Fourmis : la lutte ouvrière


par 
Ian Hamel 

La vie dans une fourmilière n'est pas un long fleuve tranquille, où chacun s'active selon les tâches qui lui sont dévolues. Laurent Keller, directeur de l'Institut d'écologie de l'université de Lausanne et spécialiste des fourmis, a découvert que le nombre de mâles dans chaque colonie dépendait d'un bras de fer incessant entre la reine et les ouvrières. Celles-ci cultivent une tendresse toute particulière pour les jeunes femelles, et n'ont aucun atome crochu avec les petits mâles qu'elles n'hésitent pas à tuer et à manger. Tout se passe comme si les ouvrières, quoique stériles, voulaient voir reproduire leurs propres gènes.

La reine n'est pas de cet « avis ». Elle limite alors le nombre d'oeufs fécondés. Faute de femelles, les ouvrières acceptent de pou- ponner leurs petits frères. Bref, la belle harmonie apparente chez les fourmis « cache de durs conflits d'intérêts lorsqu'il s'agit de transmettre ses gênes », constate Laurent Keller. En dernier ressort, la hiérarchie est respectée. Après de douloureux compromis, c'est bien la reine qui décide

© Le Point - 07/09/2001 - N°1512 - Laser Sciences - Page 74 (pdf)