Maureen Le Yannou-Cateine
Alain Lenoir Mis à jour 20-Fév-2022
Thèse : La myrmécochorie
en Nouvelle-Calédonie : importance du contexte et impact des fourmis
introduites sur ce service (2017). Sous la direction d'Erick
Provost et de Hervé
Jourdan - Nouvelle Calédonie.
Jury : Xim CERDÁ,
chercheur CSIC, directeur station biologique de Doñana, Séville
(rapporteur); Olivier DANGLES, directeur de recherche, IRD, Research associate,
Cornell University (rapporteur); Bruno FOGLIANI, maître de conférences,
IAC (examinateur); Yves LETOURNEUR, professeur, UNC (examinateur): Erick PROVOST,
chargé de recherche, CNRS (co-Directeur); Hervé JOURDAN, ingénieur
de recherche, IRD (co-directeur). Pdf
de la thèse
Voir la soutenance en visio :
Résumé
: La biosphère traverse une crise de biodiversité sans précédent,
dont les milieux insulaires sont l’épicentre. Les invasions biologiques
constituent l’un des principaux facteurs de forçage, notamment
du point de vue de l’altération des relations mutualistes pour
le fonctionnement et le maintien des écosystèmes. Au cours de
notre travail en Nouvelle-Calédonie, nous nous sommes particulièrement
intéressés à un groupe clé de voute pour le fonctionnement
des écosystèmes, les fourmis, et leur implication vis-à-vis
de la dispersion de graines (myrmécochorie). Nous avons ainsi réalisé
le premier bilan concernant l’existence de ce mutualisme en Nouvelle-Calédonie
avec l’identification de 300 plantes autochtones, avec une prépondérance
d’espèces liées aux substrats sur roches ultramafiques (forêt
dense et maquis minier). Nous avons ensuite testé in situ en milieu minier,
l’existence de la dispersion de graines par les fourmis. Après
avoir caractérisé les communautés selon un gradient de
perturbation anthropique (maquis ligno-herbacée vers la forêt)
et la présence marquée de fourmis exotiques, nous avons évalué
les capacités de dispersion et la contribution des fourmis invasives
à ce service par rapport aux fourmis natives. Ainsi, Solenopsis
geminata semble capable d’une meilleure dispersion des graines
par rapport aux espèces natives en milieu ouvert. A contrario, Wasmannia
auropunctata perturbe ces interactions. Agressive et plus rapide à
découvrir les ressources, elle interfère et exclue les espèces
natives sans pour autant assurer de dispersion efficace dans les différents
habitats. Dans le contexte d’un régime de perturbation intense
pour permettre le maintien des communautés animales natives, nos travaux
illustrent une communauté néo-assemblées de fourmis, dominées
par des exotiques et dont certaines pourraient assurer un relai de fonction
vis à vis du maintien et de la dynamique des maquis. Nos travaux permettre
d’illustrer la forte contexte dépendance de l’appréciation
des impacts d’espèces reconnues invasives en fonction du niveau
de perturbation anthropique et de discuter la contribution possible de ces fourmis
dans un contexte de restauration après perturbation des habitats sur
substrats ultramafiques, voire de leur valorisation en ingénierie écologique.