Des myriades en déclin
Mis à jour le 13-Jul-2023
Des myriades en déclin (Sc&Vie, juillet 2023), par Pascale-Emmanuelle Lapernat-Guilhaumon, p.16-19. Extrait
Is se compteraient par milliards
de milliards... ”Malgré une sous-estimation chronique, les
quelque 1,8 million d'espèces d'insectes décrites ne représenteraient
que de 15 % à 20 % des espèces existantes ”, expose
Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique à l'institut Écologie
et Environnement du CNRS. “En France métropolitaine, nous en
connaissons environ 40000 espèces.”. Longtemps, Ieur masse
totale a dépassé la masse des humains. Datant de 2020, une revue
des connaissances scientifiques sur les insectes, effectuée par le chercheur
Paul Eggleton du Natural History Museum de Londres (parue dans Annual Review
of Environment and Resources), donnait pour la biomasse totale des arthropodes
terrestres 200 millions de tonnes de carbone, soit plus de trois fois la masse
des humains (60 Mt), et plus de 20 fois la masse des vertébrés
sauvages terrestres (9 Mt).
Néanmoins, certains chercheurs estiment que le rapport est différent
: la démographie et le surpoids galopants de notre espèce, parallèlement
à l'effondrement des populations d'insectes, feraient que la biomasse
des arthropodes terrestres serait du même ordre que la nôtre —
voire légèrement inférieure.
Parmi cette myriade, le nombre de fourmis est estimé à 20 millions
de milliards (20 x 10puissance15) — chiffre avancé par une publication
du Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) [1], en 2022.
Les auteurs, de l'université de Hong Kong, ont compilé pour cette
estimation 489 études, et évalué la masse des fourmis à
12 millions de tonnes de carbone, équivalant à 20 % de la biomasse
humaine. Les auteurs expliquent que ce chiffre est sous-évalué
en raison d'un manque de données selon les zones géographiques
ou les milieux étudiés. Franck
Courchamp, directeur de recherche CNRS à l'université Paris-Saclay
et auteur de La
Guerre des fourmis, souligne que ce groupe se divise en plus de 15 700 espèces
à travers le monde : elles montrent ainsi à quel point leurs plus
de 100 millions d’années d’évolution ont permis des
adaptations à une multitude d’environnements. Les bouleversements
environnementaux actuels sont cependant trop rapides, même pour elles.
(p.17).
Selon Franck Courchamp "Le cas de la fourmi de feu est un bon exemple : elle est l'une des 19 espèces les plus invasives de fourmis sur les 15700. La lutte préventive et la surveillance en Australie ont coûté de cent à mille fois moins que ce qu'aurait été le prix d'une invasion." (p.19).
[1] Schultheiss, P., S. S. Nooten, R. Wang, M. K. L. Wong, F. Brassard and B. Guénard (2022). The abundance, biomass, and distribution of ants on Earth. Proceedings of the National Academy of Sciences 119(40): e2201550119. doi:10.1073/pnas.2201550119