On peut être une fourmi… paresseuse !
Mis à jour le 19-Nov-2023
Par Elisabeth Mol
https://www.rtbf.be/article/on-peut-etre-une-fourmi-paresseuse-11259635.
10 nov. 2023
C’est bien connu,
les fourmis sont de véritables modèles d’organisation et
d’ardeur au travail. Mais sont-elles réellement toutes efficaces
? Ou existe-t-il des tire-au-flanc ? Inspection !
Workaholic, les fourmis ?
On a souvent l’image de la fourmi sans cesse en action, courant partout
pour satisfaire les besoins de sa colonie. Pourtant, d’après les
observations de certains spécialistes, une bonne partie d’entre
elles semble ne rien faire du tout…
Daniel Charbonneau, un biologiste d’origine canadienne, a décidé
de mener l’enquête. Pour y voir plus clair, il a effectué
un travail délicat qui consiste à peindre chaque membre d’une
colonie avec un code de couleurs unique, ce qui lui permet de les reconnaitre
et de suivre les mouvements de chaque individu. Ensuite, place à l’observation…
Nuit et jour, il surveille l’activité de ses fourmis. Résultat
: 20% de la colonie se démène à fond les ballons, tandis
qu’une bonne portion s’active assez raisonnablement et que la portion
restante… ne fait strictement rien !
Une inactivité qui pourrait cacher une vraie utilité
Alors, ces fourmis sont-elles simplement paresseuses ou ont-elles des fonctions
cachées ? Pour Serge Aron, chercheur en biologie à l’ULB,
cette inactivité n’est pas forcément le reflet d’une
réalité sur le long terme. Certaines fourmis peuvent en effet
être inactives au moment de l’étude, mais cela ne signifie
pas qu’elles n’ont pas été actives à d’autres
périodes, par exemple en début ou en fin de vie.
Par ailleurs il est possible que ces individus, en apparence paresseux, contribuent
autrement au fonctionnement de la fourmilière. Ils peuvent avoir des
activités moins visibles comme la ponte ou le stockage de nourriture
par exemple.
Chez certaines espèces, il existe effectivement un type particulier de
fourmis appelées fourmis bonbonnes, sortes de frigo ambulants qui restent
au nid et stockent la nourriture ramenée par d’autres individus.
Pour Daniel Charbonneau, la théorie de la ponte en cachette est une autre
possibilité : si la reine est généralement la seule à
se reproduire, on observe chez certaines espèces des ouvrières
capables de pondre des œufs et de produire des mâles. Les chercheurs
se sont d’ailleurs rendu compte que les fourmis les moins actives tendaient
à avoir plus d’œufs que les autres...
Si l’énigme n’est pas encore totalement résolue, les
fourmis inactives auraient donc bel et bien un rôle à jouer malgré
les apparences. L’inactivité de certaines fourmis n’est donc
pas forcément synonyme de paresse…