Expulsion et relogement de fourmis rousses

par Alain Fraval - Epingles n° 1203, octobre 2017

Fourmi rousse des bois, Formica lugubris (Hym. Formiciné).
Elles vivaient tranquillement dans une forêt claire d’Écosse, réparties dans 47 constructions surpeuplées en forme de cône (érigées sans autorisation), logées surtout dans les sous-sols, travaillant dans les environs immédiats à récolter leur pitance : des petits animaux qu’elles entretenaient ou capturaient.
Les hommes, des Écossais, avaient décidé de faire passer l’autoroute A9 par leur territoire.
Un beau jour, ils arrivèrent à 7 heures du matin – tout le monde ou presque était à l’intérieur - creusèrent, exhumèrent et emballèrent les habitantes avec leurs hardes et leurs pouilles dans des sacs en toile de jute et transportèrent et réinstallèrent les 47 communautés dans 47 trous creusés à l’écart du chantier routier, dans des clairières ensoleillées là où des spécialistes avaient mis des piquets et des provisions pour elles. Chaque opération n’a pas duré plus d’une demi-heure.
À 9 heures par ce beau matin, tout était fini. On vit les déplacées sortir et explorer le voisinage. Tout indiquait qu’elles n’avaient pas trop souffert du transport, la toile de jute avait empêché que l’acide formique, produit par le stress, s’accumule dangereusement. Bientôt, elles avaient rétabli leurs réseaux sociaux ainsi que les chemins d’approvisionnement jusqu’aux pacages des pucerons à miellat et aux coins à insectes comestibles. Business as usual (en idiome local) pour les 20 millions de déplacées.

D’après « 'Scotland's largest ever flitting' Road crews move 20m ants to their new Highland homes », par Keith McLeod. Lu le 19 octobre à www.dailyrecord.co.uk/

NDLR : antérieurement, des Fourmis rousses des bois ont été transplantées sur de bien plus grandes distances dans le cadre de la lutte biologique contre la Processionnaire du pin. Voir cet article de 1982 de la RFF par C. Torossian et P. Humbert.