Basile Finand
Mis à jour le 05-Fév-2024
Basile Finand, Doctorant Sorbonne Université avec Thibaud Monnin et Nicolas Loeuille. A fait ses études à l'Université Claude Bernard de Lyon. A soutenu sa thèse le 3 février 2023 sur Myrmecina graminicola (Pdf).
Actuellement (février 24) postdoc à l'université d'Helsinki sur des coléoptères.
Selon son directeur de thèse
Thibaud Monnin
"Basile Finand travaille sur la fondation des colonies chez Myrmecina
graminiola et finira cette année. Il a fait une manip d'élevage
de fondations au laboratoire, avec des reines fondant des colonies avec 0, 2
ou 4 ouvrières. Il y a un effet net et très fort de la présence
d'ouvrières, même juste 2, sur la survie et la croissance des fondations.
Ce n'est pas révolutionnaire mais je ne crois pas qu'il y ait de mesures
de l'effet des ouvrières sur le succès des fondations. Il y a
des jolies choses sur le nombre de reines lors de fondations pléiotropiques
(Tschinkel avec S. invicta, Hölldobler avec L. niger) mais je crois rien
sur les ouvrières lors de la fission.
Il a une autre manip sur la présence des deux morphes de reines (aptères ou ailées) sur le terrain, dans 25 parcs Parisiens de diverses tailles et 25 forêts d'Île de France plus ou moins fragmentées, qui montre un clair effet de la fragmentation de l'environnement sur la présence des morphes. Il y a toujours prévalence des reines ailées, mais alors que les reines aptères sont rares en forêts (5%) elles sont communes dans les parcs Parisiens (30%) où elles sont d'autant plus abondantes que les parcs sont petits (23% dans les grands parcs, 33% dans les moyens, et 50% dans les petits, même si pour ces derniers l'échantillon est faible). Ca suggère que les reines ailées sont contre-sélectionnées dans les parcs car le risque qu'elles en sortent en volant et ne trouve alors nul part où fonder est trop grand. C'est intéressant car ça correspond bien aux prédictions d'un modèle écologique qui est la troisième partie de la thèse de Basile. "
Vidéo Youtube "Comment vivre en ville quand on est une fourmi ?" sur le site de Basile (Lien)
Résumé thèse Basile Finand
Évolution de la dispersion et structure des communautés de fourmis en réponse à la fragmentation de l'habitat
La fragmentation de l’habitat est une des menaces majeures qui pèse sur la biodiversité. Les principales causes sont dues à l’activité humaine. Elle est produite par l’augmentation de l’urbanisation, de l’agriculture, de la déforestation ou des infrastructures de transport. La fragmentation de l’habitat est caractérisée par une diminution de la quantité d’habitat favorable et par un isolement de cet habitat. L’objectif de cette thèse est de mieux comprendre son effet à plusieurs échelles, de la population en regardant les différences inter-individuelles notamment liées aux différentes stratégies de dispersion, et à l’échelle des communautés et des métacommunautés en observant leurs compositions. Plusieurs approches sont utilisées : théorie, étude empirique et observations sur le terrain. La dispersion est un trait d’histoire de vie clé pour la survie dans un habitat fragmenté car elle permet le passage d’individus d’un fragment à un autre et la colonisation des fragments vides. Cependant, plusieurs forces ont des effets opposés sur le maintien des espèces dans un contexte de fragmentation de l’habitat. La fragmentation augmente les coûts liés à la dispersion dans un habitat défavorable, augmente l’hétérogénéité mais également la compétition entre apparentés. La fragmentation de l’habitat a un impact à l’échelle des communautés en faisant varier le nombre d’espèces ou la composition de celles-ci. Les fourmis sont de bons modèles d’études pour répondre aux problématiques de cette thèse car elles sont présentes dans de nombreux milieux contrastés et ont un fort polymorphisme de dispersion. Il existe des reines qui dispersent sur de longues distances en étant ailées et seules, ou des reines qui dispersent sur de plus courtes distances en étant aptères et accompagnées d’un groupe d’ouvrières. A l’échelle des populations, j’ai étudié la fourmi graminicole Myrmecina graminicola qui a l’intérêt d’utiliser les deux stratégies de dispersion. A l’échelle des communautés, je me suis intéressé aux espèces de fourmis des parcs parisiens, habitat très fragmenté, et des forêts proches de Paris, habitat peu fragmenté. Dans le premier chapitre, j’ai montré avec une approche théorique que la distance de dispersion augmente quand la fragmentation de l’habitat augmente dans un contexte de compromis compétition/colonisation. Cependant la structuration de l’habitat peut fortement affecter ces résultats avec une diminution de la dispersion quand l’habitat est agrégé. Dans un deuxième chapitre, j’ai mis en évidence l’existence de ce compromis compétition/colonisation chez M. graminicola et l’importance de la présence d’ouvrières lors de la fondation d’une nouvelle colonie, leur présence augmentant la survie et la croissance de la colonie. Dans un troisième chapitre, j’ai montré une diminution de la dispersion avec l’augmentation de la fragmentation de l’habitat en milieu urbain chez M. graminicola, suggérant que le coût à la dispersion en milieu urbain fortement fragmenté sélectionne contre la dispersion. Pour finir, j’ai observé une augmentation de la richesse spécifique, avec des communautés de fourmis très différentes, entre le milieu urbain et forestier et une baisse de la richesse spécifique avec la taille du parc en ville. Il n’y a pas d’effet de la fragmentation en forêt. Cette thèse montre la diversité des réponses à la fragmentation de l’habitat, que ce soit à l’échelle des populations et des communautés, et ouvre la voie à de nouvelles études.