Le Monde, 21-22/01/01

Nos ancêtres hominidés étaient friands de termites

Il y a 1,8 millions d'années, en Afrique du Sud, nos ancêtres hominidés Australopithecus robustus et Homo habilis amélioraient leur ordinaire en consommant des termites. Et ils l'ont fait pendant encore cinq cent mille ans, assurant ainsi à leur alimentation un apport précieux en protéines, graisses et acides amitiés. Comment ? En utilisant des éclats d'os longs d'animaux pour accéder aux termitières.

C'est la conclusion à laquelle sont parvenus Francesco d'Errico, chercheur à l'Institut de préhistoire et de géologie du quaternaire de Bordeaux (CNRS/ministère de la culture/université de Bordeaux), et Lucinda Backwell, de l'université sud-africaine de Witwatersrand, après avoir étudié les sites de Swartkrans et Sterkfontein. Leurs certitudes se fondent sur l'analyse de la comparaison au microscope électronique des traces laissées sur 85 éclats d'os utilisés par l'homme et celles observées sur des ossements anciens usés par des éléments naturels. Ils ont aussi procédé, expliquent-ils dans les Proceedings of the National Academy of Sciences du 16 janvier, à l'exploration de termitières contemporaines avec des éclats d'os récents pour observer les marques que produisait ce geste.

Ce travail a permis de CiétnOl7trer que l'orientation et 1'tisiire des stries observées -très fines et parallèles à l'axe des os - étaient caractéristiques de l'exploration des termitières », précise Francesco d'Errico « Ce qui élimine l'hypothèse de l'utilisation de ces éclats pour la recherche de tubercules. »

UNE NOURRITURE VARIÉE

Une hypothèse qui avait été émise il y a dix ans par Bob Brain, ancien directeur du Muséum d'histoire naturelle de Pretoria, et Pat Shipman, une anthropologue américaine, qui avaient étudié les éclats d'os de Swartkrans et de Sterkfontein. Pat Shipman reconnaît d'ailleurs que le travail mené par Francesco d'Eriico et Luciida Backwell , est remarquable.

Cette découverte semble indiquer que la nourriture de nos lointains ancêtres était plus variée qu'on ne le pensait. Les paléontologues considéraient qu'Australopithèques robustus était végétarien et Homo habilis gourmand en protéines. Deux colloques menés en 2000 à Philadelphie et à Pretoria ont cependant montré que ces deux espèces d'hominidés n'avaient pas une nourriture très différente. Ce que semble confirmer la découverte des deux chercheurs, conscients que leur hypothèse est discutable.

Herberi Thomas, paléontologue (Collège de France), est perplexe. Il me semble difficile, explique-t-il, de retrait ver les faits et gestes des /7oininidés à une époque aussi lointaine. Mois je ne sais pas du tout étonr7é que nos lointains ancêtres aient mangé des termites. C'est un complément en protéines animales. L'homme a très rapidement découvert qu'un grand nombre d'aliments intéressants était à sa portée. Les chimpanzés, qui utilisent des baguettes de bois pour prélever ces termites, le savent bien. »

Christiane Galus