Toxique
planète. Le scandale invisible des maladies chroniques
D’André Cicolella (Seuil 2013)
Analyse par Alain lenoir mis à jour 06-Déc-2016
Les maladies
chroniques (non infectieuses comme les maladies cardio-vasculaires ou respiratoires,
cancers, diabète…) progressent bien plus vite que le changement
démographique lié à l’allongement de l’espérance
de vie. C’est la malbouffe, la sédentarité mais surtout
l’environnement chimique avec des milliers de molécules qui nous
empoisonnent. De nombreuses molécules sont des perturbateurs endocriniens
qui interfèrent avec les hormones sexuelles. L’auteur propose
de changer de paradigme, il faut repenser notre façon de vivre, de
consommer, arrêter l’agriculture productiviste au profit de l’agro-écologie,
interdire les substances dangereuses comme les perturbateurs endocriniens
ou l’aspartame cancérogène.
« Les toxiques que l’on retrouve chez les ours blancs, les pandas,
les grenouilles et les abeilles, ceux qui les font dépérir,
sont les mêmes que ceux que l’on retrouve dans le sang des bébés
et qui perturbent notre système hormonal. » (p. 17)
« L’augmentation des maladies chroniques non transmissibles représente
un énorme défi. Pour certains pays, il n’est pas exagéré
de décrire la situation comme une catastrophe imminente pour la santé,
pour la société. » Margaret Chan, directrice de l’OMS
le 21 avril 2011. (p. 21)
Espérance de vie en France en 2009 de 84,5 ans pour les femmes, 77,8
pour les hommes (p.41). C’est l’espérance de vie de la
génération née avant la seconde guerre mondiale, mais
l’environnement a changé (pollution chimique, sédentarité,
alimentation) et l’espérance de vie commence déjà
à diminuer : en 2012 elle a baissé 0,2 ans pour les femmes et
stable pour les hommes. (p.42). L’espérance de vie en bonne santé
est très différente. Elle a baissé de 63 ans pour les
hommes en 2007 à 61,8 en 2010 et de 64,6 en 2008 à 63,5 pour
les femmes. (p.47)
Déclaration des îles Féroé par Philippe Grandjean
et Philip Landrigan (2007) : « Le cerveau est particulièrement
sensible aux expositions toxiques pendant le développement …
De légères modifications du fonctionnement cérébral
peuvent avoir de sérieuses implications pour le futur fonctionnement
social et les activités économiques, même en absence de
retard mental et de maladie évidente ». On parle même de
« pandémie silencieuse ». Les hormones thyroïdiennes
jouent un rôle déterminant dans la formation du cerveau de l’enfant.
C’est Theo Colborn qui a observé que l’épidémie
a démarré avec les enfants du baby-boom, les premiers à
avoir été exposés in utero aux perturbateurs endocriniens
(p. 100-102)
Les effets des PE (chap 9) :
- diminution du nombre de spermatozoïdes de moitié et du volume
séminal de 25% entre 1938 et 1991. Données confirmées
avec diminution de la fertilité des couples.
- Malformations génitales chez les garçons liées à
perturbation des androgènes pendant la grossesse. On parle même
de « syndrome des phtalates » qui seraient les principaux responsables.
- Abaissement de l’âge de la puberté, surtout chez les
filles ;
- Effets transgénérationnels : le mélange BPA, DEHP et
DBP a des effets sur le poids, la puberté, obésité, atteintes
du rein et de la prostate sur 3 générations.
TEDX liste des subst à effets PE : 870 aujourd’hui
Paradigme des PE selon déclaration de Washington (2009) : (p. 148-9)
- l’âge de l’exposition : c’est la période
qui fait le poison, surtout la gestation
- le temps écoulé : effets longtemps après, même
quand subst disparue
- effet cocktail : des substances individuellement sans effets même
à doses élevées, interagissent et deviennent dangereuses
- relation dose-effet : le digme de la toxicologie "la dose fait le poison"
n'est plus du tout valable. Parfois aucun effet à forte dose mais effets
à doses infinitésimales !!
- effets à long terme transgénérations, sans exposition
ultérieure. C’est l’épigénétique
(Conrad Waddington, 1942). Le mécanisme pourrait être la méthylation
des gènes qui empêche ou favorise l’expression des gènes.
Cela peut même avoir des effets sur le comportement sexuel (p.161).
Bisphénol
A (BPA) et distilbène (diéthylstilbestrol = DES)
BPA et DES hormones de synthèse très proches chimiquement découverts
dans les années 1930. DES choisi comme médicament. Dans les années
1950 on découvre que le BPA peut être utilisé en polymère
(appelé bicarbonate) par ex dans les biberons. Dans les années
1970 on l’utilise pour faire des résines dans les boîtes
de conserves et canettes de boisson, puis par ex dans les tickets de caisse.
Or le BPA de dépolymérise vite et se retrouve partout dans l’environnement,
imprègne la quasi-totalité des humains avec des effets avérés
nombreux. Le DES s’est révélé aussi dangereux dans
le combat contre les fausses couches : 200 000 femmes ont été
traitées en France avant son interdiction en 1977 (1971 aux USA) avec
toute une série de conséquences graves chez les enfants traités
dont des cancers du sein. L’impact se poursuit jusqu’à la
troisième génération ! (chap 13-14)
Pesticides (Chap 16)
La contamination chimique
par les pesticides est considérable,
les raisins de table gagnent le trophée.. L’atrazine est un herbicide
aujourd’hui interdit mais il est encore partout dans les eaux des nappes
phréatiques. Le Brésil en est le premier utilisateur (20% de la
consommation mondiale).
« La notion de crime environnemental devrait être reconnue en matière
de santé environnementale. » (p.271)