Epingles 2017 - Petites chimistes
Selon Alain Fraval
Architecture, logistique,
contrôle social, génie civil, agriculture, administration coloniale,
razzias et guerres,… elles font tout comme nous ou presque. Et, selon
le travail de Michel Chapuisat et de ses collègues à l’université
de Lausanne (Suisse), on doit ajouter la chimie, spécialité pharmacie.
Vivant dans un milieu surpeuplé, confiné, humide, avec des cadavres
d’insectes en attente d’être mangés et autres sources
de moisissures et de putréfactions, elles demeurent en bonne santé.
Ceci en raison d’un toilettage constant et soigneux, personnel et mutuel,
complété par la récolte de résine d’arbres
(en guise d’antibiotique). Ceci chez les fourmis des bois.
En boîte de Petri, une culture d’un champignon pathogène
Metarhizium brunneum disparaît autour de morceaux de résine
fréquentés par Formica paralugubris (Hym. Formiciné)
pendant 2 semaines. Dans les mêmes conditions, les brindilles, éléments
fréquents dans les fourmilières, n’ont aucun effet antifongique.
Par chromatographie en phase gazeuse, les chercheurs ont trouvé sur les
bouts de résine plusieurs substances laissées par les fourmis.
La principale est l’acide formique, que ces fourmis dépourvues
d’aiguillon projettent contre leurs agresseurs à partir de la glande
à poison située dans leur abdomen. Elles s’en servent aussi
pour nettoyer leur progéniture.
La résine arrosée d’acide formique a effectivement une meilleure
efficacité antifongique que l’un de ces composants seuls. Les fourmis
l’ont « découvert », au fil d’une évolution
de quelque 50 millions d’années et s’en servent à
bon escient. Un seul autre animal mélange deux produits synergiques,
Homo sapiens.
D’après « ‘Chemist’ ants
brew antibiotic cocktail to protect their colony », par Patrick Monahan.
Lu le 14 mars 2017 à www.sciencemag.org/