Azucena ou Les fourmis zinzines

Alain Lenoir Mis à jour 15-Aoû-2022

Azucena ou Les fourmis zinzines de Pinar Selek, éd des femmes-Antoinette Fouque, 2022.

"Azucena, mince et brune quinqua aux chaussures rouges, semble être chez elle dans le Train bleu reliant Nice et Paris. Elle y dort, y fait des rencontres, s'y protège des menaces parfois lourdes, y agit, aussi, réalisant des missions secrètes.". Parmi les rencontres "Tous, comme autant de fourmis invisibles et obstinées creusant des tunnels pour faire déraper, sans violence, notre vieux monde, oeuvrent ainsi par l'exemple plutôt que par le discours, à en créer un nouveau, plus libre et lumineux, plus solidaire et plus juste."

Selon Philippe-Jean Catinchi (Le Monde 4 août 2022).
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Tenant du conte et de l’utopie libertaire, Azucena est le plus précieux des textes de Pinar Selek, et son premier vrai roman. La sociologue féministe, spécialiste des minorités et des migrations, est exilée en France depuis 2011 pour échapper au harcèlement de la justice turque, qui vient de l’exposer à une condamnation à la prison à vie au terme d’un procès inique.
Paru en Turquie (2018), puis en Italie (2020), le livre voit dans la version française, rédigée par l’autrice, des fourmis « fêtardes » devenir « zinzines », jolie formule pour dire la folie joyeuse, la déraison irrésistible. Pour inventer une autre voie, il n’y a que la magie des rencontres, la solidarité et les réseaux souterrains et secrets qui lient utopistes et poètes, dissidents et rêveurs.
A Paris, Michel, le cheminot syndicaliste, et, à Lyon, Siranouche, l’Arménienne, sont des génies protecteurs ; mais c’est à Nice que s’invente la vie future. Nice, ville traversée et travestie, idéale pour les passe-frontière, les marginaux et les bohèmes. Gouel, l’aède marin qui hésite à se fixer, Manu, la fondatrice des « Paranos », qui militent pour une autonomie authentique, y réinventent l’horizon comme l’amour. Un hymne lyrique et politique d’une infinie tendresse. "

Livre difficile à lire, les personnages ont plusieurs noms et on a du mal à savoir qui parle. C'est l'histoire de la zinzine Azucena qui "Quand elle a terminé le lycée, elle s'est vite lancée dans l'aventure des fourmis." (p.87). Elle appelle sa voisine Siranouche "la fourmi atomique" qu'elle retrouvera plus plus tard. Elle se sauve d'un hôpital psychiatrique à Lyon et prend le train de nuit, débarq