Formicoxenus

Alain Lenoir mis à jour 17-Nov-2022

Il existe deux types de fourmis du genre Formicoxenus : F. nitidulus parabiotique et F. provancheri xénobiotique (voir plus loin).

La fourmi Formicoxenus nitidulus vit en parabiose dans les dômes des colonies de Formica. Elles n'ont que très peu d'interactions avec l'hôte (voir Hölldobler et Wilson 1990, p. 465). Elles n'ont pas l'odeur de l'hôte et produisent un dissuasif (deterrent) (Martin et al 2007). J'ai pu vérifier que les deux espèces ont des profils d'hydroarbures différents (non publié). La cohabitation est possible car elles sont de taille très différente, les Formicoxenus se faufilant entre les ouvrières de Formica.

Ces fourmis semblent être fragiles et en diminution régulière. J'ai pu observer dans plusieurs endroits la disparition des colonies de F. nitidulus depuis quelques années. Pourtant, dans les Pyrénées à Campan-Payolle (1250m) où il y a un très grand nombre de nids de Formica du groupe rufa (F. lugubris), j'ai compté en juin 2019 2 nids avec Formicoxenus (sur 18, soit 11%) et en juin 2020 sur un plus grand nombre de nids un pourcentage équivalent 5 / 40, soit 12,5%). Seuls les plus grands dômes semblent héberger les intruses (voir photos des nids).

     

Ce n'est pas le cas de F. provancheri parasite de Myrmica incompleta au Québec (Francoeur et al 1985, 1987) qui vit en xénobiose (Errard et al 1997). Elles forment des nids séparés hébergés dans le nid de la colonie hôte et peuvent entrer dans les galeries de l'hôte mais avec des galeries où ne peuvent passer les hôtes. Elles élèvent leur couvain séparément car les Myrmica mangent les larves de Formicoxenus. 75% des fourmis d'une colonie sont des fourrageuses, ce qui est exceptionnel. Elles grimpent sur les fourmis hôtes pour se nourrir en les léchant et aussi acquérir l'odeur de l'hôte (d'où leur nom de shampouineuses). Elles sont capables de calmer l'agressivité de leurs hôtes en faisant sourdre une minuscule goutelette de leur aiguillon Elles passent jusqu'à 50% de leur temps dans le nid de l'hôte où elles vont lécher les ouvrières hôtes sur 45% de leur temps dans le nid. Elles vont surtout lécher la tête de l'hôte (40 sur la tête), sans doute car il y a des secrétions d'hydrocarbures depuis la glande postphryngienne. Le mimétisme chimique avec l'hôte est très fort. A la naissance, les ouvrières ont très peu d'hydrocarbures et ils vont apparaître dans les jours suivants (Lenoir et al 1989). Les Formicoxenus sont aussi capables de suivre les piste émises par la glande à poison des Myrmica hôtes (Lenoir et al 1992). Voir Lenoir et al 1989, 1992, 1997, Errard et al 1997- Passera et Aron 2005, p. 266-7 et Passera 2006.

         

Selon Passera Aron (2005) :

Les biotopes de Formicoxenus au Québec :  

          

Les nids d'élevage au laboratoire. Dans l'une des petites boîtes ronde l'entrée est trop petite pour les Myrmica hôtes, les Formicoxenus ont donc des chambres isolées :

Myrmica incompleta (photos André Francoeur) :

         

Formicoxenus provancheri ouvrière (photos André Francoeur) :

     

Formicoxenus provancheri mâle (photos André Francoeur) :

   

Voir
- Errard, C., A. Lenoir and A. Francoeur (1990). Ontogenèse des inetractions entre Formicoxenus provancheri et son hôte Myrmica incompleta (Hymenoptera, Formicidae). Actes Colloques Insectes Sociaux 6: 107-113. Pdf
- Errard, C., A. Lenoir and A. Francoeur (1992). Effects of early experience on interactions between the parasite ant Formicoxenus provancheri and its host Myrmica incompleta (Hymenoptera: Formicidae). Animal Behaviour 43: 787-794. Pdf
- Errard, C., D. Fresneau, J. Heinze, A. Francoeur and A. Lenoir (1997). Social organization in the guest-ant Formicoxenus provancheri. Ethology 103: 149-159. Pdf
- Francoeur, A., R. Loiselle and A. Buschinger (1985). Biosystématique de la tribu Leptothoracini (Formicidae, Hymenoptera). 1. Le genre Formicoxenus dans la région holarctique. Naturalistes Canadiens 112: 343-403.
- Francoeur, A., R. Loiselle and A. Buschinger (1987). Taxonomic revision of the ant genus Formicoxenus (Formicidae, Hymenoptera). Chemistry and biology of social insects. J.Eder and H.Rembold. München. 757 p, Verlag J. Peperny: 44.
- Härkönen, S. K. and J. Sorvari (2017). Effect of host species, host nest density and nest size on the occurrence of the shining guest ant Formicoxenus nitidulus (Hymenoptera: Formicidae). Journal of Insect Conservation: 1-9. 10.1007/s10841-017-9986-y
- Lenoir, A., A. Francoeur, C. Errard and P. Jaisson (1989). Résultats préliminaires sur le comportement de Formicoxenus provancheri en relation avec son hôte Myrmica incompleta (Hymenoptera, Formicidae). Actes Colloques Insectes Sociaux 5: 225-232. Pdf
- Lenoir, A., C. Detrain and N. Barbazanges (1992). Host trail following by the guest ant Formicoxenus provancheri. Experientia 487: 94-96. Pdf
- Lenoir, A., C. Errard, A. Francoeur and R. Loiselle (1992). Relations entre la fourmi parasite Formicoxenus provancheri et sur hôte Myrmica incompleta. Données biologiques et éthologiques (Hym. Formicidae). Insectes Sociaux 39: 81-97. Pdf
- Lenoir, A., C. Malosse and R. Yamaoka (1997). Chemical mimicry between parasitic ants of the genus Formicoxenus and their host Myrmica (Hymenoptera, Formicidae). Biochem. System. Ecol. 25(5): 379-389. Pdf
- Martin, S. J., E. A. Jenner and F. P. Drijfhout (2007). Chemical deterrent enables a socially parasitic ant to invade multiple hosts. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 274: 2717-2721.