Les ouvrières souffrent du distanciel

Alain Fraval Epingle 1309 (avril 2021)

Les animaux sociaux, tels les humains, souffrent d'être séparés de leurs congénères. Et les insectes ?
Susanne Foitzik et son équipe germano-israélienne ont isolé de jeunes ouvrières, de 14 colonies de la Fourmi noisetière Temnothorax nylanderi (Hym. Myrmiciné), occupées à pouponner, pendant de 1 heure à 28 jours. L'expérience s'est déroulée de janvier à mars 2019.
Cette fourmi, petite et orange, entomophage peu active, fréquente la litière des forêts d'Europe, établissant ses nids peu populeux, de quelques douzaines d'individus, dans les glands et les noisettes tombés ou sous les pierres.
Réunies avec leurs consœurs, les individus préalablement isolés s'intéressent moins que les témoins à leurs contemporaines mais passent plus de temps avec le couvain. En même temps, elles négligent leur toilettage, ce qui est une réaction typique des êtres vivant en société et confinés à l'écart pendant un temps.
L'analyse fonctionnelle des gènes des isolées a révélé que ceux régulant l'immunité et la réponse au stress voient leur activité réduite.
Tous les animaux sociaux, mammifères et insectes donc, souffrent des suites de l'isolement et partagent cet effondrement de l'immunité et cette sensibilité au stress, favorables aux maladies, qui suivent leur éloignement de leurs congénères.

D'après « Ant responses to social isolation resemble those of humans », par l'université de Mayence. Lu le 7 avril 2021 à //phys.org/news
Illustration : ouvrière de Temnothorax nylanderi. Dessin Inon Sharf

Voir - Scharf, I., M. Stoldt, R. Libbrecht, A. Höpfner, E. Jongepier, M. Kever and S. Foitzik (2021). Social isolation causes downregulation of immune and stress response genes and behavioural changes in a social insect. Molecular Ecology sous presse. doi: 10.1111/mec.15902.