Alain Lenoir - Qui suis-je ? (1945 - )
Mis à jour 01-Fév-2024
J’ai fait mes études
à l’École Normale Primaire de Grenoble (pour devenir instituteur,
on y rentrait interne sur concours à l'issue de la 3ème jusqu'au
bac), puis à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud,
qui est maintenant à Lyon.
Juste après l’agrégation de Sciences Naturelles que nous
avons d'ailleurs passée fin août suite aux grèves de mai
1968, quand je suis arrivé à Tours en septembre 1968, sur un poste
d’assistant on ne me demandait pas de faire une thèse comme maintenant,
la thèse de 3ème cycle n’existait pas, mais de faire une
thèse d’État, l’œuvre de toute une partie de
vie, 10 ou 20 ans de recherche (Lenoir 1979).
Le professeur Henri Verron
m’a dit comme sujet de recherche « Vous mettez deux fourmis
dans une boîte de Petri et vous observez ce qui se passe ».
Ensuite il ne m’a plus jamais suggéré quoi que ce soit !
Mais il avait eu l'idée géniale qu'il pouvait y avoir parmis les
fourmis des super-actives et des fainéantes, comme l'a dit plus tard
Luc Passera. Liberté totale. J’aurais très bien pu changer
de thème de recherche mais quand on a commencé à observer
des fourmis on ne peut plus s’arrêter ! J'ai soutenu ma thèse
en 1979 (voir la chanson La fourmication et
le pot de thèse). Il y avait P.-P.
Grassé comme président de mon jury de thèse, on était
allé au restaurant et j'étais mort de trouille alors qu'il dégustait
avec plaisir des huîtres.. On ne nous demandait pas de publier vite, on
pouvait publier aux Compte Rendus de l’Académie des Sciences où
officiait le Professeur Grassé,
spécialiste des termites et grand patron tout puissant de la zoologie.
Bien sûr il fallait publier en français !
J'ai été nommé
dans un "Laboratoire de Psychophysiologie" à Tours, nouvelle
appellation pour enseigner aux étudiants de psychologie de la biologie.
A l'époque il n'était pas évident du tout que le mental
ait besoin de bases biologiques, surtout quand on était entouré
de psychanalystes... J'ai beaucoup aimé les étudiants de psychologie,
souvent curieux et actifs. Il fallait arriver à les intéresser.
En effet ils n'étaient pas du tout informés qu'après leur
bac, le plus souvent littéraire, ils allaient faire de la biologie en
fac.. Il fallait toujours trouver un lien entre le cours et de la psycho. En
2019 les étudiants qui arrivent en licence de psycho tombent toujours
des nues en découvrant que les cours de statistiques et neurobiologie
remplissent une grande partie de l’emploi du temps (Alica Raybaud, Le
Monde du 14 novembre 2019). Ensuite j’ai pris le cours magistral de 1ère
année en amphi. Je faisais deux cours d’une heure et demi, dont
l’un le matin à 8 heures dans la salle de théâtre
Thélème (il n’y avait pas de grands amphis pour 300 étudiants
à cette époque). En haut de l’amphi il pouvait se passer
plein de choses. C’est ainsi que Michel
Isingrini me dira longtemps après qu’il cassait la croute en
haut de l’amphi, son premier cours à la fac a été
le cours de bio.. et finalement il a fait une thèse sur les fourmis.
En licence de cette époque (3ème année) il y avait un certicat
de Psychophysiologie, souvent la terreur des étudiants. En 2023 j'ai
rencontré une psychologue (à la retraite) qui a passé ce
certicat à Bordeaux dans les années 70 et se souvient avec horreur
des dissections de rats et de grenouilles. A Bordeaux le patron de la psychophysio
à cette époque était une terreur et même certains
étudiants allaient à Toulouse passer le certificat. On
faisait passer un oral à tous les étudiants pour ce certicat.
Je me méfiais avec les filles et je laissais toujours la porte entrouverte.
C’était dans les deux sens, pas uniquement de la part du prof,
je me souviens en particulier d’une fille qui m’avait carrément
vendu son oral. Il y avait aussi parfois des tensions pour des notes, j’ai
eu une seule fois un étudiant qui voulait me casser la gueule, heureusement
un de ses copains est intervenu.
Vinciane Despret sur France Inter le 23 janvier 2021 déclare que lorsqu'elle
parle des expériences de Harlow sur la privation maternelle chez les
singes, ses étudiants à Liège la critiquent en disant que
ce sont des expériences choquantes et qu'elle doit les prévenir
avant d'en parler. Les idées évoluent, j'ai présenté
tout le temps ces expériences à mes étudiants de psychologie
sans avoir de réactions choquées...
Je suis resté à Tours au laboratoire de Psychophysiologie jusqu'en 1986 où je suis nommé professeur à Paris13-Villetaneuse. En 1995 je reviens à Tours au DESCO (Département des Sciences du COmportement, qui a succédé au Laboratoire de Psychophysiologie), puis j'intègre l'IRBI (Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte) où je suis professeur, puis émérite jusqu'en 2023. D'ailleurs l'IRBI prend comme "photo d'identité" une image de fourmis.. Je reste en contact avec l'IRBI comme "Chercheur associé".
J'ai beaucoup aimé les cours que je faisais en éthologie avec les étudiants de master de bio, d'ailleurs un collègue qui n'aimait pas l'enseignement et considérait qu'il perdait son temps m'a demandé comment je faisais pour passionner les étudiants. je crois que je lui ai simplement répondu "Il faut d'abord les aimer". J'ai aussi lors de ma dernière année de cours en 1985 supprimé mon cours que j'avais mis en ligne. Et, au lieu du cours on discutait. Certains collègues m'ont d'ailleurs dit que j'allais me faire "voler" mes cours. J'étais un peu un précurseur.. D'aileurs, certains de ces cours ont été utilisés par des étudiants africains qui m'ont remercié plus tard.
Voir quelques souvenirs dans Lenoir 2021.
Bernadette Darchen a été la première personne à m'initier à la connaisance des insectes sociaux lors d'un stage d'été à la station biologique des Eyzies en juillet 1969. Je me souviens qu'elle nous avait montré les Dolichoderus quadripunctatus dans les petites branches d'un noyer (ou d'un chêne ?). Nous avions assité aux premiers pas de l'homme sur la lune dans un bar aux Eyzies le 20 juillet 1969 avec une vieille télévision en noir et blanc. Elle a organisé en 1974 un stage pour étudiants à Lamto (Côte d'Ivoire) d'inititation à la faune des insectes sociaux de la savane arborée. Plus tard, nous sommes passés en famille voir Bernadette et Roger Darchen à leur maison où nous avons mangé du lama. Les enfants qui avaient une dizaine d'années s'en souviennent encore.
Pour en savoir plus voir "50 ans de fourmis", conférence au colloque de la Section Française de l'Union Internationale pour l'Etude des Insectes Sociaux à Tours, août 2015. Voit liste de publications
Quelques photos et dessins :
En avril 2020 pendant le conditionnement il vaut mieux boire de la bière Budweiser plutôt que la Corona..
2017 Colloque Insectes Sociaux à Tours :
et un hommage par Xim Cerdá(vidéo)
Avant la télé, d'Yvan Pommaux, L'école des loisirs (2002). Un livre que l'on m'a offert pour mon anniversaire en 2015. Il fallait chercher la dédicace..
Pot de départ à la retraite de Dominique Fresneau à Villetaneuse (2014)
2011 thèse de Sarah Groc à Kourou avec Alain Dejean :
La retraite 2005 (dessin Camille Gallot-Lavallée) :
Quelques vidéos : et une autre sur les phtalates
Quelle mouche m'a piqué ? Vidéo de Rémi Rappe (2013) Vidéo entière - extrait
FOURMAG. Le magazine qui vous met des fourmis dans les jambes, par Maëva Guillemain, Zoé Chabanel et Jean Borderie du lycée Vaucanson à Tours (2010). interview d'Alain Lenoir,
Un papy passionné de fourmis selon mes petits-enfants dans les années 2010 (selon Luc Passera : "J’ai bien aimé le petit mot écrit par tes petits-enfants. Consacrer sa vie professionnelle et plus à la vie des fourmis ne signifie pas que nous sommes hors sol. " Mail du 3 décembre 2020).
Papi fourmi par Apolline Capelle (sept 2022)
Conférence au Burkina Faso en 2004 :
Santiago du Chili, colloque Franco-chilien organisé par Ipinza Regla (1996) :
Un jury de thèse 19 nov 1993 :
1992 au Japon avec Jacques Pasteels :
- Colloque Insectes Sociaux à Louvain, mai 1992 :
- Au Québec en 1988 avec Chritine Errard à la chasse aux fourmis :
30 ans de vie de fourmis selon Karine Lenoir (1986) :
La vengeance des fourmis selon Karine Lenoir (1982) :
Principaux thèmes de recherches
Nouvelles
recherches
- Tapinoma
magnum, nouvelle fourmi invasive dans le sud-ouest. Voir aussi à
Saumur
avec interview (30 juin 2021) : "Alain Lenoir est professeur émérite
à l'Institut de Recherche sur la Biologie des Instectes de Tours. Il
est venu constater ce phénomène. "J'ai été
impressionné par la quantité de fourmis, reconnaît-il. Ça
fait partie de toutes les espèces invasives qu'on voit partout dans le
monde avec les déplacements. Il suffit d'une plante, d'un pot de fleurs
avec une reine et quelques ouvrières." Le professeur Lenoir, se
veut rassurant, la Tapinoma Magnum n'a pas de venin. Tout au plus elle mordille,
ce qui peut-être effectivement désagréable. "Elle se
développe avec les hivers doux, ajoute-t-il. A l'intérieur des
maisons, il faut essayer de trouver par où elles passent et boucher les
trous. Et enlever les nourritures possibles ou mettre la nourriture dans des
pots bien étanches."
En Bretagne on se pose des questions, par exemple dans Le Télégramme
"avec interview de Jean-Luc Mercier et citation du site web de votre serviteur
" (Cudennec-Rio
2022).
Du nouveau sur les fourmis envahissantes en France :
Lenoir, A., J.-L. Mercier, E. Perdereau, L. Berville and C. Galkowski (2023).
Sur l’expansion des fourmis envahissantes du genre Tapinoma en
France (Hymenoptera : Formicidae). Osmia 11: 1-10. Pdf. https://doi.org/10.47446/OSMIA11.1.
Pdf.
Les effets de l'alimentation sur les Tapinoma magnum (Lenoir 2022).
- Proformica.
De
nouvelles espèces de Proformica en Grèce
(Lebas et al 2023)
et France (Galkowski et al 2022).
- Chémotaxonomie des Dolichoderines d'Europe (Lenoir et al 2023)
Citations
- Anne Teyssèdre (1991).
Mimétisme chimique. Pour la Science n°169. Pdf
Txt. A. Teyssèdre
parle de Michel Isingrini, Alain Lenoir et Pierre Jaisson qui ont montré
chez Cataglyphis cursor que l'empreinte olfactive peut commencer dès
le stade larvaire (Isingrini et al 1985).
Interviews
- Extrait de "Dans le ventre de leur mère, les bébés
requins se massacrent" (ça m'intéresse juillet 1995). Pdf
Etudiants
master (DEA à l'époque)
- Ataya
Hussein (1977) - Le comportement nécrophorique de la fourmi Lasius
niger. DEA Univ. de Rennes, 37p.
- Delalande
Christian (1981) - Les stratégies de récolte alimentaire chez
les fourmis moissonneuses du genre Messor. DEA Univ. de Rennes, 40p.
- Isingrini
Michel (1983) - La reconnaissance coloniale dans les soins au couvain chez
la fourmi Cataglyphis cursor. DEA Univ. Paris Nord, 102p.
- Quérard Laurence
(1985) - Reproduction et exploitation de l’habitat chez la fourmi Cataglyphis
cursor. DEA Univ. Tours, 51p. Voir
Lenoir et al 1988
et
Lenoir et al 1990.
- Pondicq Nicole (1983) -
Étude des territoires chez la fourmi Cataglyphis cursor (Hymenoptera
Formicidae). DEA Univ. Tours, 39p. Voir Lenoir
et al 1988
- Barbazanges Nicolas (1989)
- Reconnaissance interspécifique au sein de l’association Formicoxenus
provancheri - Myrmica incompleta (Formicidae, Myrmicinae). DEA
Univ. Paris Nord, 25p.
- Anglade Françoise
(1989) - Étude du rôle de la fluorescence cuticulaire dans la reconnaissance
interindividuelle chez le scorpion Androctonus australis (Buthidae).
DEA Univ. Paris Nord, co-direction avec J. Goyffon (MNHN).
- Oliva Lidivina (1990) -
Reconnaissance coloniale spécifique chez deux espèces de fourmis
Camponotus (Hymenoptera, Formicidae). DEA Univ. Paris Nord, 29p.
- Mercier
Jean-Luc (1992) - Structure sociale et utilisation du milieu chez Polyrhachis
laboriosa (Hymenoptera : Formicidae). DEA Univ. Paris Nord, 23p.
- Viana
Ana Maria (1992) - L’attractivité des larves chez la fourmi
Myrmica rubra. Première approche de la mise en évidence
de phéromones. DEA Univ. Paris Nord, 23p.
- Quagebeur Mélanie
(1996) - Les effets de la privation sociale chez la fourmi Camponotus.
DEA Univ. Paris Nord. Voir Boulay
et al 1999.
- Cuisset David (1997) – Effets de l’isolement social sur l’odeur
coloniale et le comportement des fourmis Camponotus et Aphaenogaster.
DEA Univ. Paris Nord, 24p. Voir
Lenoir et al 2001.
- Marsault Delphine (1998)
– Adaptation des fourmis Cataglyphis au climat désertique
: importance des hydrocarbures cuticulaires. DEA Adaptation et survie en environnements
extrêmes. Univ. Lyon I, Aix-Marseille II et St–Etienne, Univ. Tours,
29p. Résumé
Voir
Lenoir et al 2009
- Frézard Anne (1998,
avec Christine Errard) : Symbiose et odeur coloniale chez la fourmi champignonniste
Acromyrmex subterraneus subterraneus (Université Paris 13 et
Univ. Tours) Résumé
- Renault Julien (2003) -
Différents aspects de la modalité de reproduction chez la fourmi
Aphaenogaster senilis Mayr (Hymenoptera, Formicidae Myrmicinae). DIRS
Univ. Tours.
Etudiants
doctorat
- Michel Isingrini,
thèse 1985.
- Françoise
Berton, thèse 1989.
- Hussein Ataya, thèse
1980.
- Christian
Delalande, thèse 1986.
- Elise Nowbahari,
thèse 1988.
- Catherine Vienne,
thèse 1993 (co-direction Christine
Errard).
- Ana Maria Matoso
Viana, thèse 1996.
- Abdallah Dahbi,
thèse 1997.
- Jean-Luc Mercier,
thèse 1997.
- Raphël Boulay,
thèse 1999.
- Virgine
Cuvillier-Hot, thèse 2002 (co-direction Christian
Peeters).
- Jean-Christophe
Lenoir, thèse 2006 (co-direction Jean-Luc
Mercier).
- Danival de Souza,
thèse 2008.
Postdocs
et divers
- Cerdá Xim, Javier Retana,
et Xavier Espadaler
doctorants à Barcelone, formation à la myrmécologie et
au marquage des fourmis (1985-86). Plusieurs semaines.
- Cerdá Xim
(Barcelone) : post-doc à Paris 13 de sept. 1991 à déc.
1992 (bourse du gouvernement français). Directeur du CSIC à Séville
de 2014 à 2019. Sabbatique à l’IRBI du 1er septembre 2004
au 31 mars 2005.
- Hefetz
Abraham (Tel Aviv) : poste rouge CNRS de 6 mois en 1995 (Paris 13) et bourse
Région Centre de 4 mois en 2001 (Tours). Professeur invité mai
– juin 2004 et juin – juillet 2006
- D’Ettorre
Patrizia (Parme) : bourse Marie Curie puis bourse du CNR italien (avec C.
Errard), juillet 1998 à mars 2001, puis postdoc à Regensburg (All.),
Contrat UE à Copenhague pour 5 ans à partir de juillet 2005. Professeure
à Paris 13 au 1er novembre 2009.
- Ichinose
Katsuya (Japon) : Chargé de Recherche au ministère de l’agriculture
japonais (Okinawa), en congé sabbatique, bourse du gouvernement français
(oct. 2001 – déc. 2002).
- Reynolds Hannah (USA) :
étudiante graduée Université du Kansas, bourse Fullbright
(sept. 2004 – juillet 2005). PhD à l’université de
Duke (USA) sur les champignons en 2011.
- Delabie
Jacques, Chercheur au CEPLAC (Centro de Pesquisas do Cacau) et Professeur
à Universidade Estadual de Santa Cruz (Ilheus-Itabuna Brésil)
: octobre à décembre 2006 sur poste invité CNRS à
Tours.
Des
rencontres et autres contacts
- Des
nouvelles de Pierre Jaisson
(mail du 9 janvier 2024) : "J'en
profite pour te confier combien je suis admiratif pour l'œuvre que tu continues
sans relâche pour la culture myrmécologique en particulier francophone.
l'an dernier je voulais te dire combien J'ai été surpris et flatté
l'an dernier par l'article me concernant dans ton "Dictionnaire amoureux
des fourmis", que m'a signalé un ami sétois. Mon ego en a
frémi d'autant plus que je n'avais jamais eu la curiosité d'aller
y voir, ni soupçonné son existence !"
- J'ai été invité à Aurillac aux journées
de la science en 2009 pour faire une conférence sur les fourmis. Le vendredi
soir Jean-Marie Pelt était l'invité d'honneur. Le soir, au dîner
on a beaucoup discuté. On s'est mis à parler de la monogamie chez
les oiseaux et je lui ai appris que c'était le plus souvent faux et qu'il
y a énormément de petits qui ont un autre père.. Il m'a
remercié. Il a eu plus de 400 personnes à sa conférence
et moi le lendemain peut-être 50.. Il parait pour les organisateurs que
c'était un bon nombre.
- J'ai rencontré E.O.
Wilson une seule fois dans son labo dans les années 1980. Il a été
très attentif et intéressé par nos travaux sur les hydrocarbures
et en particulier sur les Formicoxenus
et leur hôte Myrmica. Je l'ai revu ensuite au congrès
international à Washington en 2006, il faisait un exposé, mais
je n'ai pas osé l'approcher..
- Ross Crozier venait tous les étés en Europe et il est venu à
Tours dans les années 80. Chercheur très intelligent et ouvert,
intéressé et curieux. Passionné des problèmes d'évolution
et en particulier de la reconnaissance de parentèle. On l'a invité
à dîner à la maison. Il y avait ma maman qui a été
très impressionnée par ce grand chercheur. Hélas il est
mort trop jeune en 2009 à 66 ans.
- 1er mars 1945 : « Un bel évènement en France ; Alain
a vu le jour alors que le monde était dans la tourmente… il a alors
décidé de consacrer sa vie aux fourmis, le monde des hommes étant
trop violent…. dit-il dans son premier cri… » (Évelyne
Vacherias, 1er mars 2015).
- Mathieu Lihoreau
: "Je profite de ce temps pour écrire mon HDR... J'y décris
brièvement mon stage de M1 sur Aphaenogaster senilis. Merci
encore pour m'avoir mis le pied à l'étrier!" (mail 15
avril 2020).
Dans son livre A
quoi pensent les abeilles ?" (2022)
"J’ai découvert
la recherche avec mon professeur d’éthologie, sans vraiment me
soucier du travail qu’il me proposerait. Il me fallait un stage et une
bonne note. Alain Lenoir avait passé sa carrière à étudier
la communication chimique chez les fourmis. Avec lui, j’ai donc disséqué
des centaines de fourmis et analysé leurs odeurs par des techniques de
physique-chimie. Pas de comportement. Ni de chimpanzés. Mais après
plusieurs semaines de travail, j’ai pu conclure que les fourmis françaises
avaient une odeur différente des fourmis espagnoles, bien qu’elles
fussent de la même espèce. Comme je n’avais pas lu la littérature
scientifique en détail (ce qu’il faut toujours faire avant d’attaquer
une question de recherche), j’ignorais que je n’avais rien découvert
de très nouveau : chez la plupart des espèces de fourmis, les
membres d’une même colonie ont la même odeur et celle-ci est
en partie déterminée par les nombreux gènes qu’elles
ont en commun. Par conséquent, des fourmis issues de colonies éloignées
géographiquement (par exemple des deux côtés des Pyrénées)
le sont également génétiquement et olfactivement.
Malgré cette porte ouverte enfoncée, Alain semblait satisfait
de mon travail et m’encouragea à continuer dans cette direction.
Ce que je fis avec enthousiasme et c’est comme cela que j’en suis
venu à me passionner pour la personnalité des blattes, le vote
des mouches, la navigation des bourdons, l’apprentissage des abeilles
et bien d’autres aspects de la vie intime des insectes que je raconte
dans les chapitres de ce livre.
- Christophe Lucas
qui a présenté pour la première fois son travail de thèse
dans un colloque. Il parait que j'ai dit à la fin de son talk "je
ne crois pas à ce que tu as dit", et cela l'a profondément
marqué. Il s'en souvenait encore très longtemps après.
Comme quoi il faut faire attention à la manière de dire les choses..
- Un merci de Christian
Peeters en 2015 :
- Dédicace de Jean-Claude Verhaeghe à la sortie de son livre "Les fourmis de nos régions"
- Dédicace de Bruno Corbara à la sortie de son livre "Les sociétés d'insectes" en 1990 :
- Dans les années 90, je suis allé voir Alfred Buschinger (voir blog) à Darmstadt (Allemagne) pour parler des Formicoxenus. Il m'a reçu chez lui très gentiment. emmené en forêt en chercher dans des nids de fourmis rousses et hélas nous n'avons rien trouvé. C'était la fin de l'hiver. Il était profondément vexé..
- Dans les
années 80, le laboratoire de Tours avait une collaboration avec Jacques
Pasteels à Bruxelles. Selon
Annick Lenoir : "Annick m'a rappelé que tu étais venu
à Tours (années 75-80?) en relation avec le labo de Verron et
qu'on avait fait un tournoi de ping-pong dans notre grange et que tu avais gagné."
La réponse de Jacques : "Annick a très bonne mémoire.
Ce qu’elle ne dit pas, c’est que j’ai cassé une raquette
en tentant de reprendre une balle superbement envoyée par un périphérique
(pour moi) de notre groupe dont je ne me rapelle plus le nom. J’ai gardé
longtemps la coupe, un coquetier je crois." (mail du 3 janvier 2021).
Jacques Pasteels m'a appris
à reconnaître les Tapinoma
à l'odeur ; en effet il suffit de les écraser et elles sentent
le beurre rance.
- Boris
Cyrulnik, neuropsychiatre très connu, venait au DESS
(master) d’éthologie appliquée à Villetaneuse dans
les années 90. J’ai été très impressionné
par ses idées comme la résilience,
à l’époque notion inconnue. Il m’a d’ailleurs
proposé d’écrire un chapitre sur les fourmis dans «
Si les lions pouvaient parler – Essais sur la condition animale ».
(Lenoir 1998).
Quelques citations
et divers
J'ai toujours été passionné dans mon travail sur les fourmis.
Comme le dit bien Kundera (La lenteur, 1995) : « Les entomologistes
sont de curieux mufles : ils négligent la jeune fille bien qu’elle
les écoute avec la meilleure volonté du monde, prête à
rire quand il le faut ». Cela doit signifier que les entomologistes
sont passionnés et parfois en oublient de voir ce qui se passe autour
d’eux, même les plus jolies filles. « Nous, les gens de
science, sommes privilégiés car faire un travail qui est en même
temps une passion, c’est un privilège, oui, mes amis, le privilège
que n’ont jamais connu mes compagnons ouvriers du bâtiment, parce
qu’il est impossible de porter des poutres avec passion. ».
C’est ce que dit un savant tchèque envoyé pour travailler
dans le bâtiment pendant 20 ans. Rémy
Chauvin aussi a toujours été passionné. Il explique
"Pourquoi consacrer plus de quarante années d'une vie d 'homme
de science à un seul sujet, celui des insectes sociaux ? ... quand j'ai
entrepris d'étudier les fourmis.. j'aimais ces petits monstres..
".
"Je
suis myrmécologue. C'est comme cela qu'on appelle une biologiste qui
s'intéresse aux fourmis. "Etudier les fourmis ??? Et on
te paie pour faire ça ?" Telle était la réaction d'une
copine que je n'avais pas vue depuis des années. Je suis maintenant habituée
à ce que certains de mes amis manifestent une sorte d'incompréhension totale
que je ne fasse rien de plus "utile". (Cleo
Bertelsmeier, 2019 ; Les
guerres secrètes des fourmis, p. 9)
Cela me rapelle Luc
Passera qui lors d'un colloque UIEIS à Toulouse
en 2007 disait à peu près la même chose et ajoutait
qu'il se sentait quand même un devoir envers la société
pour déboucher sur des recherches intéressantes pour l'Homme,
par exemple sur la fourmi d'Argentine. Cela me rappelle aussi un technicien
informatique à l'université de Tours qui venait de me dépanner
et à qui j'expliquais mes travaux sur les phtalates des fourmis et qui
me dit qu'il était fier d'aider un chercheur qui peut aider l'humanité
(oui, bon, c'est exagéré mais cela fait plaisir).
Valérie Masson-Delmotte (coprésidente du GIEC) déclare
: "Je suis payée par les impôts des gens. J'ai le sentiment
de devoir partager les connaissances produites grâce à cela."
(Guarric 2020).
« Tu penses que ton travail d’université peut servir à quelqu’un à quelque chose, tu appelles cela des recherches. » « J’ai prévu de te demander pourquoi le mot docteur dans tes études. Je ne vois pas bien ce qu’on peut soigner à l’université, à part soigner des cerveaux qui pensent déjà trop.» Paul Bedel et Catherine Boivin "Nos vaches sont jolies parce qu'elles mangent des fleurs" (Pocket 2017, p. 28).
Selon Philippe Grandcolas dans le Monde du 8 avril 2020 :
Je suis de plus en plus convaincu que la science n'est pas éternelle, il faut douter et savoir se remettre en question. Sylla de Saint Pierre dans son livre "Dans le secret des abeilles" écrit : "lorsque plusieurs grands esprits scientifiques se sont emparés d'un même sujet, y ont travaillé avec acharnement et en tirent des conclusions diamétralement opposées. Je me laisse guider par mes convictions et mes intuitions."
Des espèces
dédiées à mon nom (eh oui!!)
- un champignon parasite de fourmis que j’ai trouvées en Grèce
sur des Messor : Rickia lenoirii (Santamaria and Espadaler 2015),
- Thorictus lenoiri, coléoptère myrmécophile décrit
par Jirí Háva (2020).
- Brian Taylor avait décrit une nouvelle espèce de Cataglyphis
du Burkina Faso C. lenoirii, mais qui s'est révélée ensuite
être C. saharae (voir plus).
- Fustiger
lenoiri, une nouvelle espèce de coléoptère myrmécophile
que j'ai récoltée en Guyane en 2015 dans un nid en parabiose de
Camponotus femoratus et Crematogaster sp. sur une broméliacée
arboricole, avec Axel Touchard et Céline Leroy. Un très joli coléoptère
(Hava 2023).
Les voeux de Champlain Djieto pour 1996 à Alain Lenoir :
Voir
- Chauvin
Rémy - Dieu
des fourmis Dieu des étoiles. Le Pré aux Clercs 1988,
250 pages.
-
Cudennec-Rio, V. (2022) Quelle est cette super-fourmi qui pourrait en pincer
pour la Bretagne ? letelegramme.fr
9 mai 2022
- Guarric,
A. (2020). Savants ou militants ? Les chercheurs face à la crise écologique.
Le Monde Science et Médecine 11 mars 2020. p. 1, 4-5. Pdf
- Lenoir, A. (1979). Le comportement alimentaire et la division du travail chez
la fourmi Lasius niger. Bulletin Biologique de
la France et de la Belgique 113: 79-314. Pdf
-
Lenoir A. (1998) – Les fourmis. Dans « Si les lions pouvaient parler
– Essais sur la condition animale », Sous la direction de Boris
Cyrulnik, Quarto, Gallimard, 389-401. Pdf