Bernard Kaufmann
Alain Lenoir Mis à jour 23-Jul-2023
Maître de Conférences, Université Lyon 1 CNRS, UMR 5023 - LEHNA, Laboratoire d'Ecologie des Hydrosystèmes Naturels et Anthropisés.
A fait sa thèse à toulouse sous la direction de Luc Passera : Organisation socio-génétique de la fourmi d'Argentine Linepithema humile (Hymenoptera, Formicidae)
Travaille actuellement sur les écosystèmes urbanisés (voir Bourgeois et al 2020) et les fourmis invasives (voir Plummer 2015) et les fourmis invasives.
Résumé de la thèse. Dans cette thèse nous étudions les repercussions des caractéristiques écologiques de la fourmi d'argentine, Linepithema humile, sur son organisation socio-génétique (= osg). Nous definissons l'osg comme l'ensemble des facteurs qui conduisent aux liens de parenté entre les individus d'une société. Nous montrons, en analysant les résultats de la littérature, que l'osg est très variable chez les Formicidae. Ainsi, la parenté entre individus d'un même nid varie autant entre espèces d'un même genre, qu'entre populations d'une même espèce. Les populations se regroupent autour de deux valeurs de parenté, l'une proche de 0,6, l'autre de 0. La consanguinité à l'intérieur des populations est en général proche de 0. Il n'y a pas de correlation entre parenté a l'intérieur des sociétés et consanguinité dans la population. La fréquence d'insémination des reines de Formicidae est toujours inférieure a 2. Enfin, la différentiation des populations de Formicidae est habituellement faible, quelle que soit l'échelle de l'échantillonnage. La fourmi d'argentine fait partie du groupe d'espèces appelées vagabondes pour leur propension au mouvement et àla migration. Cette stratégie s'accompagne d'une perte des frontières entre nids différents et une mise en commun des ressources: l'unicolonialité. Par l'emploi de marqueurs allozymatiques, nous déterminons ici l'osg de la fourmi d'argentine. Dans toutes les populations étudiées, la parenté entre ouvrières ou entre reines, est proche de 0. La consanguinite est très faible également, sauf chez une population, pour laquelle il reste difficile de trouver une explication valable. La fréquence d'insémination des reines examinées est proche de 1. Aucun mâle diploide n'a été découvert. La différentiation génétique entre populations est faible, sauf si l'on inclut dans l'analyse une population sud-americaine. La fourmi d'argentine est donc une espece à l'osg peu variable, adaptée une stratégie qui repose sur une capacité a deplacer des populations et à en fonder de nouvelles.
A dirigé
2 thèses sur les fourmis :
- Marion Cordonnier.
Impacts of global changes on biological invasions and interspecific hybridization
within the Tetramorium caespitum ant species complex (2018) (Gilles Escargei
et Bernard Katfmann, collaboration avec Patrizia d'Ettorre).
- Jérôme Gippet.
Patrons de distribution, dispersion par l’Homme et variations intraspécifiques
au sein des paysages urbanisés : réponses des fourmis à
l’urbanisation (2016) (Nathalie Mondy et Bernard Kaufmann).
La FREDON Auvergne Rhône Alpes (AURA) vient de publier une synthèse "Les fourmis invasives en Auvergne-Rhôme-Alpes. Mieux les connaître pour éviter leur dispersion" (mars 2023, 8p.). Les espèces invasives présentes dans la région sont Tapinoma magnum, T. ibericum, T. dariori (anciennement regroupées sous le nom de T. nigerrimum), Lasius neglectus et T. melanocephalum. Ils parlent aussi des fourmis classées "préoccupantes" en France. Il y a un témoignage de Bernard Kaufmann qui a participé à la rédaction du document (Pdf).
Tapinoma
magnum. Le réchauffement pousse des fourmis invasives vers
le nord de l'Europe, par Jeremy Wilks, 19 juin 2023, euronews.
" Des fourmis invasives prolifèrent plus au nord du fait de
la hausse des températures.
Avec le réchauffement, des espèces invasives de fourmis de Méditerranée
sont aujourd'hui, capables de survivre plus au nord alors qu'en Europe, les
hivers sont de plus en plus doux et les longues périodes de gel se raréfient.
De nouvelles colonies ont fait leur apparition dans l'ouest du continent, notamment
dans la ville française de Lyon, comme nous le constatons dans un centre
dédié aux arts et à la culture, situé sur un ancien
site industriel. Nous rencontrons deux scientifiques de l'Université
Claude Bernard Lyon 1 mandatés par les autorités locales pour
les traquer.
Très vite, nous découvrons d'innombrables spécimens de
l'espèce de fourmis appelée Tapinoma Magnum autour d'arbres
importés. Néo Boinon, étudiant en écologie, explique
que les plantes exotiques font partie des principaux moyens par lesquels les
fourmis invasives atteignent de nouvelles villes. "Ce sont des arbres dans
lesquels suffisamment de reines sont présentes et une fois qu'ils sont
arrivés à un autre endroit, forcément, les reines sont
bien, sont établies et elles dispersent leurs ouvrières partout,"
indique-t-il."
La chasse aux fourmis se poursuit dans un bâtiment où nous rencontrons
un artiste manga qui a été le témoin d'une invasion de
fourmis cet hiver.
Les fourmis ont commencé à venir sous l'évier et à
longer le mur jusqu'à arriver dans notre atelier," nous montre-t-il.
Les fourmis étaient probablement attirées par la nourriture et
la chaleur. "Du fait qu'il y en avait des milliers comme cela, j'en avais
parfois sur moi quand je travaillais au sol," se souvient-il, avec dégoût.
La Tapinoma Magnum est native du bassin méditerranéen
et a aujourd'hui colonisé des zones urbaines en France, Belgique, Allemagne
et aux Pays-Bas. Elle ne provoque pas de piqûres douloureuses, mais elle
représente une nuisance pour les habitants et elle éradique les
populations de fourmis indigènes."
" Selon le scientifique Bernard Kaufmann, professeur associé
d'écologie à l'Université Claude Bernard Lyon 1, l'Europe
doit se préparer à accueillir davantage d'espèces invasives
comme la fourmi électrique originaire d'Amérique du Sud, à
mesure que la planète se réchauffe.
"On
a entre 100 et 200 espèces de fourmis qui sont déjà des
espèces que la globalisation a apportées partout dans le monde,"
fait-il remarquer. "Le changement climatique va bien sûr accélérer
ce processus et favoriser l'installation d'espèces de plus en plus thermophiles
- qui aiment la chaleur -, même dans nos latitudes tempérées,"
prévient-il."
Néo Boinon est étudiant en master d'écologie à Lyon.
Tout savoir sur les Tapinoma Magnum, ces fourmis qui envahissent la Corse. Par Ségo Raffaitin, France Bleue Corse 22 juillet 2023. Avec Bernard Kaufmann.
Voir
- Bourgeois, M., B. Kaufman and T. Boutreux (2020) « La protection de
la biodiversité démarre en bas de nos immeubles ». Lemonde.fr
6 septembre 2020.
- Charrier, N. P., C. Hervet, C. Bonsergent, M. Charrier, L. Malandrin, B. Kaufmann
and J. M. W. Gippet (2020). Invasive in the North: new latitudinal record for
Argentine ants in Europe. Insectes Sociaux 67(2): 331-335. doi: 10.1007/s00040-020-00762-9.
- Cordonnier, M., A. Bellec, A. Dumet, G. Escarguel and B. Kaufmann (2018).
Range limits in sympatric cryptic species: a case study in Tetramorium pavement
ants (Hymenoptera: Formicidae) across a biogeographical boundary. Insect Conservation
and Diversity 12(2): 109-120. doi: 10.1111/icad.12316.
- Cordonnier, M., T. Gayet, G. Escarguel and B. Kaufmann (2019). From hybridization
to introgression between two closely related sympatric ant species. Journal
of Zoological Systematics and Evolutionary Research 57(4): 778-788. doi: 10.1111/jzs.12297.
- Cordonnier, M., A. Bellec, G. Escarguel and B. Kaufmann (2020). Effects of
urbanization–climate interactions on range expansion in the invasive European
pavement ant. Basic and Applied Ecology 44: 46-54. doi: https://doi.org/10.1016/j.baae.2020.02.003.
- Cordonnier, M., G. Escarguel, A. Dumet and B. Kaufmann (2020). Multiple mating
in the context of interspecific hybridization between two Tetramorium ant species.
Heredity 124(5): 675-684. doi: 10.1038/s41437-020-0310-3.
- Gippet, J. M. W., N. Mondy, J. Diallo-Dudek, A. Bellec, A. Dumet, L. Mistler
and B. Kaufmann (2017). I’m not like everybody else: urbanization factors
shaping spatial distribution of native and invasive ants are species-specific.
Urban Ecosystems 20(1): 157-169. 10.1007/s11252-016-0576-7
- Gippet, J. M. W., F. Piola, S. Rouifed, M.-R. Viricel, S. Puijalon, C. J.
Douady and B. Kaufmann (2018). Multiple invasions in urbanized landscapes: interactions
between the invasive garden ant Lasius neglectus and Japanese knotweeds (Fallopia
spp.). Arthropod-Plant Interactions 12(3): 351-360. doi: 10.1007/s11829-017-9589-2.
- Kaufmann, B. (2010). Les fourmis en France à l'heure de la biodiversité.
Bulletin de la Société Linéenne de Lyon Hors Série
n0 2: 167-173.
- Kaufmann, B., J. Gippet-Vinard and T. Colin (2012). Des cités dans
la ville : les fourmis des milieux urbains et tertiaires. Regards sur les milieux
naturels et urbains de l'agglomération lyonnaise: 170-179.
- Khimoun, A., C. Doums, M. Molet, B. Kaufmann, R. Peronnet, P. A. Eyer and
S. Mona (2020). Urbanization without isolation: the absence of genetic structure
among cities and forests in the tiny acorn ant Temnothorax nylanderi. Biology
Letters 29 January 2020. doi: https://doi.org/10.1098/rsbl.2019.0741.
- Passera, L., E. Roncin, B. Kaufmann and L. Keller (1996). Increased soldier
production in ant colonies exposed to intraspecific competition. Nature 379:
630-631.
- Plummer, W. (2015). Ardèche : un village envahi par des fourmis. Le
Figaro 8 avril. Pdf
- Seifert, B., D. D'Eustacchio, B. Kaufmann, M. Centorame, P. Lorite and M.
V. Modica (2017). Four species within the supercolonial ants of the Tapinoma
nigerrimum complex revealed by integrative taxonomy (Hymenoptera: Formicidae).
Myrmecol News 24: 123-144.