Yannick Juvé interview (30 septembre 2022)

Mon parcours
J’ai effectué l’ensemble de mes études supérieures à l’Université de Montpellier. Cela a commencé par une licence d’Écologie et Biologie des Organismes, puis un Master mention Biodiversité Écologie Évolution (B2E) parcours Dynamique des Interactions Parasite-Hôte-Environnement (DIPHE).

Mon intérêt pour les fourmis
Ayant toujours été passionné par la zoologie, ce n’est qu’au début de mes études supérieures que je me suis particulièrement intéressé aux insectes. Souhaitant m’investir dans l’élevage et l’observation, je me suis alors renseigné sur la myrmécologie, les fourmis étant des modèles biologiques parfaits pour mes aspirations. Cet intérêt n’a fait que grandir depuis, et je me suis peu à peu investi dans l’étude de ces dernières au travers de stages et de prospections de la myrmécofaune. J’ai aujourd’hui comme ambition de me spécialiser dans les symbioses myrmécologiques, lesquelles sont très nombreuses, diversifiés et a l’interface d’un grand nombre de disciplines scientifiques.

Ma thèse
J’effectue ma thèse à l’Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (ISEM) sur la thématique de l’hybridogénèse sociale. Mon objectif est de détecter des nouvelles occurrences de ces systèmes de reproduction particuliers chez la tribu des Stenammini, et particulièrement chez le genre Messor. La prévalence observée permettra de mieux estimer les facteurs pouvant engendrer ou maintenir ces systèmes enigmatiques.
Au travers d’approches phylogénomiques et taxonomiques, j’espère aussi pouvoir réaliser une révision de ce genre à la systématique complexe.

Mes recherches et projets actuels
Mes recherches actuelles concernent la récupération exhaustive des taxa de Stenammini afin de réaliser des séquençages et analyses génétiques. Pour ce faire je collabore avec des musées pour avoir accès aux collections, mais je devrai aussi réaliser des missions d’échantillonnages dans divers pays afin de compléter au mieux la liste des taxa. J’étudie aussi la taxonomie du genre Messor et tente d’établir une collection de référence afin de mener des études morphologiques.

Citer 3 fourmis :
• La plus belle : Tetramorium pulcherrimum (1)
• La plus intéressante : Messor ibericus (2)
• La plus bizarre : Haidomyrmex ? Mystrium ssp. pour du contemporain (3).

Citer 3 publis :
Je n’en ai qu’une : Deux diptères, Microselia rivierae Schmitz, 1934 et Glabellula arctica (Zetterstedt, 1838) découverts dans la vallée d’Eyne (Pyrénées-Orientales, Fr.), Juvé et Lebas 2022. Pdf

Enfin comment un(e) jeune chercheur(se) se considère la compétition actuelle et un conseil à donner à un jeune qui commence
Je ne suis pas encore réellement exposé à la compétition de la recherche, qui prend une toute autre dimension pendant les post-doctorats, mais j’ai dû traverser des étapes de sélection lors de mes études. Il est vrai que c’est un monde difficile et je pense ne pas être au bout de mes surprises.
Selon moi les maitres mots sont la passion et l’épanouissement. La passion permet d’endurer certaines étapes difficiles et de persévérer malgré la difficulté. L’épanouissement est le but espéré. Si l’aboutissement des efforts réalisés ne permet pas un épanouissement minimal, c’est qu’il faut peut-être repenser le moyen de vivre de sa passion. Il faut trouver son équilibre passion/contraintes.
J’ai eu beaucoup de chance lors de mon parcours, et c’est en partie grâce à mon investissement dans la myrmécologie que j’ai su garder un cap. Il est aussi très important d’oser essayer des choses, que ce soit dans la prise de contact ou dans la mise en place de projets. C’est en commençant quelque part que les histoires ont un début.

Commentaires A. Lenoir
(1) Tetramorium pulcherrimum. Je ne connaissais pas cette fourmi d'Ouganda qui est effectivement très belle :

(2) Voir Hybrydogenèse

(3) Haidomyrmex fossile :

Mystrium :