Robots-fourmis
Alain Lenoir mis à jour 03-Nov-2025
La fourmi est particulièrement appréciée des chercheurs pour sa capacité à collaborer dans la réalisation d’une tâche. Elle inspire les travaux de robotique depuis le début de cette science. Ainsi, la fourmi du désert utilise la lumière polarisée pour revenir en ligne droite à son nid après avoir cherché de la nourriture selon une trajectoire sinueuse. On construit des robots selon ce principe (Jean-Arcady Meyer, "Travailler sur les robots permet de mieux comprendre les êtres vivants", Le Monde 16 mars 1999). Pour les nombreux travaux de robotique voir Passera & Wild (2016). Des robots danseurs avaient déjà été fabriqués pour communiquer avec les abeilles (Michelsen 1998). En intelligence artificielle on simule avec des algorithmes des fourmis à quatre pattes qui doivent avancer (Larousserie 2019). Des robots fourmis avancent en interaction avec des phéromones virtuelles. La stigmergie permet la coordination dans l'exploration collective (Hunt et al 2019). Dès les années 2000, Eric Bonabeau et Guy Théraulaz 2000a, 2000b) travaillent sur l'intelligence en essaim avec des robots.
Un 
  robot aide à révéler comment les fourmis transmettent les 
  connaissances, 
  10 août 2022. Temnothorax albipennis déménage selon 
  une course en tandem où la fourmi qui est devant apprend le tracé 
  à la suiveuse. Cela a été vérifié avec un 
  robot qui montre le chemin (Franks et al 2022). Voir Course 
  en tandem.
  "Les chercheurs ont construit une grande arène afin qu’il 
  y ait une distance appréciable entre l’ancien nid de fourmis, volontairement 
  de mauvaise qualité, et un nouveau bien meilleur où les fourmis 
  pourraient être conduites par un robot. Un portique a été 
  placé au sommet de l’arène pour se déplacer d’avant 
  en arrière avec un petit robot coulissant attaché à celui-ci, 
  afin que les scientifiques puissent diriger le robot pour qu’il se déplace 
  le long de routes droites ou ondulées. Des glandes olfactives attrayantes, 
  provenant d’une fourmi ouvrière, ont été attachées 
  au robot pour lui donner les phéromones d’une fourmi enseignante.
  Le professeur 
  Franks a expliqué : « Nous avons attendu qu’une fourmi quitte 
  l’ancien nid et avons placé la broche du robot, ornée de 
  phéromones attrayantes, directement devant elle. La tête d’épingle 
  a été programmée pour se déplacer vers le nouveau 
  nid soit sur un chemin droit, soit sur un magnifique Nous avons dû permettre 
  au robot d’être interrompu dans son voyage, par nous, afin que nous 
  puissions attendre que la fourmi suivante nous rattrape après qu’elle 
  ait regardé autour d’elle pour apprendre des points de repère.
  « Lorsque la fourmi suiveuse a été conduite par le robot 
  vers le nouveau nid, nous lui avons permis d’examiner le nouveau nid, 
  puis, à son rythme, de commencer son voyage de retour. Nous avons ensuite 
  utilisé le portique pour suivre automatiquement le chemin du retour. 
  fourmi. »
  L’équipe a découvert que le robot avait en effet enseigné 
  l’itinéraire avec succès à l’apprentie fourmi. 
  Les fourmis connaissaient le chemin du retour vers l’ancien nid, qu’elles 
  aient pris un chemin sinueux ou droit.
  Le professeur Franks a expliqué: « Un chemin droit pourrait être 
  plus rapide, mais un chemin sinueux donnerait plus de temps à la fourmi 
  suivante pour mieux apprendre les points de repère afin qu’elle 
  puisse retrouver son chemin aussi efficacement que si elle avait été 
  sur un chemin droit.
  « Fondamentalement, nous avons pu comparer les performances des fourmis 
  que le robot avait enseignées avec celles que nous avons transportées 
  sur le site du nouveau nid et qui n’avaient pas eu l’occasion d’apprendre 
  l’itinéraire. Les fourmis apprises ont retrouvé leur chemin 
  beaucoup plus rapidement. et avec succès. »"
Des robots 
  en essaim (Trustmyscience 
  21 octobre 2021).
  "En s’inspirant des fourmis, la professeure Yasemin Ozkan-Aydin 
  de l’université de Notre-Dame (États-Unis) et son équipe 
  ont mis au point un ensemble de robots quadrupèdes imprimés en 
  3D capables de travailler ensemble pour surmonter ces difficultés. On 
  appelle cette branche de la robotique la « robotique en essaim ». 
  Chaque spécimen mesure entre 15 et 20 cm de long et intègre une 
  batterie au lithium-polymère, un microprocesseur, un capteur de lumière 
  monté à l’avant ainsi que deux capteurs tactiles magnétiques 
  — à l’avant et à l’arrière. Les quatre 
  pattes, très flexibles, permettent de réduire le nombre de capteurs 
  et de pièces supplémentaires et confèrent aux robots un 
  niveau d’intelligence mécanique, ce qui les aide à interagir 
  avec des terrains accidentés ou irréguliers. Les détails 
  ont été publiés dans la revue Science Robotics. Dans une 
  expérience visant à tester leur capacité à surmonter 
  les obstacles en essaim, les chercheurs ont placé des blocs de bois collés 
  sur des panneaux de particules entre un robot et le point d’arrivée 
  (l’objectif) puis ont observé comment il se comportait. Confronté 
  à l’obstacle, le robot a comme prévu transmis un signal 
  aux autres unités situées à proximité, qui l’ont 
  aussitôt rejoint. Ainsi, 
  les robots ont formé un véritable pont qui a permis à l’ensemble 
  d’atteindre l’objectif. Ils peuvent également se servir de 
  cette capacité pour transporter des objets trop grands ou trop lourds 
  pour leur taille et poids."
- Des essaims autonomes de fourmis robots pourraient aider à explorer d'autres planètes selon un chercheur de Californie (Video Fox News Flash 9 juin 2020).

- Polytech à Tours fabrique des petits robots : A propos de Raphaël Boulay : "En première année d'ingénieur (bac+1) on fait fabriquer des robots aux 120 étudiants qui arrivent. Comme cela ils sont initiés à l'électronique, la mécanique et l'informatique. Ils sont même sensibilisés à l'environnement car le robot est construit pour faire des mesures environnementales et pour construire ensuite une carte avec ces données. Potentiellement on fabrique 60 robots tous les ans ! On avait imaginé avec Raphaël utiliser cette grosse colonie pour illustrer des mécanismes de régulation dans lesquels la "personnalité" introduirait de la variabilité de comportement. On n'était pas sûr du pouvoir observer quelque chose mais cela aurait été amusant d'impliquer des étudiants dans ces idées ! (Nicolas Monmarché, mail du 31 janvier 2020). Il faut signaler que des roboticiens de Tours avaient déjà envisagé de faire un robot qui s'inspire des mécanismes d'orientation visuelle des fourmis (Françoise et al 2000).
- Antbot, un robot qui s'oriente sans GPS comme les Cataglyphis du désert. Pour cela, ses créateurs, des chercheurs du CNRS et de l’université d’Aix-Marseille, l’ont doté d’une boussole solaire qui capte la polarisation de la lumière solaire. A cette technique s’ajoute celle de l’observation du défilement du paysage et du comptage des pas. Contrairement aux autres fourmis, celles-ci, qui vivent dans le désert, ne peuvent pas se repérer en utilisant leur odorat, à cause de la chaleur. Elles ont donc développé cette technique de la boussole solaire, très fiable, qui leur permet de retrouver leur nid. AntBot est un bel exemple de biomimétisme, la discipline dans laquelle la science s’inspire de la nature. Cela devrait permettre d’aider d’autres robots autonomes comme les voitures sans chauffeur. Le prix spécial de la recherche des Bouches-du-Rhône a été attribué le 15 février 2021 à Julien Serres, de l'Institut des sciences du mouvement à Marseille, qui travaille sur la navigation autonome et un robot s'appuyant sur le biomimétisme et l'observation des fourmis du désert (Lien).
Voir vidéo du Monde et Le Monde du 20 février 2019
- Des 
  mini-robots qui collaborent avec des fourmis
  Des 
  scientifiques du projet européen CyBioSys ont en effet créé 
  deux mini-robots (des Mobots) qui ont été introduits puis acceptés 
  dans la société très organisée des fourmis. Dès 
  lors qu’une colonie de fourmis se met en marche vers de nouveaux butins 
  (des débris et de la nourriture le plus souvent), nos deux robots sont 
  avertis à distance, suivent la petite troupe de fourmis et transportent 
  ensuite les morceaux les plus gros pour les rapporter à la fourmilière. 
  Non seulement les fourmis « acceptent » sans effort les deux androïdes, 
  mais elle finissent même par profiter des capacités de « 
  portage » des robots afin d’effectuer un plus grand nombre de raids 
  de nourriture dans une même journée. In fine, les fourmis se comportent 
  comme si elles « aidaient » les robots à trouver la nourriture, 
  et les robots à leur tour « aident » les fourmis à 
  transporter la nourriture; c’est ce que l’on appelle une synergie. 
  Les chercheurs du projet CyBioSys estiment que ces recherches originales peuvent 
  impacter les travaux sur l’IA et même le comportement de robots 
  « exploratoires » lorsque ces derniers se retrouvent dans des environnements 
  hostiles; s’ils le disent…(Frederic 2017)

- des fourmis bioniques : Avec ses BionicANTs, Festo a non seulement réussi à reproduire en version robotisée l’anatomie des fourmis mais également leur comportement de coopération grâce à des algorithmes complexes. Telles les formicidés naturels, les BionicANTs de la marque allemande Festo communiquent entre eux et coordonnent leurs actions et déplacements les uns par rapport aux autres. Ces fourmis artificielles démontrent encore une fois comment de simples unités isolées peuvent accomplir des tâches complexes par le simple fait d’une coopération globale intelligente. C’est ce que l’on appelle l’intelligence collective. Grâce à ce comportement d’essaimage, les robots fourmis travaillent ensemble en suivant des règles individuelles simples. L’université de Harvard étudie également ces comportements en coordonnant 1 024 robots entre eux. L’Université de Pennsylvanie a imaginé un système de robots sauveteurs s’assemblant entre eux de manière autonome.

- On vient de comprendre comment les fourmis de feu s'organisent pour construire des tours. Cela permettra peut-être de faire des petits robots autonomes (agissant en essaims) qui grimpent les uns sur les autres pour franchir une marche.
- Un travail présenté à la Société de Biology Intégrative et Comparative par des biologistes et des biomécaniciens part de l'observation que seulement un petit nombre de fourmis de feu creusent les galeries. Ils ont programmé des robots à creuser. Quand peu de robots travaillent le rendement est supérieur de 35%. Cela pourrait expliquer le mystère des fourmis inactives (Pennisi 2016). Voir La fourmi travailleuse
- Un robot-fourmi à Stanford (USA) a réussi à tracter 2 000 fois son poids (Science et Vie 2016). Les chercheurs se sont inspirés des forces qui permettent l'adhésion des pattes des fourmis au sol et du travail en équipe des fourmis qui multiplie la force.
- Grawer et al ont fait un modèle de distribution par trophallaxie de la nourriture dans la colonie avec des agents, modèle qui pourrait servir à des colonies de robots pour échanger de l’énergie (Grawer et al. 2016).
- Cataglyphis avait déjà inspiré les roboticiens qui ont mis au point Sahabot2 : "Miss bombycina, conçue pour la survie en enfer (ça m'Intéresse septembre 2001 - Pdf) avec interview de Rüdiger Wehner (Université de Zurich) par Jean-Pierre Vrignaud.
- Dans un dossier intitulé 
  « Biomimétisme : Les cinq animaux préférés 
  des innovateurs », Industrie 
  & Technologies revient sur le travail collaboratif de la fourmi.
  "Ce n'est pas sa petite taille ou sa façon de 
  se déplacer qui intéresse les chercheurs, mais sa façon 
  de travailler ! Et de communiquer... Festo s’est inspiré à 
  la fois des caractéristiques physiques de la fourmi comme de sa manière 
  de travailler en collaboration pour développer ses robots. C’est 
  notamment le cas de Bionicants, des fourmis de 13,5 centimètres de long 
  imprimées en 3D. Equipées de capteurs optiques, elles peuvent 
  s’orienter dans l’espace, mais également travailler en collaboration 
  et de manière autonome. Toujours dans le collaboratif, des chercheurs 
  de l’université de Californie ont mis au point des prototypes de 
  robots capables de s’épauler pour surmonter un obstacle. Ces concepts 
  ressemblent également à leurs homologues vivants mais se basent 
  surtout sur des algorithmes pour la collaboration."
- Une fourmi géante existe aussi à Nantes dans la galerie des machines
- Les robots tondeuses existent 
  depuis longtemps : 
Emmanuelle Pouydebat (2019 présente une revue sur le biomimétisme et tous les projets qui foisonnent en ce moment. Par exemple le robot-abeille Bee-Rotor (p.22-23).
Un robot, origine ? années 
  1980 : 
Polo 
  robot fourmi.
  Loaëc, R. (1988). Quand la Polo devient Fourmi. Chasseur d'images 99, 2 
  pages. Pdf
Voir
  - Bonabeau, E. and G. Théraulaz (2000). Swarm smarts. Scientific american. 
  March 2000. 54-61.
  - Bonabeau, E. and G. Théraulaz (2000). L'intelligence en essaim. Pour 
  la Science. 271. 66-73. Pdf
  - Françoise, L., N. Monmarché and G. Venturini (2000). Vers un 
  robot modélisant la perception visuelle des fourmis. Actes Coll. Insect. 
  Soc. 13: 16-172. Pdf
  - Franks, 
  N. R., J. A. Podesta, E. C. Jarvis, A. Worley and A. B. Sendova-Franks (2022). 
  Robotic communication with ants. Journal of Experimental Biology 225(15). doi: 
  10.1242/jeb.244106
   - Frederic, 
  L. (2017) Des chercheurs européens inventent des mini-robots capables 
  de collaborer avec des fourmis. http://kulturegeek.fr, 5 octobre 2017, p. http://kulturegeek.fr/news-122593/chercheurs-europeens-inventent-mini-robots-capables-collaborer-fourmis
  - Grawer, J., H. Ronellentsch, M. G. Mazza and E. Katifori (2016). A trophallaxis 
  inspired model for distributed transport between randomly interacting agents. 
  physics.bio-ph 20 Jul 2016, arXiv:1607.06055v1.
  - Hunt, E. R., S. Jones and S. Hauert (2019). Testing the limits ofpheromone 
  stigmergy inhigh-density robot swarms. Royal Society Open Science 6: 190225. 
  http://dx.doi.org/10.1098/rsos.190225
  - Larousserie, D. (2019). Reproductibilité : l'IA n'échappe pas 
  à la crise. Le Monde Science & Médecine 27 février 
  2019.
  - Michelsen, A. (1998). Danse techno chez les abeilles. La Recherche N° 
  310, juin: p. 52-56. Voir article
  - Passera, L. and A. Wild (2016). Formidables fourmis, Quae. 160p. voir Les 
  fourmis et la robotique
  - Pennisi, E. (2016) Fire ants slack off to avoid traffic jams. science.org, 
  5 January 2016, p. DOI: 10.1126/science.aae0176.
  - Pouydebat, E. (2019). Quand les animaux et les végétaux nous 
  inspirent, Odile Jacob. 202p.
  - Science et Vie (2016). Il réussit à tracter jusqu'à 2000 
  fois son poids. Science & Vie Juin 2016: p. 62-63. Pdf