Résumé thèse de Laurence Berville
Alain Lenoir Mis à jour 05-Avr-2022
La fourmi d’Argentine (Linepithema humile) face à une fourmi dominante du genre Tapinoma en milieu insulaire : écologie chimique, comportement et dynamique d’invasion. Sous la direction de Erick Provost et de Marielle Renucci. Jury : Raphaël Boulay (IRBI, Univ. de Tours, Tours), Xim Cerda (CSIC, Seville, Espagne), Abraham Hefetz (Université de Tel-Aviv, Israel), Herve Jourdan (IRD-IMBE, Noumea, Nouvelle-Calédonie), Alain Lenoir (IRBI, Université de Tours, Tours), Frédéric Medail (IMBE, Uni. Aix-Marseille).
La fourmi d'Argentine (Linepithema humile) est une des espèces invasives parmi les plus nuisibles au monde. Dans le cadre des invasions biologiques, les résistances biotiques sont souvent les dernières barrières des écosystèmes. Une hypothèse, jamais testé in natura, de résistance de la part d'une fourmi du genre Tapinoma face à L. humile a été émise. Pour le démontrer, nous avons choisi d'expérimenter en laboratoire et in natura. Nos terrains d'études privilégiés ont été, outres des sites du littoral méditerranéen français, 4 îles situées en face du littoral envahi par la fourmi d'Argentine. Parmi celles-ci, deux contiennent à la fois la fourmi d'Argentine et des espèces du genre Tapinoma. L'identification difficile des espèces du genre Tapinoma étant sujette à une controverse scientifique, nous avons dû différencier de façon certaine cinq d'entre elles, par leurs morphologies et leurs signatures chimiques. En Provence, trois espèces ont été observées : T. erraticum, T. madeirense et T. nigerrimum. Sur l'île de Ratonneau, un suivi sur 2 ans de la vitesse d'invasion de L. humile en milieu naturel, avec ou sans T. nigerrimum, met en évidence une vitesse d'invasion très faible, voire un recul dans la zone à T. nigerrimum. Les colonies de T. nigerrimum de l'île de Ratonneau semblent faire obstacle à la progression de l'invasion. Des études comportementales préliminaires, conduites en laboratoire, entre fragments de nids de T. nigerrimum et L. humile nous avaient permis de confirmer les capacités de T. nigerrimum à résister face à l'invasive. Ainsi, les ouvrières T. nigerrimum défendent mieux leurs territoires, allant jusqu'à accaparer celui des L. humile.