Interview de Pierre-André Eyer  (16 décembre 2020)

- ton parcours
Biologie évolutive et des populations à Angers en France jusqu’au Master. Parallèlement, j’ai fait mes stages de M1 et M2 à Bruxelles avec Serge  Aron. Le stage de Master 1 sur les chauves-souris (potentielle Kin selection)! Et le Master 2 sur les fourmis (Cataglyphis ; avant cela, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit que je travaillerais un jour sur les fourmis).

- comment a débuté ton intérêt pour les fourmis
C’est la faute de Serge ! et des Cataglyphis hybridogènes trop intéressantes.
Jusqu’alors, je n’avais pas idée que les fourmis pouvaient fournir un modèle biologique si excitant. Elles ont tellement de bizarreries que rien n’est linéaire, la recherche sur les fourmis est ouverte à toutes les possibilités.

- ta thèse
Super, je re-signe demain si c’était à refaire.

- ton parcours et situation actuelle, lien encore avec les fourmis ?
Thèse avec Serge, puis Post-docs avec Abraham Hefetz à Tel Aviv, Israel (2 ans) ; Post-doc avec Claudie Dums à Paris (6 mois) ; et actuellement Post-doc avec Ed Vargo au Texas (depuis presque 4 ans). Et aujourd’hui, j’aimerais bien rentrer en France !
Avec Serge, Hefetz et Claudie c’était uniquement Cataglyphis (beaucoup d’espèces différentes ! mais toujours Cataglyphis) (Juste pour le fun : j’ai travaillé sur, et récolté, C. velox, mauritanica, humeya, hispanica, cursor, piliscapa, altisquamis, savignyi, niger, drusus, israelensis, isis, holgerseni, viatica, theryi, bombycina, arenarius, sabulosa, livida, viaticoides, albicans).
Avec Ed, c’est les fourmis invasives. Ca ouvre une diversité de genre dont je n’avais pas spécialement conscience auparavant. Aujourd’hui, je travaille sur Nylanderia, Brachymyrmex, Solenopsis, Brachyponera, Tapinoma … Avec Ed, c’est aussi termites, aujourd’hui je travaille à peu près 50/50% du temps entre fourmis et termites.

- citer 3 fourmis (ou autres animaux?) : la plus belle, la plus intéressante et la plus bizarre
Les plus belles seront toujours les Cataglyphis pour moi (C. holgerseni par exemple), il n’y a vraiment pas match. Et pour moi, bizarre va forcément de pair avec intéressante. Et pour ces points, c’est impossible de ne donner qu’une seule espèce. Et c’est là où repose tout mon intérêt pour les fourmis, elle sont toutes bizarres. Pour n’en citer que quelques unes sur lesquelles j’ai eu la chance de travailler : l’hybridogènèse sociale des Cataglyphis, la sélection antagoniste entre les sexes de Nylanderia fulva ou la biologie incroyable des Melissotarsus.

- citer 3 publis, dont celle que tu considères comme la meilleure et celle qui t'a demandé le plus de travail, et celle qui t'a le plus posé de pb..
En fait un seul de mes papiers correspond à ces trois critères, mon PNAS l’année dernière sur la sélection antagoniste chez Nylanderia. Mais c’était une super expérience, car chaque étape supplémentaire apportait vraiment quelque chose, aucune frustration.
Pour en citer une autre : Mol. Ecol. Phylogenet. 2017 sur le complexe Cataglyphis bicolor en Israël. Ma première publie en post doc, donc avec un superviseur beaucoup plus ‘hands off’ qu’en thèse. C’est rassurant de voir que l’on peut y arriver seul.

- Enfin un conseil à donner à un jeune qui commence
Faut travailler et persévérer ! Donc faites des choses qui vous plaisent, car vous aller en faire beaucoup et pendant longtemps !