Le Blob - Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur LE BLOB sans jamais oser le demander

Alain Lenoir Mis à jour 02-Mar-2020

Equateurs puis J'ai LU 2017, 188 p.

Selon la FNAC "Un jour aux États-Unis une dame trouve dans son jardin une énorme masse jaune de la texture d'une éponge. Les policiers sont appelés et, paniqués, lui tirent dessus, sans aucun effet, les pompiers le brûlent mais, le lendemain, la chose a doublé de taille. C'est un blob. Évidemment, cela a donné lieu à un film d'épouvante : « Beware of the Blob » avec Steve Mac Queen. A-delà de l'anecdote, le blob semble immortel. Coupé en morceaux, il cicatrise en deux minutes. Ses seuls ennemis sont la lumière et la sécheresse. Mais il peut « hiberner», en attendant des jours meilleurs. Le blob - ou physarum polycephalum - n'a pas de neurones, mais est capable d'apprendre et de résoudre des problèmes complexes comme les labyrinthes. Il est même doté d'une personnalité. En effet, Les souches se comportent différemment selon leur pays d'origine : L'Américain est plutôt agressif, l'Australien plus pacifique, le Japonais a une tendance à la procrastination...Il est dépourvu de membres mais il bouge, certes lentement. En conditions de laboratoire, il se nourrit de flocons d'avoine et de flans. Bien que dépourvu de cerveau et d'estomac, il parvient à maintenir un apport optimal de nutriments essentiels à sa survie et à sa croissance. C'est un hasard qui l'a mis sur le chemin d'Audrey Dussutour spécialiste des fourmis. Depuis la jeune chercheuse toulousaine s'y consacre. Le blob révèle d'étonnantes capacités et les scientifiques vont de découvertes en découvertes. Chacune d'elle ouvre une fenêtre sur notre propre espèce: mystère de nos origines, solutions pour améliorer notre longévité, pistes pour le traitement du cancer, nouvelle façon d'appréhender l'apprentissage...Nous n'avons pas fini d'entendre parler du blob !"

Mon analyse
Le livre est écrit dans un style très agréable, facile à lire, avec souvent un peu d'humour et agrémenté d'anectodes personnelles. Il est illustré avec de jolis dessins de l'auteur.
Je croyais tout connâitre sur le blob avec mes lectures, alors je n'avais même pas acheté le livre.. Une professeure de biologie d'un lycée voisin m'avait contacté l'an dernier pour emmener leur classe en forêt à la recherche du blob. Ce fut une sortie sympa même si nous n'avons pas trouvé de blob, c'était bien trop sec.. Du coup mon épouse m'a acheté le livre et honte à moi.. J'ai adoré et appris beaucoup de choses. Ce livre parle bien sûr du blob et de toutes ses aptitudes extraordinaires mais aussi de la vie d'une chercheuse CNRS passionnée qui raconte sa trajectoire. Divers aspects de la vie des chercheurs sont abordés comme la course aux publications (et l'indice H, et tous les problèmes de fraudes, la diificulté de publier en tant qu'éthologiste qui n'utilise pas les technologies modernes "obligatoires" - p. 163), les problèmes d'argent et le temps passé à en chercher (p. 126), à nettoyer et peindre son labo, à la vulgarisation (p. 137 et suiv., voir questions). Elle se rappelle du castor, le prix de la meilleure comunication pour les étudiants qu'elle a obtenu à Strasbourg en 2002 (p. 137). J'ai eu l'occasion de fournir à la Société Française du Comportement animal ce fameux bout de bois travaillé par un castor pour une réunion à Tours. Elle remercie la fondation Fyssen pour lui avoir fait confiance. Elle explique le problème de la reproductibilité des expériences (par exemple en psychologie !). Elle confie son admiration pour Jean-Louis Deneubourg : "Je le considère comme un génie - il a su transcender les frontières entre la chimie et la biologie -, un mentor et une intarissable source d'inspiration... généreux, bienveillant, brillant et modeste.". Elle admire aussi Raymond Campan "Une passion que je n'avais encore jamais rencontrée" et ses cours originaux (p. 171). On apprend que le blob est intelligent, et il y a une discussion intéressante sur l'intelligence chez les animaux (p. 149 et suiv.). Le blob ouvre de nombreuses perspectives dans des domaines aussi variés que le cancer, la dépollution des métaux lourds (p. 156 et suiv.). A la fin du livre l'auteur nous parle d'une amibe sociale Dictyostelus qui a des propriétés proches intéressantes (voir amibes sociales).

Quelques points à voir :
- dans l'article de la FNAC il est parlé de personnalité des blobs (voir page 91) qu'un stagiaire a par ailleurs mélangés (p. 110). En fait je crois qu'il s'agit d'espèces, donc ce n'est pas surprenant qu'elles aient des comprtements différents. Le terme de personnalité s'applique plutôt aux variations dans une même colonie ou entre individus de même espèce (Voir personnalité).
- page 45 les fourmsi auraient "trois cent millions" d'ancienneté. La plupart des spécilaistes de fourmis fossiles parlent plutôt de 100 millions d'années (voir Fossiles).