Thèse Aline Rifflet
Alain Lenoir Mis à jour 28-Avr-2021
Thèse "Etude toxicologique du venin de fourmis exotiques : identification et caractérisation d’un peptide antimicrobien" Sous la direction de Michel Treilhou et de Angélique Vetillard. Soutenue le 23-05-2012 à Montpellier.
Résumé
Les venins animaux, par leur richesse biochimique et la diversité de
leurs cibles moléculaires, sont une source importante de molécules
dont les applications potentielles sont nombreuses. La recherche de nouveaux
médicaments pour remplacer certains antibiotiques devenus inefficaces
face à l'apparition de résistances, est un axe fort de la recherche
pharmacologique. Depuis plus de 40 ans, la découverte de toxines animales
montre que les animaux venimeux peuvent être les « pharmaciens du
futur ». Le venin de fourmis est encore peu étudié. Seul
celui de quelques espèces a été exploré, avec à
chaque fois la mise en évidence de toxines originales. L'objectif de
cette thèse a été l'étude du venin de fourmis exotiques
sur la base d'une approche pluridisciplinaire qui combine l'analyse biochimique
et la toxinologie. Les travaux se sont articulés autour de deux axes
principaux : (1) Recherche d'activités biologiques sur insectes et bactéries
; (2) Fractionnement des venins par des techniques séparatives et analyse
biochimique des peptides isolés par spectrométrie de masse. Deux
espèces de fourmis ont été choisies en fonction de leur
mode de vie : Crematogaster striatula, une espèce arboricole
et Tetramorium bicarinatum, une espèce terricole. Les différentes
activités biologiques de leurs sécrétions venimeuses ont
été conduites par test MTT. Le liquide de Dufour de C. striatula
en plus de sa capacité à éloigner les espèces
concurrentes montre une capacité à paralyser les termites de manière
irréversible. Concernant le venin de T. bicarinatum, deux peptides
ont été isolés et identifiés par spectrométrie
de masse. La bicarinaline, peptide de 20 acides aminés et amidé
à son extrémité C-terminale, s'est démarqué
par son action antibactérienne à large spectre. Testée
sur deux souches de staphylocoques, ce peptide se révèle aussi
efficace voire plus puissant que la méllitine, peptide antimicrobien
du venin d'abeille. La bicarinaline apparaît comme un candidat potentiel
pour la conception de nouveaux traitements antibiotiques.