Une bonne leçon de propreté
Alain Fraval épingle 1183 (septembre 2019)
On appelle désormais
microbiome l’ensemble des microbes qui vivent dans un habitat donné
: de la panse rectale du termite à l’ensemble HLM et au-delà.
Inexploré jusque-là aura été le microbiome des chambres
et galeries des fourmis.
Azteca alfari (Hym. Dolichoderiné) vit en symbiose avec les
Cecropia, arbres des régions néotropicales essentiellement.
C’est une fourmi qui loge dans les entre-nœuds (domaties caulinaires)
en se nourrissent de masses poussant à la base de chaque pétiole
(corps de Muller). En retour, la plante récupère les déjections
des habitantes. Les chambres ont des fonctions déterminées : pouponnière,
réserve de nourriture, salle de repos, décharge. Elles sont souvent
des compartiments des entre-nœuds cloisonné avec un carton fait
de tissu végétal travaillé avec un champignon.
Rob Dunn et ses collaborateurs (université de Caroline du Nord, États-Unis)
ont testé l’hypothèse suivante : chaque chambre de la domatie
a un microbiome particulier et différent de celui du milieu environnant
et les fourmis éliminent les microbes pathogènes d’insectes
et dangereux pour l’arbre nourricier.
De leur étude, conduite sur le parasolier, il ressort qu’effectivement,
grâce à leurs excellentes hygiènes personnelle (toilettage
fréquent) et domestique (inspections régulières), les Azteca
maintiennent une propreté excellente, surtout autour du couvain.
En revanche, elles ne s’occupent pas des agents de maladies pouvant affecter
le parasolier ; de ce point de vue, elles ne le protègent pas.
Les microbiomes varient selon l’endroit mais partout, la propreté
est bien supérieure à ce qu’on trouve dans nos maisons et
appartements.
Article
source (gratuit, en anglais)
Lucas, J. M., A. A. Madden, C. A. Penick, M. J. Epps, P.
R. Marting, J. L. Stevens, D. J. Fergus, R. R. Dunn and E. K. Meineke (2019).
Azteca ants maintain unique microbiomes across functionally distinct nest chambers.
Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 286(1908): 20191026.
doi:10.1098/rspb.2019.1026
Photo : pouponnière d’Azteca alfari. Cliché Alex
Wild.