La fabrique des pandémies
Mis à jour 16-Oct-2022
Préserver la biodiversité,
un impératif pour la santé planétaire, de Marie-Monique
Robin (2021). La Découverte.
Voir aussi Robin, M.-M. (2011). Notre poison quotidien, La Découverte
- Arte Editions.
"« Voir un
lien entre la pollution de l’air, la biodiversité et la covid-19
relève du surréalisme, pas de la science ! », affirmait
Luc Ferry en mars 2020, accusant les écologistes de « récupération
politique ». Voilà un philosophe bien mal informé. Car,
depuis les années 2000, des centaines de scientifiques tirent la sonnette
d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement
de la biodiversité, ont créé les conditions d’une
« épidémie de pandémies ».
C’est ce que montre cet essai, mobilisant de nombreux travaux et des entretiens
inédits avec plus de soixante chercheurs du monde entier. En apportant
enfin une vision d’ensemble, accessible à tous, Marie-Monique Robin
contribue à dissiper le grand aveuglement collectif qui empêchait
d’agir. Le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes
par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle
et la globalisation économique menace directement la santé planétaire.
Cette destruction est à l’origine des « zoonoses »,
transmises par des animaux aux humains : d’Ébola à la covid-19,
elles font partie des « nouvelles maladies émergentes » qui
se multiplient, par des mécanismes clairement expliqués dans ce
livre. Où on verra aussi comment, si rien n’est fait, d’autres
pandémies, pires encore, suivront. Et pourquoi, plutôt que la course
vaine aux vaccins ou le confinement chronique de la population, le seul antidote
est la préservation de la biodiversité, impliquant d’en
finir avec l’emprise délétère du modèle économique
dominant sur les écosystèmes."
Mon
analyse
Un livre remarquable. Des contacts avec plus de 60 chercheurs mondialement connus
dont des prix Nobel.Tout y est, et le livre se résume en quelques phrases
comme "On savait" selon Serge Morand dans l'introduction. "Le
cocktail qui favorise l'émergence des maladies infectieusess est bien
identifié, documenté et expliqué : la déforestation..
la fragmentation des forêts tropicales et espaces naturels.. l'urbanisation..
la globalisation qui encourage le déplacement de milliards d'humains...
Toutes ces activités provoquent le dysfonctionnement des services écosystémiques,
ce qui menace la santé des humains, des animaux et des plantes."
(p.14). Voir la définition des services
écosystémiques page 140. On trouve tout dans ce livre, par
exemple "Comment les forêts protègent la santé",
"Protéger les grands singes, c'est aussi protéger la
santé des humains", "La sixième extinction
des espèces", "Les engrais et les pesticides chimiques
favorisent les maladies infectieuses", "Le rôle protecteur
des helminthes", etc..
Le concept de biodiversité
est récent, il a été formalisé lors d'un colloque
en 1986 à Washington et c'est E.O. Wilson qui l'a diffusé avec
la publication de son livre Biodiversity en 1988 (p.98).
La déforestation par les orpailleurs en Guyane est un bon exemple. Les
mycobactéries de l'eau ne sont pas dangereuses mais l'abattage des arbres
ouvre la lumière et bouleverse l'équilibre et cela permet la prolifération
des ces algues (p.72-74). Et à propos des bactéries dans l'eau
que l'on boit en Russie qui est pleine de micro-organismes dans certains endroits
"Mais, à bas bruit, ces micro-organismes environnmentaux ne
sont pas dangereux, et peuvent même être considérés
comme une sorte de vaccin vivant. Ils font partie des vieux amis."
(p.183-4). "Le contact avec l'environnement naturel enrichit le microbiome,
humain, promeut l'équilibre immunitaire et protège des allergies
et des désordres inflammatoires." (p180).
A propos des espèces invasives : "Plusieurs études suggèrent
que les rongeurs généralistes ont une certaine plasticité
génétique, avec des récepteurs capables de se lier à
de nombreuses maladies, mais aussi de les transmettre. Ils sont aussi associés
à des environnements perturbés, peut-être du fait d'un avantage
évolutif qui leur permet de s'adapter à des habitats variés
et de vivre à proxilmité des humains.". Est-ce que les
fourmis invasives seraient aussi plus plastiques génétiquement
?