Olfaction des fourmis
Alain Lenoir - Mis à jour le 23-Fév-2021
Les fourmis sont uniques dans le monde des insectes parce qu’elles possèdent plus de 400 récepteurs odorants comparativement aux 60 à 80 chez d’autres insectes tels que les mouches à fruits et les moustiques. Seules les femelles en ont autant, les mâles en ont trois fois moins.
On commence à connaître aussi les récepteurs olfactifs, voir Slone (et al 2017) sur Harpegnathos.
Selon Ça m'Intéresse (janvier 2020, p.76) l'olfaction performante des abeilles pourrait être utilisée pour détecter des odeurs de stupéfiants ou explosifs.
Détection
olfactive du cancer humain par les fourmis.
Et si on remplaçait les IRM et autres scanners par des fourmis pour dépister
les cancers. C'est ce que Baptiste Piqueret (Laboratoire d’éthologie
Expérimentale et Comparée, Univ. Sorbonne Paris Nord) va nous
expliquer lors du prochain kikikose de l'IRBI à Tours. Il nous présentera
ses récents travaux de thèse sur la "Détection olfactive
du cancer humain par les fourmis".
Résumé :
"Les cancers sont la seconde cause de décès chez l’Homme
avec presque 10 millions de mort en 2020. Plus tôt cette maladie est détectée
et diagnostiquée, meilleures sont les chances de survie du patient. Actuellement,
les méthodes de dépistage classiques sont invasives (ex : mammographie)
et/ou coûteuses (ex : IRM), mais des méthodes alternatives, basées
sur l’apprentissage d’odeurs caractéristiques des cancers,
sont prometteuses car non-invasives, rapides et peu onéreuses. Dans ce
contexte, cette thèse s’est intéressée à la
possibilité d’utiliser les capacités olfactives de discrimination
d’une espèce de fourmi, Formica fusca, pour détecter
les cancers. Nous avons tout d’abord caractérisé l’apprentissage
olfactif associatif chez cette espèce, et démontré que
ces fourmis apprenaient rapidement et que la mémoire formée était
robuste. Par la suite, en utilisant des lignées cellulaires cancéreuses
humaines, nous avons observé que les fourmis pouvaient différencier
des cellules saines de cellules cancéreuses, ainsi que deux lignées
cancéreuses entre elles. Finalement, nous avons utilisé de l’urine
de souris greffées avec des tumeurs humaines comme source d’odeur
pour l’apprentissage. Les fourmis se sont montrées capables de
différencier l’urine des souris saines de celle des souris malades,
mais pas l’inverse, ce que nous attribuons à la saillance plus
faible des échantillons cancéreux. L’utilisation d’outils
d’analyse chimique (SPME et GC-MS) ont permis de confirmer cette hypothèse
et d’établir une liste de biomarqueurs potentiels des cancers.
En comparaison de l’odorat canin, qui est le maitre étalon dans
ce domaine, les fourmis sont beaucoup plus rapides, moins chères, et
tout aussi efficaces. Même si des améliorations peuvent être
proposées, cette première étude a mis en lumière
le potentiel de l’utilisation des fourmis pour la détection précoce
des cancers."
Comment une femelle de papillon peut-elle attirer un mâle à plusieurs kilomètres alors que la concentration des molécules doit être à peu près nulle ? Il est possible que ce soit comparable à ce que l'on appelle la mémoire de l'eau ... Luc Montagnier, célèbre découvreur du virus du Sida, croit à ce phénomène (Davet et Lhomme 2018).
Voir
- 400 récepteurs
olfactifs chez les fourmis. Sc et Avenir novembre 2012, p. 36.
- Charpentier, J. (2017) Décoder les odeurs des fourmis. actualite.houseniawriting.com,
11 juillet 2017, p. https://actualite.housseniawriting.com/science/2017/07/11/decoder-les-odeurs-des-fourmis/22649/
- Davet, G. and F. Lhomme (2018). Luc Montagnier, le virus de la controverse.
Le Monde 19-20 août 2018. p. 21.
- Slone, J. D., G. M. Pask, S. T. Ferguson, J. G. Millar, S. L. Berger, D. Reinberg,
J. Liebig, A. Ray and L. J. Zwiebel (2017). Functional characterization of odorant
receptors in the ponerine ant, Harpegnathos saltator. Proceedings of the National
Academy of Sciences 114(32): 8586-8591. 10.1073/pnas.1704647114