La fourmi et le sociobiologiste  

 

Alain Lenoir mis à jour 05-Déc-2022

Pierre Jaisson, éditions Odile Jacob, 315 p. (1993). Livre traduit en espagnol

Descriptif selon l'éditeur " Qu'est-ce qu'une société animale ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment et pourquoi le mode de vie social est-il apparu au cours de l'Evolution ? Les sociobiologistes interprètent les sociétés animales dans le cadre de la théorie de l'Évolution. Ils s'intéressent en particulier aux fourmis et aux abeilles. Mais les résultats de leurs recherches conduisent à se demander si leur démarche ne pourrait pas contribuer à mieux faire comprendre l'Homme lui-même. Ce faisant, la sociobiologie a suscité des malentendus et des polémiques, au point qu'elle est devenue injustement tabou en France. Pierre Jaisson, l'un de nos meilleurs spécialistes des sociétés animales, dresse le premier bilan sérieux d'une approche scientifique qu'il faut coûte que coûte préserver des idéologues. "

Insectes sociaux et sociobiologie. Analyse du livre de Pierre Jaisson, par Thierry Auffret Van der Kem (Revue du Palais de la Découverte, n°210, juil.-août-sept 1993). Pdf
Extrait. "L'intérêt de l'étude fondamentale des fourmis et des insectes sociaux pour la compréhension du fonctionnement et de l'évolution des sociétés animales est lui aussi de première grandeur comme en témoigne l'étonnant ouvrage du professeur Pierre Jaisson, «La fourmi et le sociobiologiste », publié récemment aux éditions Odile Jacob. L'auteur, directeur du Laboratoire d'éthologie expérimentale du CNRS et professeur à l'université Paris-Nord-Villetaneuse, consacre, en effet, les troisième et quatrième chapitres de son livre spécifiquement aux insectes sociaux et aux problèmes d'altruisme et de parasitIsme dans les fourmilières, après avoir présenté de façon très convaincante la réalité de la sociobiologie. Il nous montre les théories d'une discipline qui, préservée des idéologies, permet une féconde et nouvelle interprétation des comportements dans les sociétés animales dans le cadre de la théorie de l'Évolution.
L'auteur nous entraîne ensuite de découvertes en découvertes, plus surprenantes les unes que les autres : les moyens de reconnaissance des apparentés aussi bien chez les insectes que chez les poissons et les mammifères, les comportements de fraternité chez les cloportes ou de compétition chez les abeilles, le sens de la famille chez les têtards et les chauve-souris vampires, l'entraide, la convivialité et le sexe chez les souris et les guêpes, pour finir avec une réflexion sur l'apport de la sociobiologie à la compréhension de l'espèce humaine. Voilà un livre comme on n'en avait pas lu depuis longtemps. Remarquablement clair et passionnant, dans la grande tradition naturaliste, il faut absolument l'emporter dans ses bagages pour partir en vacances à la campagne. Que vous le lisiez allongé sur le gazon d'un jardin, dans les herbes folles d'une prairie ou sur la mousse d'un sous-bois, qu'importe, soyez assuré qu'en le refermant vous porterez sur les colonnes de fourmis qui déambulent sous votre nez, ou sur les abeilles et les guêpes qui virevoltent autour de vos oreilles, un regard nouveau et émerveillé.
Sous le coup de la jubilation de la découverte, vous ne manquerez pas de vous posez mille questions sur ces insectes, et pour finir sur vous-même. Si vous voulez en savoir plus, attendez votre retour de vacances l'année prochaine à Paris, car la capitale française deviendra aussi, du 21 au 27 août 1994, capitale mondiale des insectes sociaux. L'Union Internationale pour l'Étude des Insectes Sociaux (connue sous le sigle
anglophone d'IUSSI), présidée par Pierre Jaisson, organise, en effet, à ces dates, à la Sorbonne, son 12e congrès mondial qui accueillera 600 participants provenant de 40 pays. A cette occasion, en parallèle aux communications des congressistes, plusieurs manifestations sont prévues et notamment le premier festival international sur les insectes sociaux dans le cinéma, ainsi qu'une exposition sur les insectes sociaux dans les arts plastiques. Enseignants, chercheurs, journalistes ou entomologistes amateurs, lecteurs de notre revue sont invités à se renseigner dès maintenant auprès de l'université Paris-Nord sur l'organisation de ce congrès d'une exceptionnelle envergure que méritait bien la multitude de ce monde animal fascinant et intriguant."
Thierry AUFFRET VAN DER KEMP

Voir par exemple :
- La reconnaissance coloniale s'apprend par apprentissage préimaginal, fait démontré pour la première fois chez Cataglyphis cursor pour les soins aux larves (Isingrini, Lenoir et Jaisson 1985).

La sociobiologie et le livre de Pierre Jaisson ont fait l'objet de beaucoup de discussions et critiques
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Thierry AUFFRET VAN DER KEMP. Insectes sociaux et sociobiologie. Analyse du livre de Pierre Jaisson, Revue du Palais de la Découverte, n°210, juil.-août-sept 1993. Pdf
- Duroy, L. (1997). Pierre Jaisson, sociobiologiste quand même. La Recherche 295, Février p. 22-24.
- Mallaval, C. (1994). Faut-il brûler la sociobiologie ? L'altruisme ou la mort. Libération. 26 janvier 1994.
- Harrois-Monin, F. and C. Gilbert (1993) Pierre Jaisson: ne tirez pas sur la sociobiologie. L'Express, 1 juillet 1993.
- Tort, P. (1990). Du biologique dans le social. REED (Srétie Info) Décembre 1990: 2-4. Pdf
- Chapouthier, G. (1993). Analyse du livre de Pierre Jaisson "La fourmi et le sociobiologiste". Revue philosophique 4: 770-771. Une analyse qui fait bien la part des choses.
- M.R. (1993). Retour sur la sociobiologie. Libération, 15 avrl 1993. Pdf
- Jannoud, Claude (1993). Sociologie des fourmis. Le Figaro 6 mai 1993. Pdf

- Pierre Jaisson. L'homme... Un 4ème coopéron ? dans La Lettre d'information de la maison de l'innovation, n°5, 1994. Pdf
- Le Pr Jaisson, auteur de "La fourmi et le sociobiologiste" "N'ayons plus peur de la sociobiologie, elle n'est ni raciste ni d'extrême droite", L'évenement du jeudi, 23-29 décembre 1993, n°477, p. 79-81. Pdf