Wilson (Edward Osborne) (1929-2021)

Alain Lenoir mis à jour 08-Jan-2024

Voir plus loin des témoignages sur sa mort.

           

En mars 2020 :

  avec Bert Hölldobler

à Paris en 2000 (Le Monde 4 janv 24) :

à Louvain en 1991 avec Van Boven et Raignier :    

 

Dans le journal de Carrefour sur les fourmis (2000) :

Voir le livre de souvenirs de Wilson : Naturaliste (2000, traduction de "Naturalist" par Carine Chichereau, Bartillat éd.). Wilson, dans son livre de souvenirs en 1994 parlait déjà de la formidable biodiversité des bactéries (pdf).

En 1988, il consacra le terme biodiversité, développé au début du XXIe siècle ; champ scientifique dans lequel, depuis, il met ses expertises à contribution (Wilson 1988). Les graves menaces qui pèsent sur la biodiversité sont la préoccupation majeure d'Edward O. Wilson, c'est un combat qu'il poursuit avec ses livres (Wikipedia). Il émit aussi à cette époque l'hypothèse de la biophilie "qui postule que l'espèce humaine a une tendance innée, inscrite génétiquement, à rechercher le contact avec la nature dans le but d'assurer une meilleure adaptation possible à son environnement." (Alix Cosquer, dans Vincent 2018) ou "puissant sentiment d'affection" qui existe dès l'enfance "qui nous pousse à aller spontanément avec les pigeons, les coccinelles,  les papillons, les fourmis .." (Servigne et al 2018, p. 212). Ces auteurs citent aussi Wilson pour qui "la seule façon de conjurer une crise majeure comme celle de l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années serait de réserver la moitié de la planète pour le sauvage" (p. 251). Edward O. Wilson a fondé le projet Halft-Earth qui a pour ambition de sanctuariser la moitié de la surface terrestre (Joignot 2019, Porquet 2019). Avec Elinor Ostrom, Prix Nobel d’Economie 2009 qui a repensé la gestion des biens communs en démontrant que certains groupes étaient capables de s’auto-organiser et de se fixer des règles pour gérer au mieux leurs ressources, ils ont comparé l'évolution des sociétés de fourmis à celle de l'homme. L'entr'aide, le mutualisme, la coopération et la solidarité existent depuis toujours dans le vivant même chez les bactéries, surtout quand les conditions sont hostiles.

Dans Porquet 2019 :

Voir le livre "Sauvons la biodiversité", de Edward O. Wilson, 203 p. Dunod, 2007. Pdf

E.O. Wilson avait déjà anticipé l'épigénétique alors qu'il était jeune assistant : "Imaginez que Lyssenko ait raison (chose certaine car autrement, pourquoi les généticiens traditionnels se seraient-ils dressés contre lui ?) : les biologistes pourraient alors modifier l'hérédité comme ils le voudraient ! C'était bien sûr de la pseudoscience de pacotille, mais à l'époque, je ne le savais pas. Et cela ne me gênait guère : j'avais gouté a l'enivrant nectar de la rebellion intellectuelle." (Wilson 2000, p. 56).

Voir dans L'incroyable socialité des animaux (2007) un entretien avec E.O. Wilson avec des photos. Il revient sur la controverse qui a suivi la publication de son livre Sociobiology en 1975 et estime qu'elle a "largement disparue -sauf peut-être en France ? -"

      

Sur la sociobiologie avec E.O. Wilson et interview de Pierre Jaisson (Charles 1991).

E.O. Wilson, objet de vifs débats à la suite de la découverte de courriers avec John Philippe Rushton qui soutenait l'inégalité biologique des races humaines (Foucart 2024). Retour dans les années 70-80 en France où Wilson était accusé de raciste à la sortie de son livre sur la sociobiologie. Voir mon article de souvenirs (Lenoir 2021) et aussi les travaux de Pierre Jaisson, fervent défenseur de Wilson. En fait, il y a très peu de choses concrètes qui accusent Wilson dans l'article du Monde, sinon quelques doutes qu'il n'a jamais publiés. La chasse à l'homme est repartie ?
- Foucart, S. (2024). E.O. Wilson : l'ombre du racisme sur un géant de la biologie. Le Monde 3 janvier 2024. p.1 et p.9.

Souvenirs
-
J'ai rencontré Wilson une seule fois dans son labo dans les années 1980. Il a été très attentif et intéressé par nos travaux sur les hydrocarbures et en particulier sur les Formicoxenus et leur hôte Myrmica. Je l'ai revu ensuite au congrès international à Washington en 2006, il faisait un exposé, mais je n'ai pas osé l'approcher..
- Selon Alain Dejean (Interview du 13 avril 2020) : "J’ai choisi de travailler, donc au Burundi, sur le comportement prédateur des fourmis. Luc Passera a eu l’idée géniale d’écrire à Edward Wilson soi-même à ce sujet. La réponse a été rapide, suggérant de rechercher des Dacetini pour comparer la morphologie des mandibules et le comportement prédateur correspondant."

Wilson vu par "C'est pas sorcier - Les fourmis" : 

Le seigneur des fourmis. Film 52min, 2008, Etats-Unis. Portrait du biologiste et entomologiste Edward O Wilson qui, de l'observation des fourmis et d'autres minuscules créatures, a tiré une vision unique de l'univers. Je n'ai pas retrouvé ce film..

Mark Moffett qui s'appelle Doctor Bugs) est admiratif de E.O. Wilson. Voir Interview : Best of Aout 2020 : Close Up par Patricia Lanza (Lien pour l'interview complète).


La mort d'E.O. Wilson le 27 décembre 2021 a été indiquée dans de très nombreux sites internet qui disent à peu près tous la même chose (voir aussi La Fondation Wilson). Quelques citations : "Le biologiste avait aussi participé à l’invention de la notion de biodiversité, qu’il a fait entrer dans le langage commun." ; "Il était surnommé « l’héritier de Darwin »." ; "Le magazine Time l’avait décrit comme ayant eu « l’une des grandes carrières de la science du XXe siècle » en soulignant son travail de cartographie du comportement social des fourmis, à travers lequel il a montré que leurs colonies communiquaient via un système de phéromones. Les théories de Wilson en matière de sociobiologie ont transformé le domaine de la biologie et relancé le débat entre nature et éducation parmi les scientifiques. Il avait déclenché une vague de critiques après avoir suggéré, dans l’un de ses livres, que les comportements des humains résultaient en partie de principes inscrits dans leurs gènes. Ses détracteurs ont fait valoir qu’une telle théorie confortait l’injustice sociale, notamment la discrimination à l’égard des femmes, en affirmant que l’inégalité était inscrite dans les gènes humains. L’entomologiste n’en reste pas moins très respecté. Le scientifique Steven Pinker a déploré, lundi, la mort d’un « grand scientifique ». « Nous étions en désaccord sur certaines choses, mais cela n’a pas affecté sa générosité et le fait qu’il soit disposé à discuter », a-t-il tweeté."

Quelques citations de l'article d'Hervé Morin dans Le Monde du 3 janvier 2022 (Pdf) avec interview de Laurent Keller : "A la même époque, il s’interroge sur les propositions du Britannique William Hamilton (1936-2000) sur l’évolution génétique des comportements sociaux et se convainc qu’elles apportent une explication élégante à l’altruisme, caillou dans la chaussure du darwinisme : les individus peuvent adopter des comportements qui ne les servent pas directement dans la mesure où cela favorise la transmission de leur patrimoine génétique, à travers celui de leurs apparentés. Cette « sélection de parentèle », observée notamment chez les insectes sociaux, inspirera sa réflexion sur l’importance de la génétique dans les comportements animaux.
Ce sera la base de son ouvrage le plus controversé, Sociobiology. The New Synthesis « Sociobiologie, une nouvelle synthèse », (Harvard University Press, 1975), dont le dernier chapitre était consacré aux comportements humains, dans lesquels entre aussi, soutient Wilson, une composante génétique. Certains de ses collègues de Harvard, dont Stephen Jay Gould et Richard Lewontin, s’élèvent contre des vues qu’ils assimilent à du déterminisme génétique propre à nourrir le darwinisme social et l’eugénisme. Lors d’une conférence, en 1978, Wilson recevra même de manifestants un pichet d’eau sur la tête assortie d’accusations de racisme. Pour lui, les critiques étaient avant tout motivées par l’idéologie marxiste de ses antagonistes et non fondées en science – il qualifiera Stephen Jay Gould de « charlatan ». Dans la foulée, On Human Nature (Harvard University Press, 1978) lui vaut son premier Pulitzer." "

Des témoignages
- "J'ai été particulièrement attristé par le décès de Ed Wilson dont je fus un fidèle et fervent admirateur même quand il fut tant décrié. Parmi tous les hommages je regrette de ne pas avoir vu mentionner son concept de résilience, dont d'autres se sont implicitement arrogé la paternité, notamment dans l'espace francophone." (Pierre Jaisson mail 10 janvier 2022)
- A propos du livre Voyage chez les fourmis : "Merveilleux livre. Il m'a appris beaucoup de choses" (G. Renaud, mail du 28 déc 2021).
- Henri Cagniant : "Personnellement, il m'avait beaucoup aidé en soutenant par une lettre, ma demande de crédits auprès de mon Université pour étudier les Fourmis marocaines. En signe de reconnaissance, je lui avais dédié une Aphaenogaster nouvelle." (mail du 28 déc 2021). Il s'agit d'Aphaenogaster wilsoni (Cagniant 1988).
- « C’était d’abord un très bon naturaliste de terrain, indique Laurent Keller (université de Lausanne), qui a étudié l’organisation sociale des fourmis de feu en tant que postdoctorant dans son laboratoire, dans les années 1990. Il a notamment décrit un genre de fourmis qui compte environ un millier d’espèces. » Ses connaissances encyclopédiques se cristalliseront dans Les Fourmis, coécrit avec l’entomologiste Bert
Hölldobler, prix Pulitzer (1991), un de ses nombreux ouvrages à succès. « Il avait une facilité d’écriture, un don de synthèse. C’était un énorme travailleur. On le voyait peu au laboratoire, il revenait tous les quinze jours avec 40 pages manuscrites, et seulement deux ou trois ratures », admire Laurent Keller."
  (Morin, Le Monde 3 janvier 2022) (Pdf). Voir aussi un article très complet sur E.O. Wilson par L. Keller dans heidi.news du 3 janvier 2022 (Pdf).

- Une interview de Wilson au New York Times, restée inédite (Janvier 2022)

- Edward O. Wilson (1929–2021), Naturalist, conservationist and synthesizer who founded sociobiology (par B. Hölldobler, Nature 22 janvier 2022) Pdf

- En 2009 une cérémonie en l'honneur de Edward O. Wilson au club "Annual Explorers Club dinner", Mark Moffett (à gauche) lui offre une sculpture de l'artiste Gary Staab avec trois fourmis coupe-feuilles, basée sur une photographie de Moffett (Photo de Craig Chesek © The Explorers Club) (Lien)


Des remarques sur E.O. Wilson dans "A l'écoute des insectes" de Joanne Elizabeth Lauck (Le Souffle d'or 2018)

Une fourmi dédiée à E.O. Wilson : Aphaenogaster wilsoni (Cagniant 1988)

Livres
- Hölldobler, B. and E. O. Wilson (2010). The leaf-cutting ants. Civilization by instinct, Norton
- Hölldobler, B. and E. O. Wilson (2009). The superorganism. The beauty, elegance, and strangeness of insect societies. New York, London, Norton.
- Pheidole in the New World: A Dominant, Hyperdiverse Ant Genus, Harvard University Press, 2003, donc inaccesible par les banques de données (228€ sur Amazon en nov 2023). Analyse très critique de Donat Agosti. Pdf
- Hölldobler, B. and E. O. Wilson (1994). Journey to the ants: a story of scientific exploration, Cambridge, Mass., Harvard University Press
- Hölldobler, B. and E. O. Wilson (1990). The ants. Cambridge, Mass., Harvard University Press
- Wilson, E. O. (1990). Success and dominance in ecosystems: the case of the social insects. Oldendorf/Luhe, Ecology Institute
- Wilson E.O. (1988) Biodiversity, by Edward O. Wilson Editor, National Academy of Science
- Wilson, E. O. (1975). Sociobiology. The new synthesis. Cambridge, Ma, Belknap Press Harvard University
- Wilson, E. O. (1971). The insect societies. Cambridge, Harvard University Press

En français
- La conquête sociale de la terre, Flammarion (2013), 383p.
- Biophilie, José Corti éditions (2012), 218p.
- L'incroyable instinct des fourmis, Hölldobler, B. and E. O. Wilson (2012), 208p. Flammarion. Analyse par Alain Lenoir
- L'Avenir de la vie - Edward O. Wilson, éd Seuil 2003, 283p.
- Naturaliste, Wilson, E. O. (2000). Bartillat. 422 p.
- Voyage chez les fourmis, B. Hölldobler et E.O. Wilson (1997) Seuil 247 pages. Traduction de Journey to the ants (Harvard University Press, 1994)

Voir
- Cagniant, H. (1988). Contribution à la connaissance des fourmis marocaines. Description des trois castes d'Aphaenogaster wilsoni n. sp. (Hymenoptera, Myrmicidae). Bulletin de la Société entomologique de France 92: 241-250. doi: 10.5281/zenodo.26584.
- Charles, G. (1991). Des fourmis et des hommes. L'Express 19 janvier 1991: p. 81-83. Pdf
- Joignot, F. (2019). Vivre sans les oiseaux. Le Monde 9 février 2019. p. 5. Voir extrait

- Porquet, J.-L. (2019). Coupons la poire en deux. Le Canard Enchaîné 20 novembre 2019. Pdf
- Servigne, P., R. Stevens and G. Chapelle (2018). Une autre fin du monde est possible, Seuil.
- Vincent, C. (2018). "La crise écologique impose une politique d'éducation à la nature plus ambitieuse". Interview d'Alix Cosquer. Le Monde Idées 22 décembre 2018. p. 2.