Guy et Anne-Marie Le Roux
Mis à jour 15-Mar-2023
Dessins
réalisés par Guy Le Roux (tirés de son DEA, 1967)
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Guy Le Roux en 2005 |
Plaque
stridulatoire de Crematogaster scutellaris prise au MEB (Microscope
Electronique à Balayage) |
Guy Le Roux nous a quittés le 30 décembre 2012. Né en Bretagne en juin 1942, il a suivi ses études à l’université de Rennes et obtenu en juin 1967 un DEA d'Éthologie (maintenant Master 2 Recherche), intitulé "Contribution à l'étude des moyens d'intercommunication chez le Ouistiti à pinceaux (Hapale jacchus)". Il avait un coup de crayon remarquable, comme l'attestent les illustrations de son mémoire réalisées à la main.
A l'issue de son DEA, en
septembre 1967, il a été nommé assistant à la toute
nouvelle Faculté des Sciences qui se montait à Tours et a rejoint
le laboratoire d'Éthologie du Professeur Henri
Verron, en création aussi. De 1968 à 1970, il a participé
activement au développement de la Faculté des Sciences, en réalisant
les plans des nouveaux locaux "enseignement et recherche" du site
de Grandmont (les préfabriqués, construits pour une durée
limitée et dont certains existent toujours mais inutilisés car
amiantés) et en assurant le suivi des travaux de construction durant
les deux années du chantier.
Dans le même temps, Guy a entamé un grand tour de France des universités
en compagnie d'Alain Lenoir,
pour observer ce qui se faisait en matière d'enseignement de la psychophysiologie
(on parlerait maintenant de neurosciences comportementales). Il est allé
par exemple à Marseille pour visiter aussi le prof. Georges Le Masne,
célébrité à l'épaoque pour les fourmsi. A
l'issue de ce périple, ils ont monté ensemble la filière
d'enseignement de psychophysiologie sur le site de Grandmont.
Peu de temps après
son arrivée au laboratoire d'Éthologie, Guy a été
rejoint par celle qui allait devenir son épouse, Annie, qui l'a converti
au monde des insectes, particulièrement celui des insectes sociaux. Il
est impossible de parler du travail de Guy sans y associer Annie, tant ils travaillaient
ensemble de manière fusionnelle et sont restés ensemble au laboratoire
jusqu'à leur retraite.
Durant de nombreuses années, Guy et Annie ont tous deux été
des piliers importants du Département de Psychophysiologie puis des Sciences
du Comportement, travaillant ensemble dans le même bureau et œuvrant
pour le développement de l'enseignement de l'éthologie et de la
neurobiologie dans les filières de Biologie Animale et de Psychologie.
Dans le même temps, leurs recherches ont porté sur les modes de
communication mis en jeu chez les fourmis dans des contextes de prédation
ou d'interactions agressives, notamment sur la communication acoustique. Guy
a ainsi réalisé les premiers enregistrements sonores de stridulations
d'alarme émises par les ouvrières de Myrmica en situation
de stress. Guy et Annie ont aussi montré pour la première fois
chez Myrmica rubra (= M. laevinodis) que ce signal était utilisé
de manière plus modulée par les ouvrières dans des situations
non liées au stress, comme l'échange de nourriture. Ils ont étendu
leurs recherches à d'autres modèles fourmis comme Cataglyphis
cursor, Tapinomma erraticum ou Crematogaster scutellaris. Ils
ont ainsi initié de nombreux étudiants à l’étude
des fourmis en encadrant leur stage de maîtrise. Fin pédagogue,
Guy avait l'art de leur transmettre son savoir. Certains sont aujourd'hui devenus
enseignants-chercheurs, ou exercent une profession liée aux insectes.
Parallèlement à ses activités d'enseignement et de recherche,
Guy a contribué durant toute sa carrière au bon fonctionnement
de la Faculté des Sciences en mettant sa capacité de mémorisation
et de calcul mental au service de la Commission des Finances durant de longues
années et en assurant la responsabilité de la gestion des crédits
enseignement du Département de Psychophysiologie. En 1988 il eut droit
à un article dans la Nouvelle
République.
Au labo en 1988 avec Serge Barreau à droite
En récompense de l'ensemble des services rendus à l'Université
François Rabelais, Guy a été nommé Chevalier puis
promu Officier dans l'Ordre des Palmes Académiques en 1990, sous la Présidence
du maire de Tours, Jean Germain.
A partir de 1998, une partie des activités d'Annie et Guy a été consacrée à la lutte contre les termites en Indre-et-Loire. En compagnie de Jean-Luc Mercier, ils ont mis en place une méthodologie d'évaluation et de cartographie à la parcelle cadastrale de l'infestation des communes d'Indre-et-Loire et initié la mise en place d'un réseau départemental de lutte contre les termites, en partenariat avec le Conseil Général 37, la préfecture d'Indre-et-Loire, la FDGDON37 (Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles d'Indre-et-Loire) et les municipalités concernées. Ils ont ainsi réalisé la cartographie de l'infestation de 15 des 36 communes d'Indre-et-Loire actuellement touchées par les termites, parmi lesquelles on citera Joué-Lès-Tours, Tours, La Riche, St-Pierre-des-Corps, Ligré et Richelieu.
En 2000, Guy a épaulé
le Professeur Jacques Huignard à l'IRBI (Institut de Recherche sur la
Biologie de l'Insecte) pour l'élaboration de la maquette du DESS "Gestion,
Contrôle et Conservation des Populations d’Insectes". Il était
fier d'avoir participé à la mise en place d'une formation qui,
après quelques évolutions, a permis durant 7 ans de rapprocher
les étudiants et le monde du travail dans tous les domaines de l'entomologie,
sous forme d'un Master Professionnel "Contrôle et Conservation des
Populations d'Insectes" reconnu.
Guy est parti en retraite en 2003, quelques mois seulement après Annie.
Mais tous deux n'ont pas perdu pour autant tout contact avec le monde des insectes.
Ils ont alors mis leur savoir et leur savoir-faire au service des collectivités
et de la lutte contre les termites, en poursuivant leur activité de conseil
auprès des collectivités locales et territoriales, et en agissant
comme experts membres du jury de certification des applicateurs reconnus par
le FCBA (Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement).
Voir 'Termites : la chasse est ouverte"
Fidèles à
leurs convictions, ils ont mis leur carrière au service des étudiants
et, comme le dit Annie, "ils ont pris bien du plaisir à exercer
leur métier !"
Merci à eux !
Guy Le Roux figure dans le Dictionnaire des Scientifiques de Touraine (2017)
Cet article a été écrit en grande partie par Jean-Luc Mercier
et Alain Lenoir (31 janvier 2013)
La plupart des publications de Guy et Annie Le Roux sont disponibles : cliquez ici