Abeilles et fourmis

Mis à jour le 18-Mar-2024

La société des fourmis est souvent comparée à celle des abeilles pour son organisation. "Des abeilles et des hommes", le titre d'un article du Journal du CNRS, qui annonce un colloque sur l'histoire de l'apiculture qui s'est tenu les 24-25 janvier 2019 à Paris.

Voir plus sur les abeilles : Nids d'abeilles et ne pas oublier un n° spécial de La Hulotte : Mouches à miel (n°28-29, 1982). Sylla de Saint Pierre dans son livre Dans le secret des abeilles explique que les abeilles, les fourmis et les termites c'est comparable. Voir un article très intéressant avec de belles vidéos et des découvertes originales :  Flicage en douceur selon Alain Fraval (Epingles 1302 et Siefert et al 2021). Une série d'articles dans Le Monde en août 2021 : Des abeilles et des hommes.
- 1/6. Une fascination à éclipses. Le Monde. 10 août 2021. p.25. Pdf
- 2/6. Sacrée "Apis mellifera". Le Monde. 11 août 2021. p.21. Pdf
- 3/6. L'abeille, animal politique. Le Monde. 12 août 2021. p.23.
Pdf
- 4/6. Une franche allergie au productivisme. Le Monde. 13 août 2021. p.23. Pdf
- 5/6. Thomas Seeley, la ruche façon Darwin. Le Monde. 14 août 2021. p.19. Pdf
- 6/6. "Apis", versus "Apis". Le Monde. 15-16 août 2021. p.25. Pdf

Voir aussi Abeilles sans dard

On sait aussi que les abeilles sont de plus en plus décimées (CCD = « Colony Collapse Disorder »). Pour en savoir plus sur le miel et les pesticides  ou sur déclin des abeilles.

                 

Les relations entre fourmis et abeilles sont assez rares. Les fourmis peuvent par exemple s'intéresser aux produits sucrés de la ruche qu'elles essaient de piller. On trouve de nombreux exemples dans les forums internet. On en citera quelques uns :

- Une belle publication sur les fourmis dans les ruches : Etude sur les fourmis dans les ruches en Suisse romande, par Max Huber, Revue suisse d'apiculture, 2024, n°3, 89-94. Pdf

- Mon beau-père, apiculteur amateur en Haute-Savoie, avait un nid de Formica pratensis près de ses ruches, elles venaient toujours les embêter et essayaient de rentrer pour voler un peu de sucres. Il a finit par détruire la colonie de fourmis.

- Au Brésil les Camponotus atriceps envahissent les ruches qu'elles peuvent même détruire. C'est une plaie pour les apiculteurs (Simoes et al 2016). C'est peut-être cette fourmi qui détruisait les ruches en Guyane : selon Agouti (journal de Guyane, n° 19 de 1997, p. 41) "une colonie (ruche) produisait chaque année beaucoup de miel, mais hélas, à la mauvaise saison, elle se faisait détruire par une colonie de fourmis carnivores."

- Mails d'un apiculteur (30 juillet et 4 septembre 2020) et les réponses de Vincent Dietmann en rouge (10 septembre 2020)
"J'ai depuis peu quelques ruches (dans le Finistère) et phénomène qui semble assez fréquent, j'ai des petites fourmis noires dans la partie haute, sous le toit. Elles grignotent le bois et pondent dans le couvre-cadre qui recouvre les abeilles, leurs rayons avec le miel et les pontes. Un peu inquiet qu'elles aillent au cœur de la ruche il est néanmoins hors de question d'utiliser un produit industriel toxique. Dans un premier temps j'ai mis une branche de laurier et deux jours après j'ai constaté leur départ sans les tuer. Depuis que j'ai mis des feuilles de laurier sous le toit de la ruche, là où elles avaient pondu, elles ont disparu. Ça a l'air très efficace et j'ai fait le test ailleurs en frottant des feuilles sur leur parcours. Ce qui les fait rebrousser chemin aussitôt, mais petit à petit elles contournent, pour reprendre le chemin de leur vie.
Je me demande :
- si leur présence est bénéfique ou un problème pour les abeilles, mais cela relève plutôt de l'apiculture.
> en général les apiculteurs ne reportent pas de problème (ni de bénéfice) des squatteuses de l'attique... Mais cela devrait être étudié sérieusement.

- s'il y a une réelle diffusion de l'acide formique dans la ruche.
> Je doute que les quantités émises soient significatives...
-
Peut-être êtes-vous familier avec l'apiculture et donc le fait qu'un des traitements contre varroa se fait à l'acide formique.
Est-ce que les fourmis "diffusent" cet acide ou ne le projettent seulement que dans certaines circonstances ?
> En dehors d'une menace qui déclencherait des projections d'acide, on peut imaginer que comme chez les abeilles, le venin se diffuse à la surface de la cuticule (les spécialistes fourmis sauront mieux que moi...) et ensuite 'contamine' leur nid et donc la ruche. Toutefois ces quantités minimes impliquées n'auront certainement que très peu d'effet, surtout que les fourmis ne s'immiscent pas dans la colonie.
En fait, est-ce qu'il est pensable que cet acide formique puisse protéger les abeilles ou cela relève-t-il du fantasme ? "
> plutôt fantasme, les quantités d'acide formique à appliquer dans la ruche sont de l'ordre de dizaines à centaines de ml d'acide a 60-85% pour les protéger contre varroa...

- dans le livre "La vallée de l'abeille noire", l'auteur parle des relations fourmis-abeilles (p.78-79) :
"Les colocataires.
Le curieux s'intéresse rarement aux abeilles en dehors des comportements liés au miel et à la pollinisation. Le miel étant le lien élémentaire qui nous relie aux abeilles, c'est grâce à lui et à l'élevage des "mouches à miel" que nous pouvons nous rapprocher d'elles et de la ruche. Combien sont-elles dans cet habitat qui demeure pour beaucoup hermétique ? Le passant est étonné d'apprendre que la population de la colonie passe de 40 000 abeilles en hiver à parfois plus de 100 000 en été. Et s'il est très curieux, il va s'intéresser aussi aux autres, aux figurants qui participent en toile de fond au théâtre des abeilles, par exemple aux fourmis qui s'introduisent de-ci de-là par les fissures du bois. Lorsque la colonie est faible, sans formalité, elles empruntent même l'entrée principale. Elles s'installent volontiers dans un espace disponible où les abeilles n'ont pas accès, souvent entre le toit de la ruche et la cloison de bois isolante qui recouvre les rayons. Là, elles profitent de la chaleur dégagée par les abeilles, de l'abri de la pluie, et aussi de la proximité des stocks intéressants de pollen et de miel. Ce qui les intéresse d'autant plus qu'elles appartiennent au groupe des hyménoptères dont font partie les abeilles et qu'elles ont certains goûts et besoins en commun. Aussi trouve-t-on d'importantes colonies de fourmis nichées sous les toits, avec des centaines d'oeufs et les nurses qui en prennent soin. Certaines descendent de temps à autre dans le corps de la ruche pour y puiser du miel et du pollen. Une commensalité qui fonctionne alors mais qui n'est pas immuable. S'il y a trop de fourmis et pas assez d'abeilles, ces dernières sont stressées, piquées, harcelées par des fourmis qui piochent dans le peu de provisions de la colonie déjà faible. On voit alors les abeilles courir sur les rayons, essayant d'esquiver les fourmis qui s'accrochent à leurs pattes. La reine, dans ces cas-là, peut être tellement contrariée qu'elle cesse de pondre avec sa fécondité habituelle. Le déficit de population se creuse vite, la colonie est déstabilisée, va vers l'extinction. Ce scénario varie avec le type de fourmis. Les plus placides étant les grosses fourmis noires qui pénètrent dans les ruches installées dans la forêt et qui ne piquent pas (1). L'été, il y a aussi ce gros scarabée noir qui vit parfois dans les ruches. Très peu d'apiculteurs connaissent le nom de cette bête noire qui les inquiète, puisqu'il s'agit bien d'un parasite au sens étymologique du terme, "mangeant aux côtés et aux dépens de", en l'occurrence des abeilles. Je dois à Philippe Boyer, cinéaste et entomologiste passionné de longue date pour les pollinisateurs sauvages, de savoir que ce gros scarabée à la robe noire et brillante est une cétoine, et qu'elle s'appelle Potosia opaca. L'été, on peut en trouver une douzaine, parfois plus, qui vont et viennent, insensibles aux piqûres, à l'abri de leur carapace d'un noir d'ébène. Parasites bien élevés, les cétoines prélèvent leur part discrètement. Elles ne mettent pas à mal la colonie d'abeilles, du moins tant qu'elles ne sont pas en surnombre, ce qui est le cas la plupart du temps. Mais le déséquilibre entre hôtes et parasites intervient si une ruche est posée sur le sol, dans certaines forêts, ou si l'homme installe près des colonies un milieu
."
(1) sans doute une Camponotus

Dans Le bulletin "Forficule furtif" de l'IRBI on parle des abeilles (n°2, novembre 2020)

Les abeilles fabriquent de la propolis sous le regard des fourmis selon Les insectes en bande dessinée Tome5

 

Références
- Fraval, A. (2021) Flicage en douceur. Opie-insectes. Epingle 1302 Mars 2021.
- Siefert, P., N. Buling and B. Grünewald (2021). Honey bee behaviours within the hive: Insights from long-term video analysis. PLOS ONE 16(3): e0247323. doi: 10.1371/journal.pone.0247323.
- Simoes, M. R., E. Giannotti, V. C. Tofolo, M. A. Pizano, E. L. B. Firmino, W. F. Antonialli-Junior, L. H. C. Andrade and S. M. Lima (2016). Morphological and Chemical Characterization of the Invasive Ants in Hives of Apis mellifera scutellata Lepeletier (Hymenoptera: Apidae). Neotropical Entomology 45(1): 72-79.