Communication entre plantes et plantes - fourmis
Alain Lenoir mis à jour 29-Mar-2018
Communication
entre plantes :
On sait depuis peu que les plantes se parlent et peuvent communiquer entre elles,
par exemple émettre un signal d’alarme volatil à destination
des plantes voisines quand elles sont attaquées par un herbivore (un
insecte le plus souvent) (Rahmani 2016, Schaub 2017). Par exemple, envahi de
pucerons, un plant de soja lance une alarme intrusion (Zaraska 2018). On vient
de montrer que l’arabette des dames (Arabidopsis thaliana) perçoit
les vibrations émises par une chenille de Pieris rapae en train
de manger et qu’elle répond en émettant du glucosinate et
des anthocyanines qui rendent la feuille indigeste. Si on émet le signal
vibratoire la plante réagit de même. Elle est même capable
de différencier ce signal d’un chant d’insecte ou du bruit
du vent, donc de savoir si c’est dangereux pour elle (Appel and Cocroft
2014). En fait, les arbres sont de manière générale capables
de communiquer avec leurs congénères par des substances volatiles
comme le béta-pinène des pins mais aussi par les mycorhizes. Peter
Wohlleben n'hésite pas à parler de "l'internet
du champignon" (Schaub 2017). Pourtant il semble que "Les
plantes ne se comprennent plus" à cause de la pollution de
l'air (Zaraska 2018).
Dessin de Goncalvo-Viana (Zaraska 2018)
Plantes - Fourmis :
Quand une plante myrmécophyte
est attaquée par un défoliateur, cela provoque des vibrations
qui font sortir les fourmis et les feuilles endommagées émettent
des substances volatiles que les fourmis perçoivent et qui ont un effet
attractif. Il s’agit selon les espèces de terpènes, aldéhydes,
alcools, cétones. Dans un cas, on a trouvé aussi du méthyle-salicylate
(= essence de Wintergreen, odeur de pomme sûre, très utilisée
en parfumerie et arômes alimentaires, précurseur de l’aspirine,
acide salicylique) (Blatrix 2010; Blatrix and Mayer 2010).
Les acacias attaqués
par des antilopes ou des éléphants émettent un signal volatile
pour avertir les congénères du danger. Les arbres voisins fabriquent
alors des tanins toxiques pour les prédateurs (Le Monde 2010 et autres
dans Acacia). Pourtant cette version est contestée par divers chercheurs
qui disent que cela n'a jamais été confirmé par une étude
sérieuse (Chauveau 2017).
La plante semble être capable de détecter la présence des
fourmis. Cela a été montré chez un Piper qui ne
produit des corps nourriciers qu’en présence des fourmis (Blatrix
2010).
Voir
- Appel, H. M. and R. B. Cocroft (2014). Plants respond to leaf vibrations caused
by insect herbivore chewing. Oecologia 175(4): 1257-1266. 10.1007/s00442-014-2995-6
- Blatrix, R. (2010). La communication dans les symbioses entre plantes et fourmis.
Le courrier de la Nature 260: 33-41.
- Blatrix, R. and V. Mayer (2010). Communication in ant-plant symbioses. Plant
communication from an ecological perspective. F. Baluska and V. Ninkivic. Berlin,
Springer: 127-158.
- Chauveau, L. (2017). L'acacia, tueur en série ? Science et Avenir HS
avril-mai 2017: p. 66. Pdf
- Le Monde (2010). Quand les fourmis défendent les acacias contre les
éléphants. Le Monde 4 septembre.
- Rahmani, S. (2016). Les plantes. Ces grandes communicantes. Le Monde Science
et Médecine Mercredi 2 mars. p. 4-5.
- Schaub, C. (2017). "Les arbres ne voteraient pas à droite".
Interview de Peter Wohlleben sur "La vie secrète des arbres"
(Les Arènes 2017). Libération Jeudi 16 mars 2017. p. 26-27.
- Zaraska, M. (2018). Les plantes ne se comprennent plus. Courrier International
1426, 1er - 7 mars 2018: p. 34-35. Pdf