucre sur la faune épigée. Dans les zones étudiées, globalement les fourmis sont les plus nombreuses (67%, 13% de diptères). Le passage de la végétation naturelle vers la prairie s'accompagne d'une augmentation du nombre d'individus de 27% mais avec une réduction de la diversité de 43%. Le passage de la prairie vers le champ de canne à sucre réduit la quantité de 22% avec une perte d'espèces de fourmis de 55%. Ectatomma brunneum est l'espèce de fourmis la plus sensible et pourrait devenir une espèce témoin de la perturbation des environnements (Vanolli et al 2021).

- La culture du maïs transgénique au Brésil ne semble pas affecter la faune des fourmis par rapport au maïs traditionnel. On trouve 145 espèces de fourmis (de Assis et al 2018) ! Chez nous, dans le Béarn, il n'y a plus rien dans les champs de maïs, ni vers de terre ni fourmis... Il serait intéressant de comparer avec des champs de maïs bio...

Insectes comme bio-indicateurs
- Chowdhury, S., V. K. Dubey, S. Choudhury, A. Das, D. Jeengar, B. Sujatha, A. Kumar, N. Kumar, A. Semwal and V. Kumar (2023). Insects as bioindicator: A hidden gem for environmental monitoring. Frontiers in Environmental Science 11. 10.3389/fenvs.2023.1146052
Un texte sur les fourmis avec en particulier les références sur la pollution par les métaux :

Réf
- Beaumont, K. P., D. A. Mackay and M. A. Whalen (2012). The effects of prescribed burning on epigaeic ant communities in eucalypt forest of South Australia. Forest Ecology and Management 271(0): 147-157. doi: 10.1016/j.foreco.2012.02.007.
- Bernal, V. and X. Espadaler (2013). Invasive and socially parasitic ants are good bioindicators of habitat quality in Mediterranean forest remnants in northeast Spain. Ecol. Res. 28: 1011-1017.
- Bourcier, N. (2014). "Il faut un effort de guerre pour reboiser l'Amazonie" Le Monde Science & Médecine 26 novembre. p. 7.
- Brigic, A., J. Bujan, A. Alegro, V. Šegota and I. Ternjej (2017). Spatial distribution of insect indicator taxa as a basis for peat bog conservation planning. Ecological Indicators 80: 344-353. https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2017.05.007
- Carvalho, K. S. and H. L. Vasconcelos (1999). Forest fragmentation in central Amazonia and its effects on litter-dwelling ants. Biological conservation 91: 151-157.
- de Assis, V. C. B., P. G. Chagas, C. G. S. Marinho, M. A. M. Fadini, J. H. C. Delabie and S. M. Mendes (2018). Transgenic Bt maize does not affect the soil ant community. Pesquisa Agropecuária Brasileira 53: 152-162. doi: 10.1590/S0100-204X2018000200003
- Donoso, D. A. (2017). Tropical ant communities are in long-term equilibrium. Ecological Indicators: in press. doi: https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2017.03.022.
- Gibson, L., T. M. Lee, L. P. Koh, B. W. Brook, T. A. Gardner, J. Barlow, C. A. Peres, C. J. A. Bradshaw, W. F. Laurance, T. E. Lovejoy, et al. (2011). Primary forests are irreplaceable for sustaining tropical biodiversity. Nature 478(7369): 378-381.
- Gómez, C. and S. Abril (2011). Selective logging in public pine forests of the central Iberian Peninsula: Effects of the recovery process on ant assemblages. Forest Ecology and Management.
- Le Hir, P. (2014). Moisson inédite dans la steppe de Crau. Le monde Science & Médecine 30 avril p. 3. Pdf
- Marot, L. (2011). En Guyane, une "forêt témoin" pour étudier biodiversité et climat. Le Monde 29 octobre. p. 3.
- Satta, A., M. Verdinelli, L. Ruiu, F. Buffa, S. Salis, A. Sassu and I. Floris (2012). Combination of beehive matrices analysis and ant biodiversity to study heavy metal pollution impact in a post-mining area (Sardinia, Italy). Environmental Science and Pollution Research 19(9): 3977-3988. 10.1007/s11356-012-0921-1

- Sender, E. (2011). Biodiversité : Les forêts primaires en première ligne. Sciences et Avenir Décembre: p. 66-70.
- Tiede, Y., J. Schlautmann, D. A. Donoso, C. I. B. Wallis, J. Bendix, R. Brandl and N. Farwig (2017). Ants as indicators of environmental change and ecosystem processes. Ecological Indicators: in press. http://dx.doi.org/10.1016/j.ecolind.2017.01.029
- Vanolli, B. S., L. P. Canisares, A. L. C. Franco, J. H. C. Delabie, C. E. P. Cerri and M. R. Cherubin (2021). Epigeic fauna (with emphasis on ant community) response to land-use change for sugarcane expansion in Brazil. Acta Oecologica 110: 103702. doi: https://doi.org/10.1016/j.actao.2021.103702