Gérard et les fourmis - Le fourmilion

Mis à jour le 06-Déc-2022

PETIT MYSTÈRE PEUT ÊTRE GRAND

— Dis donc, Stop ! fit Gérard. Il fait bien chaud ! Si nous allions au frais, dans le petit bois ?
Stop, levant son fin museau à barbichette, regardait Gérard d'un air affirmatif.
Les enfants et le chien parvinrent à un taillis.
Tandis que Stop s'allongeait auprès d'eux, Gérard et Nicole s assirent par terre.
Une fourmi, de nouveau, attira leur attention.
Gérard saisit délicatement la bête minuscule, et la mit dans le creux de sa main.

— Comme elle est laide ! dit Nicole. On dirait que ses yeux lui sortent de la tête...
Sa carapace doit être dure comme du bois...
Et puis, vraiment, elle porte un costume par trop démodé, beaucoup trop serré à la ceinture...
Allons, laisse-la partir...
Gérard posa la fourmi sur le sol.
Ils l'accompagnèrent du regard. Elle suivait doucement son chemin, en ligne droite, et se promenait avec lenteur, comme une bourgeoise qui rentre au logis. A quelques pas de là, s'ouvrait un petit entonnoir creusé dans le sable, profond de quelques centimètres. Elle s'y rendit tout droit. Brusquement, elle sentit le sol s'effondrer sous elle. Elle voulut revenir en arrière. Impossible ! Du sable, lancé du fond de l'entonnoir par un ennemi caché, avait été violemment projeté sur la malheureuse fourmi, qui, aveuglée, bousculée, perdit son équilibre sous cette mitraille, bascula, et manqua de rouler au fond du petit trou qui, pour elle, était un gouffre. Pourtant, elle se raccrocha à la pente. De nouveau, l'ennemi au fond de l'entonnoir déchargea une salve de grains de sable. La fourmi glissa, réussit à remonter un peu, pour glisser encore. Elle se maintenait à mi-hauteur de la pente avec une énergie désespérée.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? fit Nicole.
Qu'est-ce qui lance ce sable ?

— Vois ! dit Gérard. Là, tout au fond, on dirait deux petites pattes crochues qui remuent... — Oui... Comme c'est bizarre ! A ce moment, une autre fourmi qui cheminait dans le voisi-nage, parvint elle-même au bord du menu précipice. Elle vit sa semblable en fâcheuse posture. Aussitôt, elle s'agita, cherchant du secours, tandis que la victime résistait de son mieux à la multitude des grains de sable qui continuaient à jaillir d'en bas' sur elle et qui l'étourdissaient. N'ayant pu trouver de l'assistance aux alentours, l'autre usa d'un moyen de fortune. Un brin d'herbe était là. La fourmi s'en empara, traîna ce brin d'herbe jusqu'à l'en-tonnoir, puis, avec adresse, le tendit à l'infortunée, qui s'empressa de s'en servir comme d'une échelle, de remonter à la surface, et de se tirer définitivement d'affaire.

— Ça, par exemple ! s'écria la fillette. — Hein ! Nicole, tu ne m'en voudras pas de t'avoir amenée ici, dit triomphalement Gérard. Crois-tu que c'est intéressant ?...

— Mais quel est l'animal qui s'était caché au fond de l'entonnoir ? En fouillant dans le sable, ils découvrirent un insecte de couleur gris rosé un peu sale, une sorte de chenille, de larve, pourvue de mandibules.

— Père Chicot ! cria Gérard. Venez donc voir ici ! Le jardinier, qui ratissait non loin de là, s'approcha.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Nicole.

— Ça, mam'zelle ? fit le père Chicot, c'est un fourmi-lion... Vous ne connaissez pas les fourmis-lions ?... Paraît que ça fait la guerre aux fourmis, ces bestioles-là... — Nous venons de le voir ! fit Gérard.