Agressivité chez les fourmis
Alain Lenoir mis à jour 03-Jui-2021
Il y a deux niveaux d'agressivité chez les fourmis : les réactions d'agression entre colonies et les réactions face à une autre espèce ou un prédateur. Toutes sont très variables selon les espèces.
Agressivité
intercoloniale
- Chez la fourmi rousse Formica pratensis il existe deux types de colonies,
monocaliques (un seul dôme) ou polycaliques. Les colonies monocaliques
sont très agressives envers tous les autre nids alors que chez les polycaliques
la réponse dépend de la distance et la parenté génétique
(Aksoy et Camlitepe 2018).
- Chez Acromyrmex
echiniator l’agressivité est liée à des
neuropeptides, les tachykinines, du cerveau. Cela avait déjà été
trouvé chez la drosophile (Howe et al. 2016).
- Chez Tetramorium
caespitum la décision d'agresser dans la reconnaissance coloniale
est liée au niveaux d'octopamine et de sérotonine dans le cerveau,
et le niveau d'agressivité physique est lié au niveau de dopamine
dans le cerveau (Bubak et al 2016).
- Chez Cataglyphis cursor, toujours monocalique, nous avions montré
que l'agression augmente avec la distance géographique et la proximité
en hydrocarbures cuticulaires qui est sans doute liée à la distance
génétique (Nowbahari et al 1990).
- Camponotus
cruentatus est connue pour son agressivité intercoloniale très
forte.
- Chez Cataglyphis cursor il y a très peu d'agression intercoloniale à courte distance (Nowbahari et al 1990), c'est sans doute lié au mode de reproduction par bouturage (Lenoir et al 1988).
Agressivité
intercoloniale et phénomène du "cher ennemi"
Chez Ectatomma
brunneum au Brésil. Il y moins d'agressivité intercoloniale
entre colonies voisines (étude jusqu'à 3km) et cela semble lié
aux différences de profils d'hydrocarbures. Cela a déjà
été vu pour de nombreuses espèces (Pereira et al 2019).
Une histoire d'agressivité (fourmis dans un bocal)
Voir
- Aksoy, V. and Y. Camlitepe (2018). Effects of genetic relatedness, spatial
distance, and context on intraspecific aggression in the red wood ant Formica
pratensis (Hymenoptera: Formicidae). Turk J Zool 42. doi:10.3906/zoo-1708-17
- Bubak, A. N., J. D. W. Yaeger, K. J. Renner, J. G. Swallow and M. J. Greene
(2016). Neuromodulation of Nestmate Recognition Decisions by Pavement Ants.
PLoS ONE 11(11): e0166417. 10.1371/journal.pone.0166417
- Howe, J., M. Schiøtt and J. J. Boomsma (2016). Tachykinin expression
levels correlate with caste-specific aggression in workers of the leaf-cutting
ant Acromyrmex echinatior. Frontiers in Ecology and Evolution 4. 10.3389/fevo.2016.00055
- Lenoir, A., L. Querard, N. Pondicq and F. Berton (1988). Reproduction and
dispersal in the ant Cataglyphis cursor (Hymenoptera, Formicidae). Psyche 95:
21-44. Pdf
- Nowbahari, E., A. Lenoir, J. L. Clément, C. Lange, A. G. Bagnères
and C. Joulie (1990). Individual, geographical and experimental variation of
cuticular hydrocarbons of the ant Cataglyphis cursor (Hymenoptera: Formicidae):
their use in nest and subspecies recognition. Biochemical Systematics and Ecology
18: 63-74. Pdf
- Pereira, M. C., E.
L. Barbosa Firmino, R. C. Bernardi, L. D. Lima, I. de Carvalho Guimarães,
C. A. Lima Cardoso and A. J. William Fernnando (2019). Dear Enemy Phenomenon
in the Ant Ectatomma brunneum (Formicidae: Ectatomminae): Chemical Signals Mediate
Intraspecific Agressive Interactions. Sociobiology 66: 218-226. DOI: 10.13102/sociobiology.v66i2.3554