On peut être une fourmi… paresseuse !
Mis à jour le 14-Nov-2023
On peut être une fourmi… paresseuse ! Rtbf.be 10 nov 23.
C’est
bien connu, les fourmis sont de véritables modèles d’organisation
et d’ardeur au travail. Mais sont-elles réellement toutes efficaces
? Ou existe-t-il des tire-au-flanc ? Inspection !
Workaholic, les fourmis ? On
a souvent l’image de la fourmi sans cesse en action, courant partout pour
satisfaire les besoins de sa colonie. Pourtant, d’après les observations
de certains spécialistes, une bonne partie d’entre elles semble
ne rien faire du tout…
Daniel Charbonneau, un biologiste d’origine canadienne, a décidé
de mener l’enquête. Pour y voir plus clair, il a effectué
un travail délicat qui consiste à peindre chaque membre d’une
colonie avec un code de couleurs unique, ce qui lui permet de les reconnaitre
et de suivre les mouvements de chaque individu. Ensuite, place à l’observation…
Nuit et jour, il surveille l’activité de ses fourmis. Résultat
: 20% de la colonie se démène à fond les ballons, tandis
qu’une bonne portion s’active assez raisonnablement et que la portion
restante… ne fait strictement rien !
Une inactivité qui pourrait cacher une vraie utilité
Alors, ces
fourmis sont-elles simplement paresseuses ou ont-elles des fonctions cachées
? Pour Serge Aron,
chercheur en biologie à l’ULB, cette inactivité n’est
pas forcément le reflet d’une réalité sur le long
terme. Certaines fourmis peuvent en effet être inactives au moment de
l’étude, mais cela ne signifie pas qu’elles n’ont pas
été actives à d’autres périodes, par exemple
en début ou en fin de vie.
Par ailleurs il est
possible que ces individus, en apparence paresseux, contribuent autrement au
fonctionnement de la fourmilière. Ils peuvent avoir des activités
moins visibles comme la ponte ou le stockage de nourriture par exemple.
Chez certaines espèces,
il existe effectivement un type particulier de fourmis appelées fourmis
bonbonnes, sortes de frigo ambulants qui restent au nid et stockent la nourriture
ramenée par d’autres individus.
Pour Daniel Charbonneau,
la théorie de la ponte en cachette est une autre possibilité :
si la reine est généralement la seule à se reproduire,
on observe chez certaines espèces des ouvrières capables de pondre
des œufs et de produire des mâles. Les chercheurs se sont d’ailleurs
rendu compte que les fourmis les moins actives tendaient à avoir plus
d’œufs que les autres...
Si l’énigme
n’est pas encore totalement résolue, les fourmis inactives auraient
donc bel et bien un rôle à jouer malgré les apparences.
L’inactivité de certaines fourmis n’est donc pas forcément
synonyme de paresse…"
Voir - Charbonneau, D., C. Poff, H. Nguyen, M. C. Shin, K. Kierstaed and A. Dornhaus (2017b). Who Are the “Lazy” Ants? The Function of Inactivity in Social Insects and a Possible Role of Constraint: Inactive Ants Are Corpulent and May Be Young and/or Selfish Integr Comp Biol 57: 649-667.