Disparition des Vertébrés

Alain Lenoir Mis à jour 10-Oct-2023

Les populations de vertébrés ont chuté de 58% entre 1970 et 2012 selon une étude publiée par le WWF. Tous les travaux confirment ce recul à la fois en termes de populations qui déclinent et d'étendue (Garric 2017), même si ce chiffre est discuté car très varaible selon les espèces et localités (Mouterde 2020). Selon l'IPBES (Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité) cela menace toute l'humanité (Garric et Le Hir 2018). Selon deux études du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, en 15 ans 30% des oiseaux des champs ont disparu (Foucart 2018a, Geoffroy 2018, mais pour Stéphane Foucart 2018c les effets des pesticides ont été minimisés). Les hirondelles aussi sont en diminution sévère chez nous (Vincent 2018). Les pesticides néonicotinoïdes ne tuent pas que les insectes mais aussi les oiseaux qui mangent des graines enrobées de pesticides (Foucart 2018b). Plus généralement on assiste à un effondement de la biodiversité (Garric 2017). Les singes pourraient disparaître dans ce siècle (Garric 2017). Même le bruit émis par les humains perturbe les écosystèmes et peut mettre en danger des espèces protégées comme des oiseaux ou des batraciens (Garric 2017). Les milieux d'eau douce sont très affectés, 38% pour les espèces terrestres. J'ai eu l'occasion de voir récemment des films des années 1980 en super8 qui ont été scannérisés, c'est impressionnant d'entendre les oiseaux chanter près de nos maisons.. cela a complètement disparu dans de nombreux endroits. Les sols dans nos régions deviennent stériles et "Il y a urgence à sauver les vers de terre" (Gatineau 2018). Tous les travaux confirment bien le déclin de la faune française, même si l'on peut faire confiance à la résilience de la nature selon Bruno David, le président du MNHN (Foucart 2019). Vive les envahisseurs ?? A Hawaï un oiseau envahisseur aurait plutôt un rôle positif dans la dispersion des graines...

Herrmann dans Le Monde du 23 mai 2023 :

Le WWF vient de publier en octobre 2022 son IPV "indice planète vivante". La biodiversité des vertébrés a chuté de 69% en 50 ans. C'est très variable selon les régions, 18% en Europe, 55% en Asie et Pacifique, 66% en Afrique, 94% pour l'Amérique latine et Caraïbes. Les causes dans l'ordre : changement d'usage des terres et fragmentation des espaces (agriculture intensive), surexploitation (pêche intensive, chasse, braconnage), pollutions et dérèglement climatique, enfin les espèces invasives (Mouterde 2022). Cet indice IPV avait été critiqué il y a 2 ans (Mourterde 2020).

Les serpents sont aussi de moins en moins nombreux, alors pour le plaisir, je montre des photos de la couleuvre verte et jaune (Coluber viridiflavus), espèce assez agressive, chez moi (Sauvagnon, 10 mars 22). Merci Anne Tinchant pour la détermination.

    

Batraciens. Les effets d'un champignon mortel pour les batraciens (Herzberg 2022).
"L’étude que vient de publier la revue Environmental Research Letters promet de faire date. Pour la première fois, une équipe de chercheurs y met en évidence le lien entre l’effondrement d’une population animale et une crise sanitaire humaine. Et pas n’importe lesquels : d’un côté l’hécatombe provoquée par le champignon Batrachochytrium dendrobatidis (Bd), qui fait des amphibiens le groupe animal le plus menacé, selon l’Union internationale de conservation de la nature. De l’autre, le paludisme, un fléau responsable de 627 000 morts, en 2020.
Le mécanisme apparaît assez évident : les amphibiens dévorent les insectes, surtout leurs larves, les têtards se gavent des œufs et des larves de moustiques flottant dans les mares. En quelle proportion ? Faute de données sur les densités de moustiques en Amérique centrale, les chercheurs avancent de rares travaux conduits ailleurs : une étude réalisée dans l’Indiana, en 2003, a ainsi montré une baisse de 98 % des populations larvaires de moustiques en présence de salamandres. Et la conclusion de s’imposer : moins d’amphibiens, plus d’insectes et donc plus de paludisme
."

Amphibiens.
- Après les papillons, Perrine Mouterde (2023) attire l'attention sur les amphibiens en plein déclin (Luedtke et al 2023)

- La fourmi d'Argentine peut entraîner la mort de nombreux amphibiens (voir Alvarez-Blanco et al 2021).
Après les papillons, Perrine Mouterde (2023) attire l'attention sur les amphibiens en plein déclin.

Birdnet, application pour décrypter les chants d'oiseaux. Si vous vous intéressez à la biodiversité.
- Wood, C. M., S. Kahl, A. Rahaman and H. Klinck (2022). The machine learning–powered BirdNET App reduces barriers to global bird research by enabling citizen science participation. PLos Biology 20(6): e3001670. doi: 10.1371/journal.pbio.3001670.

Selon Le Monde du 6 juillet 2022 :

Réf

- Alvarez-Blanco, P., X. Cerdá, A. Hefetz, R. Boulay, A. Bertó-Moran, C. Díaz-Paniagua, A. Lenoir, J. Billen, H. C. Liedtke, K. R. Chauhan, et al. (2021). Effects of the Argentine ant venom on terrestrial amphibians. Conservation Biology 35: 216-226. 10.1111/cobi.13604. Pdf
- Foucart, S. (2018). Les pesticides néonicotinoïdes ne tuent pas que les insectes. Le Monde. 21 mars 2018. 6.
- Foucart, S. (2019). La faune française décline massivement. Le Monde. 10 janvier 2019. 6.
- Garric, A. (2017). L'extinction de masse des animaux s'accélère. Le Monde. 12 juillet 2017. p.8.
- Garric, A. (2018). "On assiste à un effondrement de la biodiversité sauvage". Le Monde. 21 mars 2018. p.6.
- Herzberg, N. (2022).. Moins de grenouilles, plus de paludisme. Le Monde Science & Médecine. 12 octobre 2022. p.8.
- Luedtke, J. A., J. Chanson, K. Neam, L. Hobin, A. O. Maciel, A. Catenazzi, A. Borzée, A. Hamidy, A. Aowphol, A. Jean, et al. (2023). Ongoing declines for the world’s amphibians in the face of emerging threats. Nature. 10.1038/s41586-023-06578-4
- Mouterde, P. (2022). Biodiversité : le déclin inexorable des vertébrés. Le Monde. 14 octobre 2022. p.10-11.
- Mouterde, P. (2020). Le délicat calcul du déclin des vertébrés. Le Monde. 16 décembre 2020. p.7.
- Mouterde, P. (2023). Le déclin alarmant des amphibiens. Le Monde 6 oct 2023. p. 7. Pdf