Les fourmis savent "lire" des panneaux indicateurs
Une équipe franco-britannique
révèle que les fourmis, malgré leur petit
"cerveau", sont capable de s'orienter en mémorisant des
repères visuels.
Cataglyphis cursor, la fourmi méditerranéenne, a
la mémoire des signaux. Dans le laboratoire d'éthologie
et de psychologie animale de Toulouse (CNRS-université Paul
Sabatier), l'insecte a montré qu'il savait se retrouver dans
un labyrinthe, en se fiant aux repères visuels, noirs sur fond
blanc, posés par les scientifiques pour marquer les issues.
Après un solide entraînement, les fourmis parviennent
à sortir du labyrinthe sans hésiter.
Mémoriser des signaux est une opération gourmande en
ressources cérébrales. Malgré ses quelques
milliers de neurones, la fourmi a montré une étonnante
capacité d'économie de moyens. Une aptitude liée
au mode d'orientation de l'insecte. Celui-ci utilise une sorte de
compas de route basé sur l'analyse de la polarisation de la
lumière pour définir un "vecteur", un paramètre
donnant la direction à suivre et dont la grandeur indique la
distance restant à parcourir. Les travaux menés
à Toulouse laissent entendre, que ce principe est efficacement
épaulé par la mémorisation de repères
visuels placés dans leur environnement.
Ces travaux intéresseront sans doute plus encore les
spécialistes de la robotique que les éthologistes. Les
chercheurs tentent en effet de mettre au point des robots les plus
simples et petits possibles pour évaluer l'efficacité
d'une flottille d'objets peu coûteux capables de
coopérer. Dans une flottille de robots, l'organisation
collective permet de pallier les insuffisances des robots
isolés, souvent incapables de se tirer de situations
hasardeuses, comme cela avait été le cas sur Mars au
cours de la mission Pathfinder, quand le robot Sojourner était
resté bloqué de longues heures derrière un
rocher.
En attendant d'hypothétiques missions de fourmis
robotisées, les scientifiques auront le loisir d'appliquer
l'observation de leurs collègues de Toulouse à leurs
robots sportifs qui s'affrontent régulièrement dans des
compétitions de démonstration.
Denis Delbecq, Le Monde, vendredi 25 juin 1999