Le déclin des abeilles, un problème économique

Alain Lenoir mis à jour 29-Avr-2022

                             

           

une butineuse :

Dessins dans Le Monde du 3 octobre 2014 Plantu; Le Monde 14 juillet 2011 Serguei; et Plantu Le Monde 29 juin 2017

Tout le monde a entendu parler du déclin des abeilles et le fameux cri d’alarme attribué à tort à Einstein « si les abeilles disparaissent, l’humanité disparaîtra en quatre ans ». Ce débat est amplifié par la mortalité considérable des abeilles américaines qui peut atteindre 30% et plus chaque hiver. En effet, les abeilles ne rentrent plus à la ruche et disparaissent. En 2006, on a appelé ce phénomène le Syndrome d’effondrement des colonies (CCD « Colony Collapse Disorder »). Or la moitié des apiculteurs américains ne produisent pas de miel mais louent leurs ruches aux producteurs de fruits et légumes. Cette mortalité entraîne une hausse du coût des locations, et parfois même une impossibilité de répondre à la demande. L’impact économique se fait déjà sentir (Foucart 2008). Il est actuellement impossible de dire exactement quelle est la cause de cet effondrement. C'est sans doute plurifactoriel avec un rôle de plus en plus démontré des pesticides. dans nos régions, l'abeille noire est la mieux adaptée mais en sursis car elle se croise avec les variétés nouvelles (Bolis 2018). Vincent Albouy et Yves Le Conte parlent de ce problème dans la réédition de leur livre "Nos abeilles en péril" (2019).

      

Plusieurs causes à cette mortalité sont invoquées comme le dit Gaëlle Dupont (2009), voir aussi un bel article de Michez et Vereecken dans la revue Espèces (2019), ils comptent 7 facteurs de déclin. On trouvera tout dans le livre de Stéphane Foucart "Et le monde devint silencieux"

Film : Une terre sans abeilles ?
- Une terre sans abeilles ?, documentaire de Nicolas Dupuis et Elsa Putelat, 2021, 55 min. Ushaïa TV, payant (je n'ai pas vu). Présentation (01:27min)
- Pacary, C. (2021) « Une terre sans abeilles ? », sur Ushuaïa TV : la terre bourdonne d’idées pour sauver ses ouvrières de la pollinisation. Lemonde.fr 20 mai 2021. Pdf

- Rublon, S. (2021). Un eterre sans abeilles ? Ushuaïa TV, Télérama 12 mai 2021. Pdf

Extraits de l'article du Monde : "Rien qu’en France, 56 millions de ces hyménoptères meurent chaque jour, empoisonnés par les pesticides, herbicides, insecticides et autres néonicotinoïdes – dont une cuillerée peut tuer 1 milliard d’abeilles, souligne le commentaire." " A beaucoup plus grande échelle, le cas de la Californie et de son million d’hectares d’amandiers est périodiquement cité. Pour en assurer la pollinisation, les producteurs, soutenus par les grandes sociétés de l’agrochimie, font venir chaque année 2 milliards de ruches, soit le tiers des abeilles du pays. Les apiculteurs-loueurs iront ensuite proposer les services de leurs abeilles au Texas, puis dans le Dakota du Nord. Un transport que l’industrie de l’amande paye 400 millions de dollars par an." "Solution technologique encore, en France, où l’Institut technique et scientifique de l’apiculture puce des abeilles pour établir à partir de quelle dose de pesticide elles ne retrouvent plus le chemin de leur ruche. A contrario, certains acteurs de la filière mettent en avant les bienfaits de la présence d’abeilles pour inciter à les protéger. En France, le CNRS a établi que la pollinisation de parcelles de tournesols par les abeilles permet un gain en rentabilité de 160 euros à l’hectare." "l’Union européenne n’interdit pour l’instant que trois néonicotinoïdes. « Nous les chercheurs, on a fait le job [en démontrant les dangers des pesticides et des néonicotinoïdes], les apiculteurs ont fait le job : aux décideurs d’assumer », interpelle Jean-Marc Bonmatin, du CNRS."

Causes de la disparition

1) Les pesticides sont bien connus depuis longtemps, par exemple un insecticide, le carbaryl utilisé en 1967 sur le coton qui a provoqué la mort de 70 000 colonies d'abeilles en Californie et 33 000 dans l'Etat de Washington. Plus récemment, les néonidotinoïdes sont bien sûr accusés, mais les firmes agrochimiques dépensent des sommes considérables pour déconsidérer les travaux accusateurs et pratiquent un lobbying intensif pour reculer l’interdiction de leurs poisons (voir (Nicolino and Veillerette 2007; Foucart 2013, 2019) – le scandale n’est pas seulement français !). Pourtant, de plus en plus de données montrent que les pesticides à doses infinitésimales agissent avec retard par exemple en affaiblissant le système immunitaire des abeilles. On sait que l’abeille (comme la fourmi) bénéficie de la vie en société pour se défendre contre des attaques de pathogènes (bactéries, virus, parasites, toxiques) grâce à divers comportements hygiéniques. En conséquence, l’évolution a éliminé un certain nombre de gènes de défense immunitaire moins utiles pour ces insectes, et cela a été confirmé par le séquençage du génome de l’abeille (The honey bee genome consortium 2006). Parmi ces gènes on trouve les cytochromes P450 monooxygénases (P450s) efficaces dans la détoxification des xénobiotiques. La plupart des insectes en ont 80 ou plus alors que l’abeille en a seulement 46. C’est ainsi que les acaricides (contre le varroa) comme le coumaphos et le fluvinate peuvent être détoxifiés par trois enzymes (Mao et al. 2013). Même si une étude de l’AFSSA en février 2008 (Faucon et al. 2008) « disculpe » ces pesticides en privilégiant la piste des autres causes comme les maladies et la gestion des cheptels (sic !), les pesticides restent un élément déterminant. L’imidaclopride réduit de 85% la production de nouvelles reines chez les bourdons et le poids des ruches est de 8 à 12% plus faible (Whitehorn et al. 2012). Chez l’abeille, les butineuses marquées avec des RFID et traitées au cruiser (thiamétoxane) se perdent plus souvent (en moyenne 30%; jusqu’à 43% vs 17% chez contrôles) (Henry et al. 2012, voir Foucart 2019 p. 196). En Chine, l’utilisation massive d’insecticides dans les vergers du Sichuan a entrainé la disparition des abeilles et les femmes fertilisent les arbres à la main (Thibault 2014). Le traitement de ruches à des doses sub-léthales avec de l’imidaclopride ou de la clothianidine (le poncho) montre que les abeilles désertent la ruche en hiver (Anonyme 2014; Lu et al. 2014). Les pesticides (fluvinate et coumaphos acaricides, chlorothalonil fongicide, et un solvant le pyrrolidone) affectent aussi le développement des larves qui sont bien plus sensibles que les adultes et dont la mortalité augmente comme cela a été montré en Pennsylvanie avec un effet parfois synergiste entre produits (Kievits 2014; Zhu et al. 2014). Un article de synthèse de spécialistes de plusieurs pays fait le bilan des travaux sur les effets des néonicotinoïdes et du fipronil sur les abeilles et tous les invertébrés. Il devient évident que ces insecticides ont des effets subléthaux sur les abeilles et une forte toxicité sur les autres invertébrés y compris aquatiques (Pisa et al. 2014). Voir l'article de Science (Sánchez-Bayo 2014). Les reines en particulier sont sévèrement affectées par les néonicotinoïdes (thiamethoxam et clothianidine) pour les ovaires et la spermathèque (20% de spermatozoïdes en moins), ce qui réduit leur production d’ouvrières et leur survie (Williams et al. 2015). De nouvelles études confirment la dangerosité des néonicotinoïdes sur les abeilles (Foucart 2017), en Angleterre (Woodcock et al 2016) puis sur trois pays d'Europe (Woodcock et 2017). Dans la série des Epingles d'Alain Fraval le n°1286 (novembre, voir le texte) parle des effets des néonicotinoïdes sur le sommeil des abeilles (connu depuis 1983). En effet, à des doses trouvées dans la nature, ils perturbent leur horloge biologique. L'abeille devient insomniaque et ne mémorise plus les trajets (Tackenberg et al 2020).

Le bourdon (Bombus terrestris) et l'osmie rousse (Osmia bicornis) sont aussi touchés. Une autre étude au Canada sur les cultures de maïs confirme tous ces résultats (Tsvetkov et al 2017).

Le rôle des pesticides dans la diminution des abeilles revu par des canadiens. Une analyse de 93 publications sur les doses léthales 50 (LD50) montre des résultats très variables. En fait cela ne donne que très peu d'informations sur les problèmes liés aux pesticides à des doses faibles (production de miel, immunité, cognition, et dysfonctionnements divers). Les auteurs proposent de fournir aux abeilles des probiotiques de bactéries lactiques, présentes chez les abeilles, pour les aider à résister à tous les polluants (Cmiel et al 2020).

La bioaccumulation des pesticides dans la ruche :

Les pesticides et al reproduction des abeilles :

Les pesticides et l'immunité des abeilles :

L'EFSA vient de classer 3 substances néonicotinoïdes (imidaclopride, thiaméthoxane et clothianidine) comme représentant un risque pour les abeilles (Foucart 2018a) et l'Europe les a interdits en avril 2018, il aura fallu attendre plus de 20 ans (Foucart 2018b). Gérard Arnold explique bien cela à Sud-Ouest avec une vidéo (Arnold 2018) et confirme que les taux de pertes hivernales ne devraient pas excéder 5% (Foucart 2018c). Il dit aussi que la toxicité des pesticides n'a pas été correctement évaluée. Comble de l'ironie, les bourdons devienent acros au néonicotinoïde thiaméthoxane et en consomment plus (Arce et al 2018). On vient de montrer comment cela peut agir dans la colonie de bourdons Bombus impatiens où la reine exposée à de l'imidaclopride est moins active pour s'occuper des larves (Crall et al 2018, voir Morin 2018 et Raine 2018). Voir aussi "Pourquoi les abeilles disparaissent" (Cailloce 2016). Un nouveau pesticide de type néonicotinoïde : le sivanto, proche de l'imidaclopride, utilisé avec un fongicide, était déjà connu pour ses effets sur les abeilles (Campbell et al 2016, et même avec une alerte de l'EFSA toujours prudente..), mais soi-disant moins que la plupart des autres néonicotinoïdes ... En fait, les derniers travaux montrent bien la nocivité de ce pesticide (Tosi et al 2019). Le sivanto est interdit en Wallonie.

Selon Pollinis "La prolongation du thiaclopride, un néonicotinoïde tueur d’abeilles avéré, récemment validée par la Commission européenne en dépit des effets potentiellement dévastateurs pour les pollinisateurs et l'environnement… et celle du sulfoxaflor, un autre pesticide néonicotinoïde dernière génération, qui selon les scientifiques de l’EFSA, présente un « risque élevé » pour les abeilles et les bourdons sauvages… qui là encore, a été autorisé en 2014 malgré les mises en garde des experts, malgré la réglementation européenne sur la protection des pollinisateurs et l’obligation de tests abeilles avant toute approbation de nouveau produit mais que les autorités européennes ne prévoient pas de retirer du marché, malgré ces nouvelles données alarmantes !"

Un travail récent sur des abeilles du monde entier confirme bien que les trois quarts des miels sont contaminés par divers pesticides néonicotinoïdes (Mitchell et al 2017, voir Foucart 2017c). Avec prudence les auteurs écrivent que "Les concentrations de produits présenteraient un faible risque pour l’homme, mais sont susceptibles de provoquer des troubles pour les insectes."

Les insectides interdits en France comme l'imidaclopride et le diaméthoxane se retrouvent en Afrique où ils tuent les abeille sauvages et les abeilles domestiques (Caramel 2019).

   Le Monde du 7 octobre 2017

Le glyphosate pourrait être une cause possible supplémentaire du déclin des abeilles domestiques car il réduit l'abondance du microbiome, elles sont fragilisées, car plus sensibles à des bactéries pathogènes (Foucart 2018d).

Tout est très bien expliqué dans le livre de Stéphane Foucart (2019 - Et le monde devint silencieux. Comment l'agrochimie a détruit le monde des insectes, Seuil. 338p.)

Voir Fuck Mosanto   Pdf

Les émissions des véhicules diesel ne sont pas des pesticides mais peuvent brouiller la réception des odeurs émises par les fleurs et les abeilles et autres pollinisateurs sont désorientés (Haentjens 2013 - voir aussi le canard enchaîné du 27 novembre 2013 qui a peur pour les abeilles en ville..). Cela vient d'être confirmé, les abeilles ont des problèmes d'apprentissage et de mémoire dans les tests de conditionnement d'extension du proboscis (Leonard et al 2020, European Commission DG Env 2020).

Les fongicides sont aussi dangereux pour les abeilles. C'est le cas du SDHI (Bénit et al 2019, français). Ils n'affectent pas seulement les champignons Botrytis mais aussi les lombrics, les abeilles et aussi les humains.

Les effets de fongicides et diverses substances sur les abeilles ont été testés à des doses non léthales couramment trouvées dans la nature. Il s'agit d'un fongicide, l'amistar, d'un métal, le cadmium et d'une toxine, l'EMS (Ethylmethane sulfonate). Ces trois substances provoquent avec des variations des troubles neurotoxiques (inhibition de l'Ache), des baisses de réponses immunitaires et ce qui n'avait jamais été signalé des anomalies de l'ADN. On avait déjà de très nombreux travaux sur la toxicité des néonicotinoïdes, et finalement tous les travaux sur ces autres produits montrent des effets nocifs encore plus cachés (Caliani et al 2021, voir aussi SEP 2021).

Voir aussi les effets cocktails de fongicides sur le métabolisme, l'activité de fourragement des abeilles (Prado et al 2019).

Des dessins d'abeilles tuées par les pesticides sur le site art.blogspot.
"Une série de dessins aux crayons de couleur évoquant, par une suite d'abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l'agriculture. Sous chaque dessin est inscrit un prénom. Le prénom le plus donné dans chaque pays des plus gros utilisateurs de pesticides en 2018. Zi Yang pour la Chine, Emma pour les USA, Sakura pour le Japon... Les 7 pays "retenus" croisent soit la quantité de pesticides utilisée en kilo par habitant (Costa Rica, Israël, Corée du sud, France, Japon) soit le tonnage utilisé par pays (Chine, USA)." (Mail Bioinsect, Olivier Plantard, INRAE, 19 avril 20)
.

2) On a invoqué les ondes électromagnétiques, mais rien de très sérieux pour l’instant. Pourtant cela n’est pas à négliger, voir par exemple un article dans Biocontact (Giradi 2015) et les travaux de Marie-Claire Cammaerts sur les fourmis (Cammaerts et al. 2012) et les paramécies (Cammaerts et al. 2011). Pour en savoir plus sur les ondes

3) On a cru trouver l’explication miracle avec un virus nommé IAPV (Israeli Accute Paralysis Virus, parce qu’il a été décrit pour la première fois en Israël), que l’on trouve effectivement chez beaucoup d’abeilles frappées de CCD, mais pas toujours (Cox-Foster et al. 2007). En plus on vient de trouver que le virus existait déjà aux USA avant l’apparition du CCD. La question est de savoir pourquoi le virus devient mortel dans certains cas. On a ensuite trouvé deux autres virus, le virus de la paralysie aiguë (ABPV) et le virus apiaire du Cachemire (KBV) souvent associés au varroa, mais dont le rôle dans le CCD est discuté (Giraud 2014). Encore un autre virus : le DWV (Deformed Wing Virus) transmis aussi par le varroa et qui suit le commerce des abeilles (Sciama 2016). Les abeilles peuvent aussi transmettre leurs virus aux autres pollinisateurs (Sciama 2015). La réponse est peut-être dans le 1 : les abeilles sont fragilisées. Cette importance des virus semble être de plus en plus acceptée par la presse. C'est ainsi que Sc&Vie d'avril 2016 écrit en titre que le virus DWV "décime les ruches du monde entier" (Sciama 2016). Voir plus sur les virus et plus loin sur le varroa.

Oui, les virus passent d'un organisme à un autre. C'est le cas entre entre les abeilles et les fourmis. Les virus de l'abeille ABPV (Acute bee paralysis virus) et DWV (deformed wing virus) passent chez Lasius niger et L. platythorax en Suisse. Les fourmis s'infectent en mangeant les cadavres d'abeilles tuées par les virus. Il y a moins d'émergences dans les colonies ; les fourmis sont moins actives et ont des problèmes de locomotion (Schläppi et al 2020).
Diane Bigot, à l'IRBI de Tours, dans l'équipe d'Elisabeth Herniou, a trouvé des virus proches du Lake Sinaï Virus (LSV), un virus ARN possiblement associé au CCD chez 3 espèces de Messor . Ce virus pourrait se transmettre entre les abeilles domestiques, les abeilles sauvages et les fourmis (Bigot et al 2015).

4) Un étude récente a permis de découvrir un autre facteur : des mouches phorides parasites qui entrainent les ouvrières à sortir la nuit et en mourir. Par ailleurs le parasite est souvent associé au virus des ailes déformées et au Nosema cerenae dont il pourrait être vecteur (Core et al. 2012). Le Nosema a été considéré comme responsable du CCD pour les bourdons aux USA, diminution jusqu’à 90% pour certaines espèces (Cameron et al. 2011) (voir revue sur les champignons pathogènes (Fisher et al. 2012)).

5) Le frelon asiatique prédateur d'abeilles qui pose de plus en plus de problèmes aux apiculteurs, même si c'est peu important comparé aux autres effets cumulés comme ceux des pesticides. Voir La Chasse aux abeilles noires.

6) Ne pas oublier le varroa.. ll devient plus dangereux en combinaison avec les autres problèmes comme les pesticides.
On vient même de trouver une bactérie de l'abeille qui génétiquement modifiée peut tuer le varroa et protéger contre le virus des ailes déformées. Un espoir mais pas utilisable avant longtemps sans doute
(Leonard et al 2020, voir Garcia 2020, Kaldy 2020).

Ensuite voir Michez et Vereecken dans la revue Espèces (2019)
- La fragmentation et la perte des habitats, l'arrachage des haies
- diminution de la quantité de fleurs
- Le réchauffement climatique

Actuellement on pense de plus en plus à des effets combinés stressants dus aux nouveaux parasites, pesticides et ... le manque de fleurs (Goulson et al. 2015).

J’ai eu l’occasion de rencontrer durant l’été 2008, lors d’un congrès, un grand spécialiste européen des abeilles, le professeur Karl Crasleim de Graz près de Vienne. Selon lui, les apiculteurs américains sont des industriels, avec parfois jusqu’à 40 000 ruches pour pallier la disparition des abeilles et autres pollinisateurs par exemple en Californie où l’on trouve d’immenses plantations d’amandiers. Plus d’un million et demi de ruches transhument ainsi par camions (Greth 2011). Ils ont donc inventé des méthodes de soins industriels (voir note 1). Les ruches destinées à la pollinisation sont bourrées d’antibiotiques de type tétracycline, en particulier pour lutter contre la loque américaine causée par des bactéries. Elles sont nourries avec des boulettes d’aliments mélangés d’origine souvent incontrôlée. Elles n’ont à butiner que les fleurs d’amandier dans un environnement traité à outrance par les pesticides. Les reines sont changées au bout d’un an ! Les ruches sont déplacées sur des centaines de kilomètres et parfois plus. Les abeilles sont donc stressées et fragilisées, exactement comme dans les élevages industriels dans lesquels une épidémie peut être foudroyante (voir la vidéo (Daniels 2010)). Il pense que « La nature prend sa revanche ». Cette idée vient de trouver un fondement avec des travaux récents sur l’immunité chez les insectes. En effet, il apparaît que de nombreuses bactéries symbiotiques participent à l’immunité des insectes. Ces bactéries se transmettent par les œufs, donc on peut envisager que l’on a créé des lignées d’abeilles sans bactéries, donc fragiles (Schneider and Chambers 2008). On verra dans les années à venir si cette théorie se vérifie. Par ailleurs, l’abeille domestiquée a perdu de la diversité génétique. Pour tous les USA il y a à peine une centaine d’éleveurs de reines, la diversité génétique a disparu. C’est le cas par exemple pour les peptides antimicrobiens (Xu et al. 2009), ce qui la rend plus fragile.

Voir aussi Foucart (2021). A la recherche de la "planète B". C'est à propos des recherches sur la vie dans d'autres planètes. "L'idée rend plus supportable la destruction de l'environnement, en nourrissant le vague espoir d'un exode possible". Cela me rappelle que certains expérimentent des drones pour polliniser les vergers, par exemple en Chine. Alors pas de prolèmes si les pollinisateurs disparaissent...

Qu’en est-il de la France ? Chez nous il n’y a pas ce type d’industriel de la pollinisation, un apiculteur professionnel a au maximum un millier de ruches qui sont nourries naturellement. Chaque fois qu’il y a eu une hécatombe, selon le Prof. Crailsheim, on a pu en trouver la cause, par exemple des pesticides. Donc, pour l’instant, danger mais pas de catastrophisme. Le CCD semble atteindre l’est de la France au printemps 2008. Le ministre de l’agriculture vient d’annoncer la création d’un institut pour étudier la mortalité des abeilles (Anonyme 2008), à la suite du rapport d’un député (Saddier 2008). La mortalité des abeilles en 2010-2011 a été très variable selon les régions, en moyenne 30%, 60% par endroits, 15% dans les départements où l’agriculture bio est plus présente (Valo 2011). En Italie où les pesticides néonicotiniques (Régent, Gaucho, Cruiser, Proteus) ont été interdits depuis 2007, la mortalité est passée de 37,5% à 15% en 2010-2011 (Valo 2011).
Les hécatombes d’huîtres observées depuis 2007 pourraient être de même nature : appauvrissement génétique et pollution d’où épidémie foudroyante virale (Barnéoud 2010). Un appel a été lancé par des députés Les Républicains pour sauver les abeilles (Collectif 2018) : "Les abeilles sont essentielles". Mais sur les 36 députés, 30 ont soutenu au moins un amendement contestant l'interdiction des néonicotinoïdes (Foucart 2018). No comment.
La culture bio est favorable aux abeilles qui produisent jusqu'à 50% de miel supplémentaire (Wintermantel et al 2019, CNRS 2019)

Effet cocktail
On observe une mortalité plus importante s'il y a présence de pesticides et du parasite Nosema. La mortalité des ruches atteint 80 à 90 % alors que pesticides seuls à faible dose sans effet. Cet effet cocktail pourrait expliquer la mortalité des abeilles (Foucart 2011; Vidau et al. 2011). Voir Effet cocktail

Les autres insectes pollinisateurs
Trois articles de la revue Science montrent que les abeilles seules ne sont pas les plus efficaces dans la pollinisation. On oublie les abeilles solitaires, les bourdons, etc. qui ont un rôle deux fois plus important. Dans certaines zones de grande culture de l’Illinois la diversité des pollinisateurs a été divisée par deux en cent vingt ans (Burkle et al. 2013; Foucart 2013; Garibaldi et al. 2013; Huet 2013; Tylianakis 2013). Les fraises sont mieux pollinisées dans les cultures bio, lié à plus grande diversité de pollinisateurs (Anonyme 2012) (voir PLoS One du 15 février 12). Un rapport de l’UICN indique que 30 des 68 espèces de bourdons sont en déclin en Europe et 12 menacées d’extinction. Pourtant ce rapport ne parle pas du tout des insecticides... Comme par hasard l’UICN est en discussion avec Syngeta, principal producteur d’insecticides agricoles (Foucart 2014). De nombreux travaux portent sur les autres pollinisateurs potentiels pour remplacer les abeilles, par exemple des osmies (Etienne 2014). Un nouvel article du Monde sur les abeilles domestiques qui concurrenceraient les abeilles sauvages (Simorre 2019). Décidément on n'en sort pas de cette accusation contre les abeilles domestiques.. Et des scientifiques reconnus de Montpellier rentrent dans ce jeu. Comment cela se passait auparavant ? Les deux types d'abeilles ne semblaient pas se concurrencer. Le seul vrai problèmes est celui de pesticides et en particulier des néonicotinoïdes qu'il faut interdire tout de suite. Cela sera bénéfique pour tout le monde. Cette attitude fait le jeu des producteurs de biocides.
Des essais sont actuellement en cours qui montrent que semer des fleurs mellifères dans les cultures favorise les pollinisateurs (abeilles, papillons, etc.) (European Commission 2014).
Dave Goulson parle bien du conflit abeilles / bourdons (2019, p. 126) : "L'apiculture crée souvent des densités entièrement artificielles... En Ecosse, les bourdons avaient tendance à être plus petits là où les abeilles à miel étaient présentes en masse, certainement du fait de la compétition alimentaire... Je ne cherche pas à entrer en conflit avec les apiculteurs. Mais on ne peut pas non plus nier la potentialité de conflit."

L'industrie chimique a toujours un tour d'avance, elle vient de réussir à obtenir l'autorisation d'un nouveau néonic, le sulfoxaflor.. (Foucart et Valo 2017) et on vient de démontrer qu'il est nocif pour les bourdons (Siviter et al 2018, voir Rosier 2018).

Voir synthèse récente de Ratnieks (Ratnieks and Carreck 2010) et le rapport du PNU sur le déclin des abeilles (Dupont 2011; UNEP 2011)

La commission européenne vient de rendre public une vaste étude sur le déclin des abeilles dans 17 pays européens où l’on ne parle que des parasites, le mot pesticide n’y figurant même pas (Foucart 2014). Voir le communiqué de l’Anses du 8 avril 2014.

Note 1. Stéphane Foucart dans Le Monde du 17-18 septembre 2017 parle des apiculteurs américains qui louent ces ruches comme des industriels pour pallier à l'absence de pollinisteurs dans les plantations d'amandiers, de pommiers, etc. Il écrit aussi "La disparition des abeilles n'est d'ailleurs pas une si mauvaise nouvelle pour certains économistes puisqu'elle pourrait conduire au développement et à la commercialisation de solutions techniques de pollinisation" (Foucart 2017b).

Un monde sans abeilles, Envoyé Spécial 6 juin 2019. Rien de bien neuf. Un éleveur de reines à Malte qui expédie dans toute l'Europe. La pollinisation des amandiers, pommiers en Californie bientôt réalisée par des drones.. Des recherches de pesticides sur le pollen / miel et cire : de la propargite, acaricide interdit depuis 2012, et plus de 100 pesticides détectés (mais à seuil > au seuil légal). Le labo de Reed Johnson à Columbus (Ohio) qui travaille sur les abeilles et fait des tests intéressants. Par exemple le diflubenzaron, insecticide, qui à doses infinitésimales non léthales pour les abeilles adultes tue 80% des larves. Il trouve aussi l'effet cocktail avec un pesticide mélangé à un acaricide. Pouquoi ne pas voir été à Avignon où de telles recherches sont aussi faites ?

Dans le livre de Bernard Werber, "La prophétie des abeilles", le héros "découvre que dans trente ans, les abeilles auront complètement disparu, tout comme l'avait annoncé Einstein, et que l'humanité sera en train de péricliter" (Mémoires d'une fourmi, p.419).

Sites web
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_d'effondrement_des_colonies_d'abeilles
- http://www.afssa.fr/

Bibliographie
- Anonyme (2008). Un institut pour étudier la mortalité des abeilles. Le Monde 12-13 octobre. p. 4.
- Anonyme (2012). Des fraises mieux pollinisées dans les fermes bio. Le Monde Sciences et Techniques 18 février.
- Anonyme (2013). Les abeilles ne roulent pas au diesel. Le Canard Enchaîné 27 novembre 2013. Pdf
- Anonyme (2014). Lien confirmé entre la mort des abeilles et deux insecticides. Le monde Science & Médecine 14 mai.
- Arce, A. N., A. Ramos Rodrigues, J. Yu, T. J. Colgan, Y. Wurm and R. J. Gill (2018). Foraging bumblebees acquire a preference for neonicotinoid-treated food with prolonged exposure. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 285(1885). 10.1098/rspb.2018.0655
- Arnold, G. (2018) Interdiction des insecticides néonicotinoïdes : pourquoi a-t-il fallu attendre plus de 20 ans?? sudouest.fr, 2 mai 2018, p. https://www.sudouest.fr/2018/05/01/interdiction-des-insecticides-neonicotinoides-pourquoi-a-t-il-fallu-attendre-plus-de-20-ans-5022550-10275.php. Voir "Le déclin des abeilles expliqué en 3 minutes"
- Barnéoud, L. (2010). Aura-t-on encore des huîtres à Noël. Science & Vie Décembre: p. 80-87.
- Bénit, P., A. Kahn, D. Chretien, S. Bortoli, L. Huc, M. Schiff, A.-P. Gimenez-Roqueplo, J. Favier, P. Gressens, M. Rak, et al. (2019). Evolutionarily conserved susceptibility of the mitochondrial respiratory chain to SDHI pesticides and its consequence on the impact of SDHIs on human cultured cells. PLOS ONE 14(11): e0224132. 10.1371/journal.pone.0224132
- Bigot, D., E. A. Herniou, N. Galtier and P. Gayral (2015). Diversité du Lake Sinaï Virus (LSV) chez les Hyménoptères. UIEIS Congress, Tours, Août 2015, Tours. Pdf
- Bolis, A. (2018). L'abeille noire, résistante mais en sursis. Le Monde 18 août 2018. p.6.
- Burkle, L. A., J. C. Marlin and T. M. Knight (2013). Plant-Pollinator Interactions over 120 Years: Loss of Species, Co-Occurrence and Function. Science.
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