Lutte contre la maladie de Lyme
Mis à jour le 17-Jan-2024
Lyme : voici comment les fourmis peuvent nous aider pour lutter contre les tiques. Par Emma Derome, çaminteresse28déc23,
"Certaines fourmis sont de grandes prédatrices. Les fluides qu'elles produisent indiquent aux animaux qui peuvent être leurs proies un danger imminent. C'est pour cela que des scientifiques veulent exploiter ce potentiel pour éloigner les tiques, porteuses de la maladie de Lyme.
La maladie de Lyme est rarement mortelle, mais elle peut handicaper grièvement les malades dans leur vie de tous les jours, à cause des atteintes neurologiques, musculaires et articulaires qu'elle peut causer. La maladie se transmet via les piqûres de tiques : s'il existe des traitements antibiotiques pour soigner les personnes juste après qu'elles aient été piquées, il n'existe pas de traitement durable pour celles qui ont contracté la maladie sans le savoir. La recherche contre Lyme se concentre donc sur l'élimination de la bactérie à l'origine de l'infection, la Borrelia, et sur la lutte contre les tiques de manière générale. C'est ainsi que l'idée innovante d'un nouveau répulsif est née.
Une équipe de l'université canadienne Simon Fraser a constaté que certaines fourmis, et notamment la Formica oreas qui vit au Canada, produisaient des signaux chimiques capables de repousser non seulement les araignées ou les abeilles, mais aussi les tiques. Il s'agit d'un cocktail entre leur venin, l'acide formique, et les phéromones qu'elle produit pour marquer son territoire. Dans une étude publiée dans la revue Royal Society Open Science, ils décrivent comment les tiques réagissent à la combinaison chimique, qu'elle soit produite naturellement par les fourmis, ou bien artificiellement en laboratoire.
Leurs tests ont été concluants : les tiques s'éloignent lorsqu'elles détectent le venin et les phéromones en même temps. En plaçant ces petites bêtes dans une boîte reliée à un second récipient par deux tunnels tapissés, l'un par une substance neutre, et l'autre par les signaux chimiques de fourmis, les scientifiques ont constaté la vive réaction des parasites. Ils n'avaient cependant aucune réaction lorsque l'un des composants était utilisé seul.
Il y a en revanche beaucoup de travail avant d'élaborer un répulsif utilisable par les humains. Mais cela n'est pas impossible : dans les huiles essentielles déjà utilisées comme répulsif contre les tiques, on retrouve déjà les mêmes composés organiques qu'un autre fluide produit par les fourmis, celui des glandes mandibulaires. Ce dernier serait également considéré par les tiques comme un signe de danger. Les chercheurs sont cependant en quête d'une molécule encore plus efficace que ce qui existe déjà.
L'article : Gooding, C. E., C. Pinard, R. Gries, A. Devireddy and G. Gries (2024). Blacklegged ticks, Ixodes scapularis, reduce predation risk by eavesdropping on communication signals of Formica oreas thatching ants. Royal Society Open Science 11(1): 231355. doi:10.1098/rsos.231355.
Glandes et appareil digestif de la Formica, à droite les chromatographies de la glande à poison et de la glande de Dufour selon Gooding et al (2024)