Arthur Weyna
Mis à jour le 30-Sep-2022
Arthur Weyna, a fait son doctorat en 2021 avec Jonathan Romiguier : Evolution et prévalence de l'hybridogénèse sociale chez les fourmis (Formicidae), sous la direction de Nicolas Galtier. Jury : Tatiana Giraud (Paris-Saclay), Serge Aron Université Libre de Bruxelles), Mathilde Dufaÿ (Montpelleir) et Thomas Guillemaud (Sophia Agrobiotech Nice). Interview.
Résumé.
Pdf de la thèse (en
anglais)
L'hybridation est un processus
fondamental de la biologie évolutive, qui participe à déterminer
le rythme de la spéciation et représente une source majeure de
diversité génétique pour de nombreux organismes. Chez les
fourmis, l'hybridation a un statut particulier car son interaction avec l'eusocialité
a mené à l'évolution d'intrigants systèmes de reproduction,
qui incorporent les accouplements inter-spécifiques en tant que part
intégrante de la vie en colonie. En particulier, certaines espèces
de fourmis ont développé l'hybridogénèse
sociale, un mode de reproduction dans lequel les ouvrières ne peuvent
se développer qu'à partir de larves hybrides, mais où les
reines sont toujours produites à travers des accouplements intra-spécifiques.
Dans cette thèse, trois projets de recherche ont été menés
avec pour objectifs de mieux comprendre les premières étapes de
la mise en place de l'hybridogénèse sociale, et d'évaluer
sa prévalence parmi les fourmis. Plusieurs hypothèses et modèles
verbaux ont été proposés pour tenter d'expliquer comment
l'hybridogénèse sociale peut émerger à partir de
systèmes de reproduction plus standards. Dans le premier projet de cette
thèse, je présente le premier traitement mathématique détaillé
de cette question, et décris un nouveau chemin évolutif vers l'hybridogénèse
sociale. Je montre qu'elle peut être l'issue d'une course aux armements
entre les larves en développement, qui cherchent à accéder
à la caste reproductive, et leur reine, qui utilise l'hybridation pour
produire plus d'ouvrières. J'utilise également ce modèle
afin d'étudier les effets de plusieurs paramètres clefs, comme
l'efficacité des ouvrières hybrides, le nombre d'accouplements
effectués par les reines, ou la possibilité pour elles de produire
de nouvelles reines par clonage. Si le nombre de cas décrits d'hybridogénèse
sociale a augmenté significativement dans les dernières années,
sa vraie prévalence au sein des fourmis reste inconnue. Dans le second
projet de cette thèse, je développe une méthode statistique
qui permet la détection d'ouvrières hybrides à partir de
données génomiques individuelles. J'applique ensuite cette méthode
à des données génétiques existantes pour plusieurs
centaines d'espèces de fourmis. Je montre que les hybrides sont plus
souvent détectés chez les Hyménoptères, et particulièrement
chez les fourmis, que dans d'autres groupes d'Arthropodes. Je présente
une liste d'espèces de fourmis candidates qui pourraient être impliquées
dans des systèmes hybridogénétiques. Un modèle prometteur
pour l'étude de l'hybridogénèse est le genre de fourmis
moissonneuses Messor, dans lequel trois cas indépendants de ce système
de reproduction ont été décrits. Dans le dernier projet
de cette thèse, j'engage des analyses clefs au sein du genre Messor.
Je reconstruis la première phylogénie du groupe, incluant la moitié
des espèces connues du groupe, en utilisant une méthode de séquençage
non-destructive sur des spécimens de musée. J'utilise également
la méthode développée précédemment pour identifier
d'éventuels nouveaux systèmes hybridogénétiques
parmi ces espèces. En parallèle, je me penche sur le cas particulier
du groupe Messor structor, un complexe d'espèces européen
chez lequel l'hybridogénèse sociale a été détectée
précédemment, mais n'a jamais été décrite
en détails. Je montre que l'hybridogénèse sociale n'est
présente que chez une seule des cinq espèces de ce groupe, M.
ibericus. Je présente également des résultats semblant
suggérer que ce système repose sur une forme de clonalité
mâle.
Publications sur
les fourmis
- Fichaux, M., B. Béchade, J. Donald, A. Weyna,
J. H. C. Delabie, J. Murienne, C. Baraloto and J. Orivel (2019). Habitats shape
taxonomic and functional composition of Neotropical ant assemblages. Oecologia
189(2): 501-513. doi: 10.1007/s00442-019-04341-z.
- Weyna, A., L. Bourouina, N. Galtier and J. Romiguier (2022).
Detection of F1 Hybrids from Single-genome Data Reveals Frequent Hybridization
in Hymenoptera and Particularly Ants. Molecular Biology and Evolution 39(4).
doi: 10.1093/molbev/msac071.
- Romiguier, J., M. L. Borowiec, A. Weyna, Q. Helleu, E. Loire,
C. La Mendola, C. Rabeling, B. L. Fisher, P. S. Ward and L. Keller (2022). Ant
phylogenomics reveals a natural selection hotspot preceding the origin of complex
eusociality. Current Biology. doi: https://doi.org/10.1016/j.cub.2022.05.001.