Thèse Ana Maria Viana

La reconnaissance coloniale du couvain et du champignon chez la fourmi champignonniste : Acromyrmex subterraneus subterraneus, Soutenue à Paris 13 (1996), sous la direction d'Alain Lenoir

Résumé

Chez les sociétés des fourmis, la reconnaissance et la discrimination sont à la base de l'organisation sociale. La coopération pour l'élevage du couvain est une caractéristique importante chez les insectes sociaux. La fourmi champignonniste Acromyrmex subterraneus (Hymenoptera, Formicidae, Myrmicinae, Attini) est capable de reconnaitre et discriminer le couvain homocolonial qui est transporté au nid, alors que le couvain d'autre colonie ou d'une autre espèce finissent par être rejetés même après une période d'acceptation transitoire. Ce comportement montre une fermeture sociale quasi absolue envers le couvain, c'est probablement une caractéristique des attines évoluée. La capacité de discrimination du couvain est dépendante de la sous-caste fonctionnelle : les fourrageuses sont beaucoup moins sélectives et transportent de nombreux items dans le nid, le tri est fait par les nourrices qui rejettent tout ce qui est étranger à la colonie. Les signaux chimiques contribuant à la discrimination coloniale du couvain sont attractifs à une distance de 30 cm. Lors de tests de transport les ouvrières sont capables de discriminer entre les extraits cuticulaires homo et hétérocoloniaux. Ces odeurs cuticulaires du couvain sont composées majoritairement d'hydrocarbures saturés (n-alcanes). Les proportions relatives de chaque produit dans le profil d'hydrocarbures sont différentes entre les espèces et les colonies d'une même espèce. Ces variations quantitatives permettent la discrimination intercoloniale. De plus, à l'intérieur de la colonie, le couvain semble posséder une signature chimique qui lui est propre, différente de celle des adultes. Il existe une reconnaissance coloniale du champignon qui est acceptée ou rejetée comme le couvain. Cette discrimination très fine du champignon, identique à celle du couvain, semble démontrer que le champignon possède une signature chimique comparable à celle de l'odeur de la colonie. L'odeur coloniale s'étend à la symbiose avec le champignon. Cette similarité chimique pourrait résulter de la coévolution entre les deux espèces.