Dictionnaire amoureux des fourmis - Nouveautés novembre 2018  

Alain Lenoir Mis à jour 28-Nov-2018

- Nouveaux mots-clés : Soldats / Éclipses solaires / Films divers /

- Encore du nouveau du côté de Lausanne ! Nathalie Stroeymeyt dans l'équipe de Laurent Keller avec Sylvia Cremer en Autriche ont marqué individuellement les fourmis de 22 colonies de Lasius niger avec des tags (4266 fourmis marquées) qui permettent de les suivre. Des fourmis fourrageuses ont été exposées à un champignon pathogène Metarhizium brunneum. Les fourmis infectées ont réduit leurs déplacements à l'intérieur de la colonie et se sont de plus en plus isolées. Et ceci, avant même que le moindre symptôme de maladie n'apparaisse! «C'est comme si un humain se savait contaminé par une maladie contagieuse et qu'il évitait de la propager, même si elle ne l'a pas encore affecté», constate Laurent Keller. Plus étonnant encore, les fourragères saines se sont non seulement éloignées des contaminées mais ont également diminué leurs interactions avec l'intérieur de la fourmilière, comme si elles savaient qu'elles pouvaient être un vecteur potentiel de propagation de l'épidémie. «Le fait que des fourmis non exposées soient aussi capables d'adapter leur comportement à la présence d'un pathogène était inconnu jusqu'ici», se réjouit Nathalie Stroeymeyt, postdoctorante au Département et première auteure de l'étude parue jeudi dans «Science». Mais l'isolement des individus à risques n'a pas été la seule mesure de défense prise par la colonie. Celle-ci s'est mise à surprotéger ses individus les plus importants. La reine et les nourrices étaient encore moins exposées aux contacts que d'habitude. Une nouvelle expérience de survie, menée pendant 9 jours sur 11 nouvelles colonies a montré que la mortalité était beaucoup plus élevée chez les fourragères que chez les nourrices. Et aucune des reines n'a péri.

           

Nathalie Stroeymeyt dans la vidéo de Radio-canada :

Voir
- Stroeymeyt, N., A. V. Grasse, A. Crespi, D. P. Mersch, S. Cremer and L. Keller (2018). Social network plasticity decreases disease transmission in a eusocial insect. Science 362(6417): 941-945. 10.1126/science.aat4793

et quelques uns des articles qui citent ce travail :
- Pralong, M. (2018) L'incroyable travail de fourmi des biologistes lausannois. lematin.ch, 23 novembre 2018, https://www.lematin.ch/sante/sciences/incroyable-travail-fourmi-biologistes-lausannois/story/21231517 (lematin.ch)
- et une belle perle : Les fourmis ont inventé le congé maladie bien avant l’homme ... (site web)
- Les fourmis peuvent nous apprendre comment éviter les épidémies (site web)
- Les fourmis malades prennent des “congés maladie” pour protéger la colonie (Sciencepost.fr)
- Les fourmis, ensemble pour faire face aux maladies (radio-canada.ca) avec une vidéo
- Jollien, N. (2018) Les fourmis savent éviter les épidémies. Letemps.ch, 22 novembre 2018 (letemps.ch) avec interview de Thibaud Monnin et Cédric Sueur. Pdf
- et bien sûr Le Monde du 28 novembre 2018 : Contre l'infection, les fourmis s'organisent. Pdf (avec la photodes fourmis taguées)

- L'appel "Nous voulons des coquelicots" pour l'interdiction de tous les pesticides. Signez l'appel

et lisez le livre : Nicolino, F. and F. Veillerette (2018). Nous voulons des coquelicots, LLL Les Liens qui Libèrent.
On y apprend par exemple que Pasolini avait déjà observé en 1975 la disparition des vers-luisants (p.8). Dans ce même livre (p.13), les auteurs remarquent que Fabre à partir de 1879 à l'Harmas trouve facilement des quantités d'insectes.
Ce livre est un résumé actualisé de Nicolino Fabrice (2014). Un empoisonnement universel. LLL Les Liens qui Libèrent. Analyse du livre

- La personnalité des animaux toujours dans l'actualité. C'est ainsi que l'on pense que les requins mangeurs d'homme seraient des individus déviants qui ont appris jeunes à apprécier ce type de proie. Voir personnalité.
Chavance, Y. 2018. Mieux identifier les requins mangeurs d'hommes. Le Monde Science et Médecine 21 novembre 2018. p. 2

- Jared Diamond, célèbre biologiste et géographe américain publiait en 2005 "Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie". Il est interviewé dans Le Monde du 24 novembre 2018. Parmis les quatre dangers qui menacent l'humanité il y a l'accumulation de produits toxiques dans les écosystèmes.
Joignot, F. (2018). "Quatre dangers menacent l'existence de l'humanité" Interview de Jared Diamond. Le Monde Idées 24 novembre 2018. p. 1-3.

- Isabelle Autissier "Dans mes premiers boulots, déjà, j'avais alerté sur l'impact de la surpêche. Ensuite, j'ai vu les amas de plastique, et les animaux morts d'en avoir ingéré, dans les endroits les plus éloigés, les plages du nord du Spitzberg, le fin fond des Malouines." (Le Monde 25-26 novembre 2018, p. 19). Voir Plastiques

- Le paysage brésilien façonné par les termites. Deux cents millions de monticules de terre de 2,5 mètres de haut dans le Nord-Est du Brésil. Ce ne sont pas des termitières mais le produit des tunnels creusés par les insectes pour aller chercher leur nourriture (Le Monde Science et Médecine 21 novembre 2018. Voir ) Voir Fourmis ingénieurs des écosystèmes

- Les Crematogaster scutellaris (appelées fourmis acrobates) peuvent être nuisibles, par exemple on m'a signalé à Sauvagnon (près de Pau) qu'elles ont envahi et neutralisé une commande de portail électrique.. (10 nov 2018).

- Fourmis et plantes, un amour préhistorique selon Christophe Josset de l'Express (2018). Un énorme travail de Corie Moreau et collaborateurs qui ont comparé les différences d'ADN de deux groupes d'organismes : 1 700 espèces de fourmis et 10 000 catégories de plantes. Les analyses montrent que leur entraide est bien plus ancienne que prévue : ses prémices remontent à l'époque du mésozoïque, c'est-à-dire entre 66 et 250 millions d'années avant notre ère ! Les résultats révèlent que les fourmis ont commencé à s'appuyer sur les plantes bien avant que celles-ci ne développent des structures spécialisées pour mieux assurer leur refuge et leur alimentation. "Les fourmis ont commencé par chercher de la nourriture dans les arbres, ont incorporé les plantes à leur alimentation, et à partir de là, ont commencé à vivre dans les arbres", souligne Corie Moreau.
Voir
* Josset, C. (2018) Fourmis et plantes, un amour préhistorique. lexpress.fr, 19 novembre 2018, p. https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/fourmis-et-plantes-une-histoire-d-amour-prehistorique_2049228.html. Pdf
* Nelsen, M. P., R. H. Ree and C. S. Moreau (2018). Ant–plant interactions evolved through increasing interdependence. Proceedings of the National Academy of Sciences. 10.1073/pnas.1719794115

- Formica archboldi sont prédatrices d'Odontomachus en Floride en utilisant l'acide formique. Elles collectionnent les têtes de leur victimes. Elles ont la même odeur que leurs proies (hydrocarbures cuticulaires), ce qui leur permet de passer inaperçues. Voir Prédateurs de fourmis
Et quelques perles comme celle-ci : "En Floride, Les Fourmis Utilisent Les Espèces Les Crânes D’Autres Fourmis Pour Décorer Leurs Nids" (victoriadroit.com18 nov 18)
voir
* Dailygeekshow (2018) Ces fourmis terrifiantes décapitent leurs victimes afin de collectionner leurs têtes. Dailygeekshow.com, 21 novembre 2018, p. https://dailygeekshow.com/fourmi-formica-archboldi-crane-proie-collection/
Avec vidéo Pdf
* Smith, A. A. (2018). Prey specialization and chemical mimicry between Formica archboldi and Odontomachus ants. Insectes Sociaux in press. doi.org/10.1007/s00040-018-0675-y

- À l'écoute des Insectes de Joanne Elizabeth Lauck (Le Souffle d'or 2018, 406 pages)

- Ant Head, un court-métrage expérimental de David Lynch

- Il y a en ce moment un débat entre les personnes qui veulent installer des ruches partout, même en ville et les défenseurs des abeilles sauvages pollinisatrices qui sont concurrencées par les abeilles domestiques. Voir par exemple Nourygat 2018. Tous les travaux semblent montrer que la concurrence est défavorable aux pollinisateurs (Hung et al 2018).
Voir
- Hung, K.-L. J., J. M. Kingston, M. Albrecht, D. A. Holway and J. R. Kohn (2018). The worldwide importance of honey bees as pollinators in natural habitats. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 285(1870). 10.1098/rspb.2017.2140
- Nourygat, V. (2018). Arrêtez d'installer des ruches partout. Science & Vie Août 2018: p. 45. Pdf

- L'épigénétique dans l'actualité. On a déjà constaté l'influence de stress psychologiques ou alimentaires sur la descendance chez l'homme (Schechter et al 2017), c'est le cas par exeemple de la famine qui a été imposée aux Pays-Bas par les allemands pendant la dernière guerre durant l'hiver 1944-45. Les petits-enfants de ces femmes ont plus d'hypertension artérielle, de diabète de type 2 et d'obésité (Théodule 2018). Il en est de même pour les souriceaux mâles stressés pendant les 15 premiers jours de leur vie qui sont affectés jusqu'à la 4ème génération dans leur cerveau et les spermatozoïdes (Théodule 2018).

- Dans la colonie de bourdons Bombus impatiens si la reine est exposée à de l'imidaclopride elle est moins active pour s'occuper des larves (Crall et al 2018, voir Morin 2018 et Raine 2018). Cela explique en parie les effets nocifs de ces pesticides. Voir Néonicotinoïdes

- Les incroyables pouvoirs du blob qui fascinent toujours autant (Bomboy 2018).
Bomboy, A. (2018). Les incroyables pouvoirs du BLOB. ça m'intéresse octobre-novembre 2018: p. 30-31. Pdf

- Le 27 octobre hommage à Raphaël Boulay dans le parc national de Donana (Andalousie) avec une plaque dans la cour du Palacio :   

                             

- Pesticides et cancer : les grands consommateurs de bio ont un risque réduit de cancer de 25% et cela serait lié à un taux de pesticides réduit (Foucart 2018, Foucart et Santi 2018).


Voir
Foucart, S. (2018). Le bio, la santé et la science. Le Monde 28-29 octobre 2018. Pdf
Foucart, S. and P. Santi (2018). Manger bio réduit les risques de cancer. Le Monde 24 octobre 2018. p. 8. Pdf
Article original : Baudry, J., K. E. Assmann, M. Touvier and et al. (2018). Association of frequency of organic food consumption with cancer risk: Findings from the nutrinet-santé prospective cohort study. JAMA Internal Medicine. 10.1001/jamainternmed.2018.4357

- Voir plus sur la BD La guerre des fourmis