Études philosophiques sur l'instinct et l'intelligence des animaux
Mis à jour le 05-Mai-2022
Antoine Laurent Apollinaire Fée, 1853, Éditeur : Berger-Levraul
Quelques extraits sur fourmis, termites. Voir Intelligence.
"Les fourmis ont le courage, la résolution, la patience, des sentiments affectifs très développés; qui donc pourrait équitablement leur refuser l'intelligence ?"
"Leuret dit, en parlant de la fourmi, que cet insecte est le premier dans la série des invertébrés, et que même, dans celle des vertébrés, y compris le singe et même l'éléphant, aucun animal n'est au-dessus ; son histoire est celle de l'homme. Les fourmis ont un langage particulier ; elles se construisent des habitations avec chambres particulières et salles communes, précédées de vestibules, avec cloisons, pilastres, contre-forts , etc. ; elles livrent des batailles, entreprennent et soutiennent des siéges, s'emparent de prisonniers, qu'elles réduisent à L'esclavage. Les pucerons sont leur bétail , et elles ont pour leurs larves la plus grande sollicitude. Si nous étions réduits aux dimensions de l'abeille ou à celles de la fourmi, et qu'elles atteignissent aux nôtres, peut-être verraient-elles en nous de petites bêtes assez intelligentes, quoique fort inférieures à elles. L'histoire naturelle des termites est remplie de faits analogues et tout aussi extraordinaires." (P.169) (voir le texte du livre).
"Les fourmis se construisent des villes souterraines, sans régularité apparente, mais avec un art infini. Elles luttent victorieusement contre les difficultés du terrain, et saisissent avec habileté toutes les circonstances favorables qui se présentent, et qui peuvent les aider; elles vivent en paix dans leurs demeures, et combinent leurs efforts, afin d'assurer la bonne venue de leurs larves, pour lesquelles elles se montrent pleines de sollicitude; les transportant dans les parties de la fourmilière échauffées par le soleil , et les en retirant quand la chaleur, devenant trop forte, peut nuire à leur jeune progéniture. Sont-elles dans la nécessité de changer de domicile, ce qui arrive quand elles se croient en danger, elles établissent des fourmilières intermédiaires et temporaires, comme lieu de repos." (p.107) (voir le texte du livre).
Abeilles
"Les abeilles,
dont les actes sont plus réguliers, se rapprochent beaucoup des fourmis
par l'intelligence. Ce qu'on sait de la conduite d'une ruche a depuis longtemps
excité l'admiration. Les résultats, obtenus par les mouches à
miel, avec des instruments d'une simplicité extrême, atteignent
à un degré de perfection incroyable. Appellera-t-on seulement
instinct cette sollicitude de tous les instants ! cette singulière distribution
du travail ! cette police admirable qui soumet tout à la règle,
et obvie à l'instant à une foule «éventualités
que ne pouvaient en particulier prévoir ces animaux ! Les abeilles connaissent
l'inquiétude, - la haine, la colère. Elles modifient leurs actes
suivant les circonstances, savent user de stratagèmes contre les ennemis
plus forts qu'elles, et proportionnent la défense à l'attaque.
Sont-ce là seulement des actes instinctifs ?
La grande intelligence, des abeilles, et en général celle des
apiaires, est prouvée, non-seulement par leur conduite dans la ruche,
et dans la construction des nids, mais encore par le courage qu'elles font éclater
contre les animaux qui les troublent dans leur œuvre. Elles deviennent
furieuses, et ne connaissent alors qu'un seul sentiment, celui de la vengeance.
Il n'existe pas que nous sachions, d'autres insectes que les apiaires, qui se
jettent sur leurs ennemis pour les combattre." (p.108) (voir
le texte du livre).
"Sur les abeilles.
Refuser l'intelligence aux abeilles, est un véritable déni de
justice. Ces insectes combinent leurs efforts, et doivent avoir nécessairement
les moyens de se mettre en rapport les uns avec les autres. Les abeilles agissent
plus ou moins activement, suivant que l'activité ou la lenteur importe
à la chose publique. Quand deux reines se trouvent accidentellement dans
une ruche, elles se battent jusqu'à ce que l'une d'elles meure. Le premier
soin d'une reine, nouvellement en possession de la ruche, est d'aller percer
de son aiguillon les reines qui ne sont pas encore sorties de leur alvéole
; le peuple, la laisse faire ; mais il s'oppose à la mort, d'un certain
nombre d'entre elles, lorsqu'il doit y avoir des émigrations, c'est à-dire
quand la ruche doit essaimer. Le massacre des mâles n'a lieu que quand
ils sont devenus inutiles à la république. On les conserve au
contraire, aussi longtemps qu'il n'y a pas de reine féconde.. Lorsque
les actes instinctifs sont aussi nombreux et aussi compliqués, on ne
peut se dispenser de faire intervenir l'intelligence." (p.170) (voir
le texte du livre).